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J’écoutais une vidéo anarchiste. Les anarchistes, ce sont les nouveaux terroristes du Québec.
Comme l’emploi du mot boycott étudiant au lieu de grève étudiante (alors que l’Office québécois de la langue française reconnaît et accepte grève étudiante. Ça voudrais-tu dire que les libéraux sont poches en français? J’ouvre le débat en même temps que je ferme la parenthèse).
Enfin, j’écoutais une vidéo anarchiste, d’anarcho-gangstéristes (pour être plus précise) qui disaient, entre autres: «En dénaturant la lutte, le milieu culturel construit au capitalisme un nouveau refuge en cas de crise sociale.» La p’tite émotive en moi s’est objectée parce que je crois que le milieu culturel peut travailler pour la cause et non en se servant de la cause. (J’dis émotive parce que j’ai pris l’affirmation personnelle, ce qui n’est pas digne d’un bon argumentaire… j’le sais!)
Dans le fond, j’étais contente de me faire brasser ma façon de penser. Surtout sur la grève étudiante. Chacun a son mot à dire. (Pis c’est pas parce que t’as pas d’opinion que tu ne peux pas la partager!) Même sur la finalité de la grève, je divergeais d’opinion avec une amie. Elle prédisait : «ça va finir avec un mort tout ça» (faut dire que c’était le lendemain de Victo-mangezenpasunedansface-riaville). J’avais rétorqué : «Ben, non, ça va finir avec des élections».
Jusqu’à maintenant, c’est moi qui ai moins tort que raison. Mais est-ce que c’est vraiment ce que je souhaite, ce que je pense être la solution? Oufff. Non. Mais vous savez ce que j’aime de ces élections? Des jeunes demandant un vote de scrutin proportionnel représentatif. J’avais 15 ans pis j’faisais un exposé oral sur ce sujet. C’était un sujet weird pour mon âge et pour l’époque (quoique que le prof a dû triper, j’ai obtenu 95%) Fack, en entendre parler largement dans les médias sociaux, c’est une immense ouverture sur la politique, la critique de la gestion de la démocratie. Et ça, ça vaut cher en criss!
Oui, oui, en criss comme dans Christ. Comme dans «regarde le détachement religieux grâce à la révolution tranquille». Ben, encore aujourd’hui, j’pense que le changement au Québec se fait tranquillement, mais assurément. Le printemps érable est une amorce sans équivoque, mais ça risque de prendre une coupe de montées de sève dans les arbres avant de voir Québec solidaire à la tête du pays. (Oui, poésie, affirmation de mon militantisme pour un parti et souveraineté dans la même phrase, tu peux la relire deux fois, y a du stock!)
Entre gauchistes, y a aussi toute la gestion de l’activisme : quelle est LA bonne façon de militer? (Au fait, y en a-tu vraiment une?)
On parle de monde dans rue avec toé. De l’engouement pour la solidarité. Mon but, c’est pas de dire des quétaineries sur un monde meilleur avec des oisillons pit-pit. C’est juste dommage de s’taper entre gens de la gauche. J’aime autant les anarchistes et les blacks blocs que ma mère avec nos casseroles de camping dans rue. J’aime la variété des discours de la gauche. Quelle richesse! J’nationaliserais le gauchisme au Québec. De l’énergie pure, sincère, renouvelable, engagée, parfois enragée, mais optimiste. C’t’énergie-là, y en a une coupe qui en auraient besoin pour exercer plus d’humanisme: j’commencerais par quelque frisé, d’autres qui ont le CAQuettement facile, pis certaines radios de Québec.
Les élections, c’est pas la solution. Ben d’accord avec toi, ami anarchiste, mais on peut pas nier qu’y en a. Fack, pourquoi tu resterais chez toi si ça fait six mois que t’es dehors la nuit à Émilie-Gamelin pis qu’tu prends congé d’la job tous les 22 du mois?
Me semble que j’ai juste envie qu’on soit tous ensemble pour fêter nos efforts, nos souliers usés pis le kit de casseroles de camping défoncé à coup de cuillère. Fêter avec l’anarcho, l’black bloc pis ma mère. Pis tous les gauchistes. Tsé, chez moi à bonne franquette. J’vous l’dis, j’vas faire du gâteau. À l’école, mes partys avaient une maudite bonne réputation. Pis si y fallait qui soit réélu, ben, on va s’serrer les coudes en gang. Pis s’il est échu, on va lever le coude. Échu ou réélu, sur Papineau, on va être juste su’l bord de la rue pour continuer le mouvement là où y est né et où il va continuer.
(Le texte se termine ici mais pas notre effort collectif. Les libéraux ont espéré que le mouvement ne soit qu’une parenthèse, nous leur montrerons comment nous savons manier la ponctuation(.