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Son bureau tient dans son sac à dos, qu’elle trimbale toute la journée dans son milieu de travail, le quartier Saint-Michel. Là, elle aborde toutes les questions que les jeunes rêvent de lui poser.
En quoi consiste ton travail?
J’établis des liens avec les jeunes et j’interviens de manière informelle pour aborder avec eux des questions sur la drogue, la sexualité ou l’estime. J’ai deux mots d ’ordres : volontaire – il faut que ce soit les jeunes qui viennent à moi –, et confidentiel. C’est super important parce qu’on est souvent les seuls adultes en qui ils ont confiance.
Comment fais-tu pour les aborder?
Je me tiens dans les mêmes lieux qu’eux, les arrêts d’autobus, les parcs, près des écoles, et j’observe leurs «rituels». Une fois que j’ai compris leurs habitudes de vie, je trouve des prétextes pour leur parler, par exemple le temps qu’il fait ou la paire de bottes qu’ils portent. Les jeunes ne savent pas tout de suite que je suis travailleuse de rue. C’est drôle parce qu’ils m’appellent parfois madame alors que j’ai seulement 24 ans!
Comment en venez-vous à parler de sexe et de drogue?
À un moment donné, pas dans les premières rencontres, c’est eux qui vont me poser des questions. Une fille va me demander par exemple si elle est obligée de faire ce que son chum veut qu’elle fasse parce qu’elle a entendu dire que tout le monde le faisait. On comble beaucoup les lacunes laissées par le manque d’éducation sexuelle à l’école.
Quelles sont les problématiques spécifiques à Saint-Michel?
Sensiblement les mêmes qu’au centre-ville, comme la prostitution et les drogues injectables, sauf que c’est moins visible, parce que ça se passe plus à l’intérieur.
Est-ce qu’il y a plus de gangs de rues?
C’est une problématique, oui, mais je n’aime pas ça parler de gangs de rues parce que ça stigmatise le quartier et souvent, c’est pas ce qu’on pense, ça créé des préjugés. Nous, on essaie de comprendre et pas de juger.
Qu’est-ce qu’il y a dans ton sac à dos?
Des dépliants, une bouteille d’eau, des condoms de toutes les sortes et un iPad. Sur mon iPad, j’ai plein d’applications pratiques, dont une qui permet de savoir si on a des pratiques à risque. Des fois, en faisant des recherches avec les jeunes, ça me permet de leur montrer que je ne sais pas tout.