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Manger du soleil à la cuillère

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Parler de météo en ce moment, c’est aussi original qu’organiser un flashmob pour essayer d’être «viral» sur internet, j’en conviens. S’il y a bien quelque chose que l’humain ne peut contrôler, c’est les quatre éléments.

En ce moment, c’est la complainte du Québécois face à cet hiver sans fin. Pas une journée ne passe sans qu’un fatiguant ne dise : « Chu pu capable, j’ai hâte à l’été. »

Nous préférons tous les terrasses aux pieds dans la slush, mais chummy tu ne peux rien changer, va jouer dehors pis profite de l’hiver.

Ça, c’était moi, il y a deux semaines…

Là, j’en ai plein mon ostie de cul. J’ai tout essayé. J’ai fait de la raquette, je me suis pris une passe pour faire du snowboard, j’ai patiné sur les beaux lacs gelés, fait des bonhommes de neige avec fiston, pris des photos d’arbres enneigés en me disant : « Que c’est beau l’hiver… »

En réalité, je fantasme à l’idée de puncher la reine des neiges dans la face!

Je fais des vomis nerveux à chaque fois que j’entends : « Demain il fera un beau -79. »

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Va chier Colette! J’ai du calcium en permanence sur mes bas de pantalons pis une traînée de saleté de char sur mon manteau. J’ai beau le laver et faire attention pour ne pas accrocher ma voiture, je finis toujours la journée avec un coude gris. Ça tombe bien, le gris s’agence parfaitement avec mon teint « pas de soleil ». Mes cernes se creusent, mes lèvres gercent et mes poils de nez figent à chaque inspiration.

Je sais, je chiale comme une vieille ma tante pas contente, tsé celle accoter sur son panier Wal-Mart qui fume sa clope en attendant son mari devant le centre d’achats.

Je m’assume!

Fuck you climat continental humide! Le frette nous pogne par en dedans au mois de décembre, nous gèle la moelle pis dégèle en même temps que les cacas de chiens au printemps.

Il y a quelques jours, je suis même sorti prendre une marche pour essayer de me convaincre que l’hiver pouvait être agréable. Je déambulais dans les rues de Montréal, j’écoutais de la musique en me disant : « Essaie de voir le côté positif Jo »… NON! Après cinq minutes à me tenir en équilibre sur des trottoirs mal déneigés, je cherchais nerveusement du Bob Marley dans mon iTunes pis je fixais les nuages gris en marmonnant : « Décrissez mes bâtards, laissez le soleil r’venir! »

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Juste comme je commençais à faire la paix en dedans. Le son des pneus qui spinnaient dans la neige se sont mis à enterrer le bon vieux Bob qui me disait : “Sun is shining the weather is so sweet.

En marchant, je regardais les gens et personne ne souriait. PERSONNE. C’était comme si j’étais dans Walking Dead, mais avec des zombies en Canada Goose. Le vent nous pinçait la face, le frette avait figé le cœur des passants et une madame attendait que son chien urine. Le chien la fixait l’air de dire : « Dude, ramène-moi à la maison. Je ne sors pas mon petit rouge à lèvre icitte, fais trop frette! »

Après un tour de bloc, j’ai bien vu que je n’avais aucun plaisir, je suis donc retourné chez nous. J’ai salué mes voisins et au lieu d’un traditionnel : « Hey! Salut, ça va! » J’ai eu le droit à un : « N’oublie pas de bouger ton char, ils ont calissé des pancartes partout pour la déneigeuse. »

J’étais content de voir que je n’étais pas seul dans le mood : « Ma tuer tout le monde, j’ai besoin de lumière ! » Je suis rentré chez nous et je me suis fait un bon chocolat chaud, je me suis installé avec une doudou et j’ai regardé par la fenêtre. J’ai contemplé les merveilleux flocons de neige qui tombaient…

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BULL SHIT! J’ai fait comme tout le monde, j’ai mouillé mes bas en enlevant mes bottes. J’ai morvé pis je suis allé me mettre en jogging en même temps que la noirceur est arrivée. Je me suis dit que j’irais jogger quand le beau temps reviendrait et que pour l’instant je me laisserais mourir tranquillement sur le divan en écoutant des séries télé.

L’austérité ne concerne pas les finances de l’état en ce moment, elle est fait au soleil! On doit se serrer la ceinture à cause de nos bourrelets d’hiver et s’assurer d’avoir assez d’économies de vitamine D pour traverser le prochain mois sans s’entretuer.

Vivement l’été, les terrasses, le vent chaud! Manger du soleil à la cuillère. Avoir la face rouge et l’entrejambe qui sent le vinaigre après une bonne journée de vélo. Dormir tout trempe et chialer contre l’humidité. Embarquer dans une voiture qui te démontre la puissance de l’effet de serre. Aller au cinéma juste pour l’air climatisé. Boire de la slush, des bières froides, la nuque collante, des spots en de dessous des bras. Être une plante et photo synthétiser. Pis comme tout bon Québécois, je vais chialer durant la canicule de juillet!

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J’ai hâte de retrouver le sourire, que mon entourage soit plus agréable et que mes voisins me jasent de d’autres choses que des pancartes de déneigement. Je ne veux pas déménager dans le sud, j’aime mes 4 saisons, je n’aime juste pas quand l’hiver est une attention whore qui ne veut pas faire de place au printemps.