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Ma rencontre avec 3 Anakin québécois

Est-ce que la Force est avec eux?

Par
Hugo Meunier
Hugo Meunier
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Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…

Il y a 25 ans en fait, soit au moment où le film La Menace fantôme débarquait en salle. Du jour au lendemain, Star Wars était à nouveau au goût du jour, à coup de produits dérivés et de campagnes publicitaires monstres, 16 ans après la sortie du Retour du Jedi, dernier opus de la deuxième trilogie la plus célèbre du système solaire (la première étant, de loin, Le seigneur des anneaux).

Le buzz était tel que quelques irréductibles ont eu l’idée de baptiser leur fils Anakin, prénom de l’élu doté d’un taux de midi-chloriens plus élevé que Yoda, qui allait plus tard décevoir ses tuteurs en devenant Darth Vader, le plus illustre méchant de l’histoire du cinéma.

La suite est connue.

La nouvelle mouture a déçu les puristes (Jar Jar Binks, osti!), avant d’être finalement réhabilitée au fil du temps, sauf la bluette cucul entre Anakin et Padmé roulant l’herbe de la Maison Lavande de Saint-Eustache dans l’épisode 2.

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Quant aux Anakin nés autour de l’an 2000, gracieuseté du Phantom Menace Boom (oui), ils se sont évanouis dans l’espace, tapis dans l’ombre comme Obi-Wan sur Tatouine en attendant de se faire poker par la princesse Leïa pour reprendre du service.

J’ai voulu faire la même chose en extirpant du côté obscur des Anakin québécois, histoire de voir quel impact leur célèbre prénom a eu dans leur vie jusqu’ici et s’ils auraient préféré se faire appeler William ou Olivier comme tout le monde.

Après avoir arpenté les confins de la galaxie à bord du Millenium Falcon (bon, j’ai juste glissé dans les DM de tous les Anakin que j’ai vu, mais c’est tellement pas aussi épique), j’en ai finalement rencontré trois.

Fun fact : les trois Anakin n’ont jamais rencontré d’autres Anakin, alors de rien pour la création d’un club privé d’Anakin, guys. Beau boys club d’élus!

Anakin Lafrenière

« Salut, Hugo. J’aime l’idée », m’a répondu Anakin Lafrenière, premier à avoir accepté de se prêter au jeu.

À 24 ans, ce propriétaire d’un studio de tatouage à Verdun doit son prénom à l’engouement suscité par La Menace fantôme.

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En fait, si on calcule, il est probablement né neuf mois après la sortie du film, qui dominait alors le box office mondial. « Mon père devait avoir 26-27 ans, à l’époque. Il était un peu geek et trouvait que c’était un beau nom », résume le principal intéressé, qui a vécu une dizaine d’années aux Îles-de-la-Madeleine (comme Luke Skywalker en exil), avant de revenir à Montréal. « Je n’ai jamais rencontré d’autres Anakin, mais j’ai personnellement entendu parler de un ou deux », souligne-t-il.

Anakin y va ensuite d’un puissant statement qui pourrait en surprendre plusieurs : « J’aime beaucoup mon nom, il m’a aidé dans la vie.»

Anakin Lafrenière et Chewbacca

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Sauf les blagues prévisibles et inoffensives, on aurait tort de penser que les Anakin ont subi leur prénom, victimes de toutes les railleries. Au contraire, Anakin Lafrenière l’a embrassé au point d’en tirer des bénéfices. « Pour moi, il y a beaucoup plus de côtés positifs. C’est le nom de l’élu, après tout. Je me suis même peut-être un peu senti comme ça quand j’étais plus jeune. Ce prénom m’a amené à me différencier et à me tirer vers le haut, à me donner un petit quelque chose de plus », philosophe le jeune homme, qui n’a en plus pas eu besoin de se chercher un nom d’artiste pour percer dans le milieu du tatouage, ayant reçu le sien à la naissance.

Sans demander des comptes à ses parents, Anakin les a sondés par le passé pour savoir d’où ça venait, sans plus. Si la force est très présente dans la famille Skywalker, c’est surtout l’originalité des prénoms qui l’est dans la sienne, à en juger par les prénoms de son frère (Mirkö) et de sa sœur (Romy).

