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Malade, le Bye Bye

Par
Judith Lussier
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Comme je trouve que les critiques du Bye Bye sont ingrats, cette année, j’ai décidé de leur attribuer une note.

J’aurais dû être critique de télé au lieu de juste chroniqueuse ordinaire. Pour de vrai, je suis fan. J’aime vraiment la télé. Moi, dans le fond, ça fait mon affaire d’avoir passé l’âge de réveillonner dans les bars à souhaiter bonne année à du monde gerlot que je connais depuis deux secondes. La chose que j’aime vraiment faire, le 31 au soir, c’est m’écraser devant la télé avec des gens que j’aime, comme dans le bon vieux temps, comme des millions de Québécois.

Aux lendemains des Bye Bye, je trouve toujours les critiques ingrats. Comme dans ma famille après l’échange de cadeaux, y en a toujours un qui va dire qu’on devrait changer la formule. Les autres trouvent qu’on n’a pas assez parlé de ceci ou trop de cela, comme si le Bye Bye devait être fait juste pour eux. Hey, le Bye Bye est fait pour 3 millions de téléspectateurs. Ça en prend, des jokes de mononcles plus ou moins subtiles ET des parodies de gens que tout le monde connaît.

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Moi, j’ai trouvé le Bye Bye débile. J’ai été fébrile sur mon divan de l’ouverture en catastrophe jusqu’à la toute fin. J’ai capoté sur l’Orange Julep qui roule sur Montréal, les numéros de danse, les imitations, toute. J’ai trouvé qu’on avait un Bye Bye à la hauteur de ceux que nous faisaient les Yves Jacques, Dominique Michel Côté, Patrice Lécuyer, etc. J’ai trouvé que deux jokes d’aumônier, c’était trop, mais c’est tout. Pour le reste, comme je trouve que les critiques se sortent toujours plus indemne de cet exercice que ceux qui ont fait le véritable travail, cette année, j’ai décidé de critiquer les critiques du Bye Bye et de leur attribuer une note.

Je pense que pour critiquer la télé, faut être fan. Aimer la télé pour ce qu’elle est, et spécialement le 31 au soir : du divertissement. Un critique télé dont l’émission préférée est Une heure sur terre a autant de crédibilité à mes yeux qu’un critique d’art qui capote sur Corno. Ce qu’on a vraiment compris, dans la critique du Devoir, c’est que ça tentait plus à Stéphane Baillargeon de «sortir dans son restau préféré ou de recevoir ses amis» que d’être affecté à la critique télé ce soir-là. Dans sa critique, Stéphane Baillargeon mentionne à quelques reprises qu’il s’agit d’une soirée télévisuelle concoctée par la télé d’État, comme pour rappeler que c’est payé ec’nos’taxes, mais semble croire que le Bye Bye devrait être fait juste pour lui. Le chroniqueur médias du Devoir aurait aimé plus de «télé pédagogique» et déplore que le Bye Bye ait abordé «les petits et les grands bobos d’ici (le Colisée de Québec, les déboires du PQ, le gaz de schiste…)» aux dépens des enjeux internationaux. En fin de chronique, Stéphane Baillargeon reprend presque mot pour mot la chronique de l’an passé de Steve Proulx, qui questionnait la pertinence des imitations au Bye Bye lorsqu’on a des émissions comme 3600 secondes d’extase qui font déjà ce travail, sans lui attribuer le crédit, et en remplaçant l’émission de Marc Labrèche par Un gars le soir, à V, qui n’a absolument pas la même envergure. Pour toutes ces raisons, Stéphane Baillargeon remporte la palme de la pire critique du Bye Bye cette année.

Richard Therrien et Hugo Dumas, Cyberpresse, 6/10

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Les gars de La Presse me font rire. Derrière des titres catastrophe comme Des «wow!» mais peu de «ha a!», ou Un Bye Bye déprimant et linéaire, dans le fond, ça paraît qu’ils ont capoté comme moi sur le Bye Bye. Hugo Dumas a trouvé la parodie de Tintin «visuellement impressionnante», la pub de Farmalpris, le François Légo, le numéro «Tués par une balle», Tivia Sports, L’arbitch d’Anne-France More Butter, ainsi que les CD de Jean-Ève Branvier et Vérouis Clourissette, rigolos et punchés, a trouvé le bulletin de nouvelles de Louis Morissette «décapant» et a adoré les parodies d’Aberration Double et de En direct de l’univers. Alors, c’est quoi que t’as trouvé si déprimant, Hugo?

L’Empire Quebecor, 8/10

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Cette année, c’est Quebecor qui gagne le prix de la meilleure critique du Bye Bye. Même s’il perd des points en subtilité pour avoir trouvé que «le sketch sur l’entente entre Régis Labeaume et Pierre Karl Péladeau tombait un peu à plat» et qu’on n’avait pas consacré assez d’espace à Marie-Mai, l’empire en gagne à ne pas avoir confié la critique du Bye Bye à Michelle Coudé-Lord cette année. Pour le reste, la critique de Raphaël Gendron-Martin surprend par son honnêteté. Et pour ceux qui tiennent à associer les tweets d’un certain Jorge Contreras à Quebecor : il s’agit d’un simple pigiste qui se vante de travailler pour QMI alors que ses services sont retenus plutôt rarement par l’agence de presse. N’empêche, cet épisode des réseaux sociaux s’est avéré divertissant et plutôt utile pour digérer la dinde et les trop nombreux fromages qu’on s’est enfilés pour passer à la nouvelle année.