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Cette histoire remonte à il n’y a pas bien longtemps. Je venais de déménager dans la métropole, soit le 30 décembre 2012. Pour célébrer mon arrivée en terre montréalaise ainsi que le début de la nouvelle année, mes acolytes féminines et moi-même avions décidé que les festivités se dérouleraient le 1er janvier dans un pseudo party privé à Pointe-Claire. Tout pour porter chance, quoi.
Je précise, avant de continuer ce récit, que j’ai toujours relativement bien supporté l’alcool. Certes, il m’est arrivé quelques fois au courant de ma vie de me vider les entrailles suite à une méga brosse. Mais, peu importe le degré d’ivresse qui m’habitait, je n’ai jamais perdu (ou presque) le contrôle de ma personne. Je ne me suis jamais transformée en freeko-freaky-lady qui frenche tout ce qui bouge, je n’ai jamais dansé la salsa sur un comptoir de bar et surtout, je n’ai jamais tenté de sniffer de la cannelle avec une paille. En fait, lorsque je me retrouve dans un état où l’alcool coule dans mes veines, j’ai plutôt tendance à jouer à roche-papier-ciseaux-allumette ou à me laisser aller le freestyle sur une toune de rap. Mais jamais, au grand jamais, je ne me rends au stade du black out.
Donc, en ce 1er janvier glacial, un pré-drink avait lieu chez une amie. Je ne capote pas sur le Champagne, mais il s’avère que c’était le breuvage de prédilection pour commencer la soirée. J’ai donc subtilement attendu qu’une de mes comparses finisse sa coupe pour lui refiler la mienne, le tout dans la plus grande complicité. Après la bouteille de bulles terminée et quelques girl talk du genre: prions pour que les dudes ne portent pas un kit shiny du Château/espérons que la playlist du DJ ne contienne ni Mambo No. 5 ni horreur musicale Pitbullesque quelconque, nous avons appelé les taxis.
Après 40 minutes de route, nous étions arrivées à l’événement. Notre banquette “réservée” était déjà occupée par des dudes qui étaient, si ma mémoire ne me fait point défaut, des amis-d’amis-d’amis-d’amis. Bref, une couple d’inconnus. Mais on n’a pas chialé, mettons, parce qu’ils semblaient être de respectables gentlemen et que la table était remplie de bouteilles d’alcool. En veux-tu d’la vodka, en v’là.
C’est ainsi que sans me faire prier, je me suis versé un verre, pis deux. Ça allait ben. Puis, malgré le dernier succès de Drake qui jouait à fond les caissons et les gens déjà trop saouls qui hurlaient, l’appel du pipi s’est fait entendre.
À mon retour des commodités, j’ai repris le verre que j’avais laissé sur le coin de la table. Je l’ai calé d’un coup sec, en ayant une pensée pour Éric Lapointe.
Pas plus de 15 minutes après ce tendre hommage à Ti-Cuir, un étrange sentiment s’est emparé de mon corps. Je suis devenue molle comme le hot chicken noyé dans la sauce brune de la cafétéria au primaire. J’ai perdu presque tout contact avec la réalité. Il ne me restait qu’un brin de conscience pour réaliser qu’il était impossible que 2 verres de vodka-canneberge me fasse feeler ainsi. Je me suis assise sur la banquette pour reprendre mes esprits. Vrai, j’avais laissé mon verre sur le bord de la table pendant que j’étais partie me soulager la vessie, mais se faire droguer au GHB, ça arrivait yienk aux p’tites pitounes pas mal nounounes qui faisaient pas attention… Right?
J’étais sur le point de crever, mais il était hors de question que je fasse un badtrip à fucking l’autre bout du monde (aka le West Island) et que je gâche le party de mes amies. J’ai donc traîné ma carcasse en douce vers les toilettes dans le but de me pitcher de l’eau dans face et me remettre sur la track. Fuck le make up du jour de l’an.
Il s’avère que mon plan de rafraîchissement facial n’a pu être mis à exécution, puisque je me suis effondrée dans la première cabine des toilettes, tel un château de cartes à qui on aurait donné une vulgaire pichenotte.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, mais j’avais assurément manqué le décompte/garochage de paillettes/bonne année.
J’ai tenté de me faire vomir pour libérer le démon en moi, sauf que mes doigts mous texture de ficello m’étaient aussi utiles qu’une épée en styromousse dans les mains d’Obi-Wan Kenobi.
Tout à coup, la porte de la toilette s’est ouverte:
– Gwen, t’es là! Ça fait une heure qu’on te cherche! Esti que tu nous as fait peur.
Cette amie, avec le flair d’Indiana Jones et la compassion de Mère Teresa, a veillé sur moi pendant un bon boute, en attendant que je me sente mieux pour bouger de là. 2 autres copines sont ensuite arrivées et m’ont soulevée pour me ramener à la banquette, en pensant que j’étais juste trop ivre pour marcher. En chemin, j’ai passed out. Sayonara guys, j’m’en vais en ambulance.
Je me suis réveillée le lendemain matin, en petite jaquette bleue, le cul à l’air et branchée d’un peu partout. Il faisait genre −273°C dans le corridor. J’avais le teint blanc virant sur le bleu, une exotique couleur rappelant la substance cotonneuse qui pousse sur les fruits moisis.
Les tests que j’ai faits furent négatifs. Mon sang et mon urine étaient clean. Alors même si j’avais été droguée au GHB, y’avait pu de preuves.
Sur cette bonne nouvelle du médecin, je lui ai demandé une paire de chaussettes pour me réchauffer, puis je me suis souhaité la bonne année.
P.S. Je n’ai jamais reçu ma facture d’ambulance.
P.S.2. Reconnaissance éternelle à mes amies qui ont pris soin de moi comme un bébé naissant, et à celles qui ont attendu plusieurs heures dans la salle d’attente avant que je me réveille. #womance
P.S.3. Filles, laissez pas votre verre traîner dans un party privé de Pointe-Claire.