On aurait tort, aussi, de croire que tous les Anakin sont des fans finis du film à l’origine de leur identité. Anakin Lafrenière avoue ne pas être un grand adepte de Star Wars (hérésie!) et n’a écouté les films qu’une seule fois, il y a très longtemps (dans une galaxie lointaine! OK, je me calme). « Quand j’étais jeune, je trouvais les effets spéciaux un peu bof. Je me disais justement récemment, avec ma blonde, qu’on devrait s’y remettre », souligne-t-il sans trop de conviction, donnant l’impression étrange que TOUTE SA VIE NE TOURNE PAS AUTOUR DE SON PRÉNOM.

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Au moins, il connaît la base de la saga de la Guerre des étoiles et l’identité de l’acteur personnifiant son homonyme (Hayden Christensen, le bff de Justin Palpatine).

Côté blague, il a eu droit tout au long de sa vie aux petites vannes classiques et sympathiques. Les plus célèbres : se faire dire « que la force soit avec toi » ou les allusions au high ground (les vrais savent), qui font l’objet de cent millions de memes, ces dernières années.

Mais bon, tel est le destin de tous les Anakin, hélas.

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Anakin Bérubé

« Au primaire, je me faisais un peu niaiser, mais plus j’avance en âge, plus les gens trouvent ça cool », constate toutefois Anakin Bérubé, 18 ans, le plus jeune de ma récolte. Le seul, aussi, à avoir déjà croisé un autre Anakin. C’était durant un entraînement de hockey.

« Je suis content de le porter, c’est unique et tout le monde se souvient facilement de mon prénom », reconnaît-il.

Anakin Bérubé habite Terrebonne et s’illustre au hockey dans un niveau compétitif. Il ira à l’Université de Montréal l’an prochain, en plus de poursuivre sa carrière de hockeyeur. Si cette dernière prend fin, il aimerait être prof d’éducation physique et coach de hockey.

Anakin Bérubé

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L’origine de son prénom est un peu bizarre, de son propre aveu. « Mon père aimait bien Star Wars et il avait choisi ce nom en attendant d’en trouver un autre. Finalement, mes parents se sont habitués. »

C’est surtout son père qui était fan de la franchise. Était, puisqu’il s’est depuis entiché d’une autre série culte. « Il préfère maintenant Harry Potter et moi aussi, puisque je viens de binge watcher tous les films. »

Anakin a quand même fait ses devoirs, en écoutant pas mal tout ce qui est sorti de l’usine Star Wars. Se décrivant comme un « pas pire fan », il s’est tout récemment retapé les trois premiers, dans lesquels son homonyme, joué par Hayden chose, brille. Son préféré est La Revanche des Sith et son pire est le quatrième (Un nouvel espoir).

Aparté pour souligner que les Anakin sondés et les jeunes en général (incluant mon fils de 16 ans) vouent un culte au 3e opus de la série, celui où Anakin vire complètement bazou baseball et se transforme en Darth Vader.

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« Bien sûr, j’aurais aimé qu’il ne cède pas au côté obscur, mais il n’avait pas le choix, c’était son destin », résume avec sagesse Anakin Bérubé.

Anakin Royer

Au lieu de superviser la construction de l’Étoile de la mort, Anakin Royer étudie présentement pour devenir dentiste.

Originaire de Granby, près de la planète Dagobah, ce Montréalais de 25 ans a hérité de son prénom après que son père soit allé voir l’épisode 1 avec sa mère.

« Il (son père) m’a initié durant l’enfance, mais il n’est plus up to date », raconte le jeune homme, qui se décrit pour sa part comme un « gros fan », qui a vu tous les films, et même les spin offs.

Anakin Royer

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Lui aussi a survécu à une existence de blagues à saveur de « que la force est avec toi », sans oublier des allusions au high ground, lors d’une bataille avec des nouilles de piscine organisée durant son initiation.

« Les plus jeunes trouvent ça cool (son nom), mais les vieux ont du mal à le prononcer », résume Anakin Royer, fan de l’acteur qui personnifie son homonyme jedi. « Anakin, c’est lui.»

S’il y a une morale à tirer de tout ça, c’est peut-être que les Anakin ne sont pas seuls et qu’ensemble, ils pourront peut-être enfin parvenir à ramener l’équilibre dans la Force.