.jpg)
Salut j’me présente, je suis la clope de Mad Amesti.
Mad voulait écrire ce texte, mais elle est en train de se chicaner avec une page blanche qui la nargue de tout son néant, ça fait que c’est moé qui vas l’écrire pour elle pendant qu’elle angoisse tu-seule dans un coin, en train d’fumer mes collègues.
.png)
Le thème du mois chez URBANIA, c’est les ex. Mad en a pas tant qu’ça, d’ex.
Personnellement, je suis celle qui a le plus été l’ex de Mad. Elle m’a quittée une bonne dizaine de fois, mais elle revient toujours. Faut croire qu’elle m’a dans la peau. Ça tombe bien, moi aussi je l’aime. J’aime sa bouche, j’aime comment elle me tient et comment elle a toujours envie de moi. Esti qu’elle m’allume. Et ce que j’aime surtout, enfin je trouve ça pas mal cute, c’est comment elle devient fâchée quand on peut pas être ensemble et comment elle est toujours prête à faire moult détours pour qu’on se retrouve.
Mais bon je m’égare.
Ça fait de longues années qu’elle est célibataire. Par contre elle a un ex-mari, et ça, elle aime ça l’dire parce qu’elle trouve que ça fait très chic “mon ex-mari”. À part de ça, elle pense que ses ex la lisent, faque elle aime mieux pas prendre de risque de raconter ses histoires d’ex, parce que ça l’air de rien d’même, mais elle a des scrupules.
Faque comme Mad est une amie d’enfance, je vais te parler de ses ex-vies, parce que ça, elle en a une chiée.
Depuis qu’elle a atteint l’âge adulte (tousse, tousse) elle a été (pas dans l’ordre) : flipeuse de boulettes chez Burger King, barista chez Second Cup, cueilleuse de pommes, monitrice dans des camps de vacances, beat-boxeuse avec des dreads, coordonnatrice dans des camps de vacances, polytoxicomane, éducatrice en service de garde, plongeuse, aidante naturelle, serveuse, cook, barmaid, gérante de bar, musicienne, peintre, suppléante en école primaire, programmeuse CNC, coordonnatrice de postproduction en cinéma, prestataire de l’aide sociale, adjointe administrative, vendeuse de drogue, mécanicienne de machines ben fuckées, ébéniste, touriste dans un pays en temps de guerre, restauratrice d’antiquités, réceptionniste, comédienne, flipeuse de testaments, épouse au foyer, stand-up, immigrante, alcoolique, menuisière, directrice de chœur, graffiteuse, étudiante modèle en histoire à l’université qui tripe ben raide sur le Moyen-Âge et la mythologie grecque, libertine, technicienne d’atelier dans une université, fille facile, installatrice de cuisine, polyglotte, fille du vestiaire et chroniqueuse chez URBANIA.
(C’est pas une fin en soi, ça juste adonné que je l’ai écrit à la fin. En plus, moi j’aime ça URBANIA, ça nous a toujours rapprochées, Mad et moi.)
Bon, elle a pas été médecin, MAIS C’EST TOUT JUSTE.
ELLE SAIT MÊME FAIRE LE PAIN TRESSÉ DU SHABBAT.
J’ai été témoin de tout ça, moi. Moi qui n’ai eu qu’une seule vie toute ma vie. Et ça m’a toujours étonnée. Perso, j’ai choisi une carrière et je pense bien l’honorer jusqu’à ma mort, soit pendouiller au bout des lèvres de Mad et me faire aspirer par elle, une fois de temps en temps. C’est pas glorieux peut-être, mais y’a pas de sot métier. Et y’a plein de gens comme ça, qui font la même job toute leur vie. J’imagine que c’est une sorte de réconfort ou de sécurité. Certains n’ont qu’une passion et s’y consacrent à temps plein, ce qui fait souvent d’eux des méchants pros.
Mad est pas pro de rien, mais j’ai rarement vu quelqu’un s’crisser de son fonds d’pension comme ça. Je l’ai souvent vue s’orvirer sur un dix cennes, pis d’équerre à part de ça. Mais des fois j’la regarde pis j’me dis : “Coudonc, c’est quoi son osti d’problème, elle va tu finir par se brancher? C’est quoi elle a tu un déficit d’attention? Méchante girouette pareil.”
Elle a souvent fait des mauvais choix aussi, parce qu’elle avait peur, parce qu’elle pensait qu’elle était pas à la hauteur de c’qu’on lui offrait.
Comme quand, y’a plusieurs années, un gars des Colocs lui avait demandé si elle voulait jouer d’la clarinette avec eux. Elle avait pas donné suite. Esti qu’elle l’a regretté. Un peu comme Sophie Lorain qui se répétait “non merciiiiiiiii” en se brossant les dents dans cette annonce de 6/49 “L’Extra avec ça?“.
Peut-être que ça aurait été elle qui aurait fait la mélodie de Belzébuth, sa chanson préférée, on l’saura jamais.
Parlant de Belzébuth, ce charmant matou à plusieurs vies, je l’aime dont le p’tit yâb. Mad me fait penser à lui, je sais qu’elle a un immense désir de liberté et que c’est pour ça, entre autres, qu’elle change souvent de vie. Comme si elle avait peur de s’y sentir emprisonnée à un moment ou un autre, elle prend pas d’chances pis elle crisse son camp telle une Juliette Binoche avec la cape au vent dans Chocolat. Ailleurs, vers d’autres horizons, peu importe, elle veut rien manquer du party.
La routine la tue pis faut qu’elle yolo sans cesse.
J’appellerais ça du nomadisme existentiel, c’t’une genre de Rom d’la vie (sans la partie où elle se fait sacrer dehors de partout où elle va.) Pour ces mêmes raisons, elle est pas à veille d’avoir un ex. Parce qu’elle est totalement insaisissable. Si t’essayes de mettre la main dessus gare à toi! C’est un étron libre, qu’est-ce tu veux. Des fois, j’me dis qu’elle a sûrement un grand vide à remplir, j’aimerais bien l’aider, mais tout c’que j’peux remplir, c’est ses poumons.
Bon, elle revient, elle a fumé toutes mes collègues pis elle a une sale gueule franchement. J’espère qu’elle m’en voudra pas trop d’avoir révélé sa vie comme ça, mais en même temps c’qui est cool, c’est que j’peux faire crissement n’importe quoi, je sais qu’elle me pardonnera toujours, elle peut juste pas se passer d’moi.
***
Pour lire un autre texte de Mad Amesti : “Vivre dans le déni”