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Quand je dis que j’aime la fête du Canada, les gens capotent un peu. Après tout, on est au Québec: ce n’est pas pour le 1er juillet que je devrais déclarer mon amour, c’est pour le 24 juin. Mais j’ai mes raisons.
L’autre jour, j’ai vu un chandail du Canada et je me suis exclamée: « Je le veux! » L’amie qui m’accompagnait a lancé un gros: « QUOI?! Tu aimes le Canada?! » C’est comme mon running gag personnel, aimer le Canada. Mais attendez avant de vous emballer, j’ai une raison et elle est très simple: la fête du Canada, c’est aussi ma fête. En plus, le rouge, ça me va tellement mieux que le bleu!
Quand on me demande ma date d’anniversaire et que je réponds: « C’est un jour spécial, c’est le premier juillet », le trois quart du temps mon interlocuteur s’exclame: « Ah! Le jour du déménagement! » C’est normal, pour les Québécois, la fête nationale est obscurcie par les camions du clan Panneton. De toute façon, notre fête nationale, on l’a fêtée il y a exactement une semaine, alors pour le premier juillet, on se concentre sur la bière et la pizza.
Quand j’étais petite, j’ai parfois assisté à des feux d’artifice lors des célébrations du premier juillet. Mes parents me disaient que c’était pour ma fête. Wow! J’étais vraiment impressionnée, mes parents auraient dû se partir une compagnie d’organisation d’événements: ils étaient tout-puissants. Il y a même une année où, en date du premier juillet, nous étions en Italie et LES FEUX D’ARTIFICES M’ONT SUIVIE. Il y a eu des feux d’artifices en Italie et ma mère m’a dit « Tu vois, la fée des Fêtes est capable de te trouver où que tu sois! » Punch, pour les désillusionnés de la vie: les feux en Italie, c’était pour la fête de la Madonna, qui est célébrée le premier juillet. (Pas la chanteuse – quoique ce serait tellement fou – la vraie Madone, tsé, la figure religieuse). En tant qu’enfant unique imbue de moi-même, je trouvais ça vraiment hot d’avoir droit à ma célébration de luxe où que je sois dans le monde.
Cette année, j’avais envie de faire quelque chose de spécial pour le premier juillet. J’avais envie d’aller encore plus loin dans mon amour pour le Canada. J’avais envie d’aller à Ottawa. Je me voyais déjà courir sur la colline parlementaire, toute de rouge vêtue (ça me va tellement bien), documentant mon périple à coup de photos Instagram. J’aurais volé un orignal, fait un high five à un castor, overdosé au sirop d’érable. La totale. Cependant, mon plan n’a pas tenu la route.
Quand j’ai demandé à mes amies si elles étaient volontaires pour m’accompagner, pas une seule n’a osé dire oui. « Hein, tu déménages à Ottawa? » Lâchez le jour du déménagement, que je leur ai dit. Je parle d’aller avoir du fun. « Du fun, en Ontario? On ferait quoi au juste? » Ben là! Pour moi, Ottawa, c’était la définition même du fun d’adulte qu’on peut rêver d’avoir quand on vieillit d’un an. Mais bon, à tout devoir expliquer, on se tanne vite, alors l’idée d’aller à Ottawa a pris le bord. Je me dis que ce sera pour une autre année. C’est correct, ça me laisse plus de temps pour élaborer un plan plus ambitieux: demande en mariage au son de Simple Plan live, partie de basket avec Avril Lavigne, karaoké animé par Céline dans la Chambre des Communes. Il n’y a rien de trop beau quand tu partages ta fête avec le Canada.
J’entends souvent les gens qui sont nés lors de jours fériés, comme Noël ou le Jour de l’An, se plaindre que leur fête passe dans le beurre. Je n’ai pas ce problème là avec le Canada. Ici, (presque) personne ne fait de cadeau au Canada. Ici, (presque) personne ne souhaite bonne fête au Canada. C’est peut-être une bonne chose que je ne sois pas allée à Ottawa, finalement. Je suis restée ici, avec mon congé obligé, et j’ai attendu vos cadeaux. Merci, Ô Canada, de me donner congé le jour de mon anniversaire, année après année.