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Manger du cheval enragé

Par
Pascal Henrard
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Le scandale de la boulette de bœuf à la viande de cheval qui fait ruer l’Europe entière cache peut-être un trafic nauséabond qui risque un jour de nous rattraper au galop.*

Vous avez sans doute entendu parler de ces petits plats congelés tout préparés distribués en grande quantité dans les hypermarchés, supermarchés et hard-discounters alimentaires européens qui ont soulevé l’ire populaire, la colère des amis de Jolly Jumper et l’indifférence des végétariens.

On a découvert qu’à la place du bon bœuf 100 % pur bovin, on y avait mis de la viande de cheval à tout crin.

Entre nous, moi qui suis très à cheval** sur la qualité de ce que je mange, si j’achetais des petits plats congelés dans un magasin qui se vante d’être un « hard-discounter », je me méfierais. Mais bon, il semble que les consommateurs à la recherche du prix le plus bas perdent parfois un peu le sens critique.

Ils devaient pourtant bien se douter que si les prix de leurs mets favoris étaient si bas, c’était peut-être parce que le producteur avait économisé quelque chose quelque part… Mais l’idée qu’un joli emballage puisse cacher une pogne ne les a jamais effleurés.

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Les gastronomes qui ont l’estomac dans l’étalon*** sont des consommateurs qui savent ce qu’ils veulent, surtout quand ils savent que ce n’était pas ce qu’ils voulaient. Je m’explique : quand ils veulent de la lasagne de bœuf, ils ne veulent pas qu’on leur serve un plat de pâtes plates au poney, encore moins qu’on leur dise que la vache, c’est une jument. Même s’ils ont adoré ça avant de savoir ce que c’était. Même si la viande de cheval est bien meilleure pour la santé et beaucoup plus savoureuse que celle de bœuf.

Il faut avoir comparé le tartare de bœuf à celui de cheval au Pied de Cochon pour ne plus douter de la supériorité des équidés. Mais nous ne sommes pas ici pour défendre le steak de cheval. Il sait très bien se défendre tout seul.

C’est le manque de scrupule des industriels de l’agroalimentaire qui nous fait monter sur nos grands chevaux****.

S’ils camouflent le cheval haché en boulettes Ikea pour faire du cash, ils peuvent très bien nous faire croire qu’un bâtonnet c’est du poisson et que PFK c’est du poulet.

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À moins d’abattre nous-même la vache que nous aurions élevée dans notre cour, nous sommes bien obligés de faire confiance à ceux qui nous vendent ce que nous mettons dans notre assiette avant de le mettre dans notre estomac.

Imaginez un peu tout ce que les industriels de la bouffe en boîte peuvent bien cacher aujourd’hui dans les milliards de plats tout préparés qu’ils nous vendent à grands renforts de publicité. Sachant que Harper et ses disciples ont décidé de couper dans les inspections, la recherche et la réglementation, on peut s’attendre même à pire pour demain.

Nous ne sommes finalement plus très loin de « L’Aile ou la Cuisse », le désopilant film avec Louis De Funès et Coluche réalisé en… 1976.

Bon appétit !

* Ne me remerciez pas pour les jeux de mots, ils sont offerts par l’Académie du gag et du rire en boîte.
** Vous m’excuserez, mais celle-là, je n’ai vraiment pas pu m’empêcher de la faire.
*** Un autre excellent jeu de mot homologué par l’Académie du gag et du rire en boîte.
**** C’est une belle expression sous-utilisée, je voulais absolument la placer quelque part.

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