Mangeur de sandwichs à proximité

Il y a quelque temps, j’étais rendue à mon quatrième petit sandwich pas de croûte à un lancement quand mon cell s’est mis à vibrer. Pour une fois, ce n’était pas pour m’annoncer que je gagnais ma douzième croisière de l’année, mais plutôt pour m’envoyer la photo d’un mignon gentleman souriant au bord d’une plage (appelons-le Simon – parce que c’est son vrai nom), accompagnée de l’option d’entamer la conversation.

J’ai accepté. On s’est salué puis il m’a demandé si j’étais intéressée à ce qu’il vienne me jaser en personne. 2 minutes plus tard, on mangeait notre cinquième sandwich pas de croûte en jasant de littérature et de clowns (pas les deux en même temps, là).

Non, je ne suis pas en train de te décrire le fantasme que j’aimerais qui m’arrive à chaque fois que je suis dans un endroit fourmillant de gens qui ont l’air juste tellement allumés et intéressants. En fait, c’est une des rencontres qui m’est arrivée quand j’ai testé la nouvelle application québécoise Cerka ces dernières semaines.

Cerka se veut une nouvelle façon de faciliter les rencontres, de façon humaine et plus naturelle que les sites de rencontres traditionnels. Le principe est très simple: tu installes l’application (présentement accessible sur l’App Store) et tu y crées ton profil, qui comprend deux suggestions pour comment entamer la conversation pour que ça clique. (J’ai bien sûr choisi d’écrire “Viens me dire quel est ton Ninja Turtle préféré”, parce qu’il est bien connu que rien ne démontre mieux la compatibilité entre deux personnes comme une conversation sur Donatello vs. Michelangelo.)

Ensuite, tu détermines les paramètres que tu recherches chez une rencontre (peu importe l’âge ou l’orientation sexuelle), tu allumes le bouton Bluetooth de ton téléphone et voilà. Bon, on va se le dire: c’est sûr que si tu passes ta vie dans le bois, ce n’est peut-être pas la meilleure application pour toi. Mais sinon, la prochaine fois que tu te trouves dans un vernissage, au gym, dans le métro ou dans un party de session qui manquerait juste une nouvelle rencontre pour devenir cette soirée dont tu parleras encore à la fin de ton BAC, tu as juste à aller démarrer l’application et tu seras averti s’il y a un autre usager qui correspond à tes critères dans un rayon de 60 pieds. Tu auras alors l’occasion de pouvoir commencer à discuter avec lui ou elle, si cette personne est mutuellement intéressée, mais seulement pour 10 minutes; on s’entend que le but, quand tu es si proche, c’est de prendre ton courage à deux mains et d’aller voir directement si cette rencontre face à face pourrait créer flammèches et papillons.

On va se dire aussi que ce n’est probablement pas ce qui va remplacer complètement ton vendredi soir à swiper à droite sur Tinder ou à répondre à quelle couleur de bobette tu as sur Ok Cupid. Cependant, pour tous les gens qui n’apprécient pas particulièrement comme moi la suite interminable de “Bonjour/Comment ça va?/Que fais-tu de bon dans la vie ?” étalée dans une conversation de 2 jours sur les sites de rencontre habituels, quand tu sais pourtant que ça prendrait seulement 30 secondes en personne pour savoir s’il y a une chimie initiale entre vous deux, cette application peut être une belle alternative.

Au fond, le but de Cerka est de te donner une opportunité que tu ne savais même pas tu avais. Un wingman de poche, autrement dit.

Parce que oui, ça prend du guts d’aller voir quelqu’un dans la réalité. Ça fait trembler un peu dans les genoux, parfois. Mais quand tu sais déjà que cette personne fréquente le même endroit que toi, qu’elle est célibataire et intéressée à rencontrer et en plus, que tu as une petite idée de comment l’aborder sans avoir à sortir ta collection de “hey bébé, ça t’as-tu fait mal quand tu es tombé du ciel ?”, ça aide déjà pas mal.

J’ai pas fini avec Simon, finalement, by the way. Mais il y avait longtemps que je n’avais pas eu une conversation aussi intéressante en mangeant des sandwichs.