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Ma première fois à La Ronde

Par
Gwenaëlle Scorta
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Cette histoire est arrivée dans mes années rebelles, c’est-à-dire quelque part entre 1998 et 1999. J’avais à peu près 8 ans et demi.

C’était une sortie de famille avec ma grand-mère et ma sœur. J’allais découvrir la Ronde et ses subtiles effluves de friture, de barbe à papa et de sueur humaine.

La journée s’annonçait remplie de surprises: nous venions à peine d’entrer sur le site que ma grand-mère nous avait déjà acheté une liqueur, de la pizza et des pommes de tire.

Avant de continuer l’histoire, il faut noter un fait important sur le petit enfant que j’étais back then : j’avais le mal des transports, niveau 933338. Je ne pouvais pas faire 2 minutes de char ou d’autobus sans devenir verte et ainsi me vider les entrailles dans les diverses localisations à proximité telles que sur mes genoux ou mes souliers.

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Malgré ce petit défaut de fabrication, j’ai gossé ma grand-mère pour qu’elle me laisse faire un manège plus téméraire que la Pitoune et plus épeurant que le Moulin de la Sorcière.

Le Bateau Pirate.

Sans trop que j’aie à la convaincre que je ne serai pas malade parce que j’étais une grown woman I can do whatever I want, elle a accepté.

J’ai grimpé dans le manège avec ma soeur et le bateau s’est mis à nous balloter d’un bord pis d’l’autre, de haut en bas. Pendant de longues secondes. Puis, la pomme trempée dans le sirop que j’avais dégustée quelques instants plus tôt a décidé que le party était fini.

Ma soeur hurlait «ARRÊTEZ L’BATEAU!» pendant que je vomissais ma vie, sous le regard terrifié des autres enfants.

La machine s’est arrêtée et ma grand-mère m’attendait avec des napkins humides. Elle savait que l’enfant qui avait été malade était celle qui partageait le même sang qu’elle. Elle m’a nettoyé la bouille et m’a obligée à boire 1 litre d’eau. Après, j’étais top shape pour aller lancer des fléchettes dans une balloune et gagner des toutous cheaps.

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Entre 2 tentatives pour remporter une peluche de Yoshi, l’appel de l’urine se fit entendre. Ma sœur, plus vieille, m’a accompagnée jusqu’aux toilettes.

Les lieux étaient pires qu’une prison de Guantánamo et il n’a pas fallu plus de 4 secondes et demie avant que je repère la plus longue crotte de l’histoire de l’humanité qui traînait par terre.

Elle était minutieusement enrobée de papier cul en apparence très mince (du même genre que celui qui se vend au Dollorama qui semble doux et soyeux mais qui finalement s’avère être aussi rugueux que de la peau de python en mue).

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Ladite crotte était intelligemment placée sous le comptoir, afin que les visiteurs des commodités ne posent pas, au grand jamais, le regard sur la chose infecte qui s’apparentait à un bâton de dynamite extra large. La question qui me hante encore à ce jour est de quelle manière cet excrément s’est-il retrouvé dans cette situation? Je ne sais pas si le détritus s’est déplacé dans ce coin de son propre gré pour fuir son destin, ou si quelqu’un l’a simplement kické à cet endroit ou encore, misère, si un malheureux passager s’est accroupi sous le comptoir pour se purifier les intestins.

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Malgré cette abominable découverte, j’avais besogne à faire également. Chaque toilette disponible était plus infecte que les autres. Une vieille serviette sanitaire au sang séché et un tampon utilisé jonchaient le plancher d’une. Dans l’autre, des odeurs tellement nauséabondes s’y échappaient que je me suis soudainement téléportée dans la bouche d’un vieillard édenté du Moyen-Âge. La troisième dégageait un parfum de cadavre en décomposition mais elle semblait un tantinet plus propre que ses voisines. Elle fut l’heureuse élue. J’allais installer mon popotin pour faire pipi mais tout à coup, j’ai senti quelque chose me chatouiller le haut de l’arrière-cuisse.

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Je me suis relevée d’un bond avant de constater avec frayeur que la lunette, peinte en noire, était recouverte de microscopiques insectes de la même couleur.

Je suis sortie en courant de cette cinquième dimension pour aller retrouver ma sœur à l’extérieur qui m’attendait en mangeant son popcorn au caramel.

Les dommages collatéraux de cette journée auront été terribles : je ne peux plus manger de pommes de tire et il aura fallu attendre jusqu’à mes 23 ans pour être capable de me soulager la vessie en public. Pour le number two, il m’est impossible d’en faire un ailleurs que chez moi. Si l’envie me prend et que je ne suis pas dans le confort de ma demeure, je préfère me retenir jusqu’à en mourir infectée par en-dedans. Tout, avant de devoir larguer un cigare dans un restaurant.

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P.S. Le seul highlight positif de cette journée fut ma découverte du Volcanozor 3D, qui est jusqu’à ce jour, le meilleur manège que cette Terre n’ait porté. D’ailleurs, je profite de cette tribune pour envoyer un message à la vilaine personne qui a demandé le retrait de cette parfaite attraction : je vous souhaite de rencontrer des excréments-surprise à chaque jour de votre vie.

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