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Cette couturière occupe une niche bien particulière dans le domaine de la couture : la fermeture éclair. Des rouges, des vertes, en nylon ou en aluminium, elle en a pour les fous et pour les fins.
J’ai entendu dire que toutes les fermetures éclair du monde entier provenaient d’une seule et même entreprise. C’est vrai?
La plus grosse compagnie de fermetures éclair est YKK. C’est vrai qu’ils ont pas mal le monopole. Ils ont une succursale ici, à Ville Saint-Laurent. Ce sont les meilleures, les plus solides. À l’œil, ça ne se voit pas, mais elles vont durer plus longtemps.
Qu’est-ce qui fait la qualité d’une fermeture éclair?
Le facteur principal est le matériau – plastique, nylon, métal – et la taille. Un numéro dix, une grosse taille, sur un manteau, ça ne va jamais briser.
Comme les gros zip en métal qu’on avait sur nos manteaux dans les années 80?
Oui, mais les fermetures en métal, ça fait parfois du vert-de-gris et ça finit par coincer. La technologie des fermetures a énormément évolué depuis. Par exemple, aujourd’hui, il y a des fermetures résistantes à l’eau pour les vêtements techniques. C’est plus dur à remplacer par contre, parce que les couleurs sont souvent faites sur mesure pour le fabriquant.
Ça se remplace facilement, une fermeture éclair?
Oui. La plupart du temps – quand la fermeture ne ferme plus ou qu’elle s’ouvre après avoir été fermée, c’est seulement le curseur qui est à remplacer. Il n’est plus assez serré et n’accroche plus les dents entre elles. C’est très facile à remplacer et pourtant, plusieurs jettent leurs vêtements parce qu’ils pensent que ça coûtera trop cher à réparer.
Est-ce que votre métier est en voie de disparition, comme les cordonniers?
Pas du tout. Je ne manque pas de clientèle, je fais des journées de 14 heures! Comme il n’y a plus beaucoup de couturières, tout le monde vient ici. Malheureusement, j’ai du mal à assurer la relève. Les jeunes ne veulent pas travailler dans le vêtement usagé. Ils pensent que c’est sous-payé, ce qui a longtemps été le cas, mais je gagne très bien ma vie. Et j’aime ça!
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans la couture?
C’est créatif. Vous allez me dire que c’est juste un bord de pantalon, mais quand arrivent les robes, il faut trouver des solutions pour que ce soit bien ajusté.
Est-ce que c’est rentable, de faire réparer des vêtements?
Ça dépend du vêtement. La plupart du temps, les gens font réparer leur vêtement parce qu’ils y tiennent, ils veulent le garder. La qualité est de moins en moins là. Je le vois quand j’ouvre un vêtement pour travailler dedans.
Où avez-vous appris à coudre?
C’est ma mère qui m’a tout montré. Dans ce temps-là, les femmes n’avaient pas le choix de maîtriser la couture. J’étais la septième de la famille!
Photo: Daphné Caron