Marie-Laurence Paquin, dérapeuse professionnelle

Contrairement à plusieurs filles, Marie-Laurence n’est pas insultée quand on lui dit «heille tu dérapes». Pour elle, c’est plutôt un compliment.

Comment es-tu devenue «drifteuse»?
J’ai commencé le karting avec mon père à 12 ans. J’ai évolué dans ce milieu jusqu’à me rendre en Formule 1600, où j’étais la seule fille. Comme ça coûte très cher de monter, et qu’il n’y a que deux ou trois personnes qui gagnent leur vie avec ça au Québec, j’ai dû abandonner ma carrière de course automobile. C’est là que je me suis intéressée aux cascades et qu’on m’a expliqué que plusieurs cascades en voiture se faisaient en drift.

C’est quoi, de la drift?
C’est du dérapage à haute vitesse. C’est quasiment du patinage artistique, mais en voiture. Ça se situe entre la compétition et le spectacle. Parfois, ça attire 10 000 spectateurs! C’est beaucoup plus qu’en Formule 1600.

Est-ce que c’est dangereux?
Beaucoup moins que la course automobile. Les gens me demandent si j’ai peur que la voiture balance d’un côté, mais ça serait vraiment difficile de faire ça, vu la forme de la voiture.

C’est quoi la technique pour déraper?
Il y en a plusieurs. Tu peux utiliser ton frein à main, mais moi j’appelle ça «la technique du paresseux». Je préfère le clutch kick, qui consiste à donner un coup d’embrayage en même temps que du gaz en tournant. Vu que tes pneus veulent aller plus vite, ça casse ta traction. J’en parle pis j’ai hâte!

La saison débute pour toi?
Oui, on en fait surtout l’été, et pas à toutes les fins de semaine. Une fin de semaine de drift, ça coûte entre 300 et 500$, en gaz, en réparations, mais surtout en pneus : il faut les changer à tous les 3-4 tours!

Eh boy, j’espère que tu ne prends pas les meilleurs pneus!
Non, on prend des pneus ordinaires, parce que des pneus trop performants, ça ne drifte pas.

Et est-ce que ça prend une voiture spéciale?
Oui, ça prend une voiture à propulsion, une suspension plus ferme, des roues barrées, une cage en arrière pour rendre l’auto plus rigide, un moteur turbo, et des angles de roues plus grands pour ne pas faire des 360 degrés quand je dérape.

Et qui t’a montré tout ça?
Un mécanicien chez Car Worx. C’est devenu mon coach, et aussi mon chum! Il m’a tout appris de la drift, mais en karting, c’est moi qui le coache!

5 : Nombre de femmes qui se sont essayées à la Formule 1 depuis 1950. Parmi elles, une seule s’est glissée dans un classement : Lella Lombardi, en sixième place au Grand Prix d’Espagne 1975.<!–