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«Malpoli, agressif et irrespectueux» : le serveur français peut-il être excusé par sa culture?
On apprenait cette semaine que Guillaume Rey, un serveur français mis à la porte d’un restaurant de Vancouver pour avoir été désagréable, avait porté plainte devant le tribunal des droits de la personne de Colombie-Britannique pour discrimination. Selon lui, il n’est pas arrogant, mais simplement français.
La plainte ayant été acceptée, Guillaume Rey devra maintenant expliquer « ce qui dans son héritage français provoque une conduite que des gens peuvent mal interpréter pour y voir une violation des normes de la conduite acceptable dans un environnement professionnel ».
Je suis Française, je peux juger
Tout en accordant le bénéfice du doute à mon compatriote insolent, j’ai réfléchi à ce qu’il allait bien pouvoir sortir aux membres du Tribunal. Qu’est-ce qui, depuis l’an 496, nous a rendus si cavaliers? Est-ce que les parents français apprennent la grossièreté à leur progéniture dès leur tendre enfance, penchés clope au bec au-dessus de leur berceau? Comment le stéréotype du garçon de café français outrecuidant peut-il être aussi répandu, quand la capitale française est la première destination touristique du monde?
Le problème avec les stéréotypes, c’est aussi qu’une fois qu’ils sont installés, on ne voit plus qu’eux. Quand on attend d’un serveur français qu’il soit désagréable, on ne verra plus que ça.
Cela fait plusieurs fois que le ministère des Affaires étrangères et la mairie de Paris prennent des mesures pour tenter de redorer l’image de la France auprès des voyageurs. Mais les anecdotes de touristes brutalisés par des serveurs français continuent de pleuvoir et je commence sérieusement à me dire que finalement : non, on ne peut rien y faire. La culture française est désagréable et c’est comme ça.
Le problème avec les stéréotypes, c’est aussi qu’une fois qu’ils sont installés, on ne voit plus qu’eux. Quand on attend d’un serveur français qu’il soit désagréable, on ne verra plus que ça. C’est comme les mauvais cyclistes aux yeux des lecteurs du Journal de Montréal. Ou la mauvaise foi du Journal de Montréal dans les yeux des lecteurs du Devoir. La liste ne s’arrête pas là, mais vous voyez mon point…
Et si c’était les autres qui étaient malpolis?
On pourrait se demander si la situation de Monsieur Rey pourrait avoir lieu à l’inverse. Imaginons. Dans un café français (mettons un café parisien puisque comme chacun sait : Paris, c’est la France), une serveuse canadienne se fait renvoyer, car elle est accusée de harceler ses clients à coups de verres d’eau et de « tout va bien ici? » alors qu’ils ont la bouche pleine, en plus de réclamer du pourboire à la fin. Est-ce qu’en tant que Canadiens, on voudrait la défendre, car son dévouement au client et au pourboire est inscrit dans notre culture?
Quelles que soient l’issue de cette plainte et la décision du tribunal des droits de la personne de Colombie-Britannique, les Français l’auront où je pense.
On a peut-être là un élément de réponse. À la défense du serveur français martyr de Vancouver, j’aimerais vous dire, Votre Honneur, que les serveurs français sont trop libres pour travestir un sourire en échange d’une piastre. Pour les Français, le client est roi, certes, mais ils ont guillotiné tous les monarques il y a bien longtemps. Les serveurs français sont bêtes avec les touristes, car comme nous, ils mettent un point d’honneur à protéger leur langue et qu’ils meurent un peu plus à chaque fois qu’on leur commande un cheeseburger en anglais alors qu’il y a du bœuf bourguignon au menu. Le serveur français travaille, car il aime la gastronomie française, pas pour vous lécher les bottes. Et si vous lui dites « bonjour monsieur », « bonjour madame » (ou si vous lui demandez le genre auquel il s’identifie), peut-être qu’il vous traitera en égal.
Quelles que soient l’issue de cette plainte et la décision du tribunal des droits de la personne de Colombie-Britannique, les Français l’auront où je pense. Soit on reconnaîtra que l’impolitesse et la brutalité font partie intégrante de la culture française, soit un concitoyen devra ravaler sa fierté.
Une seule chose est sûre : le serveur n’abandonnera pas son combat. Les Français sont-ils de mauvais serveurs? Je ne sais pas. Sont-ils emmerdeurs et prêts à tout pour défendre leurs droits au travail? Ça oui, j’en suis sûre.
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