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Ma femme en aime une autre

Par
David Buist
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Ce texte est extrait du #32 spécial Lesbiennes | Présentement en kiosque

On s’est tous déjà demandé comment on réagirait si notre chum nous laissait pour un autre gars ou si notre blonde nous laissait pour une autre fille. David, lui, il l’a su. À 27 ans. Dans les dents.

Fin mars 2011. Ma fille de trois ans jacasse, sa voix caressant mon oreille, et dans mes bras se blottit mon bébé de quatre mois, mon autre fille, petit être chétif que j’apprends à connaître et à chérir.

Pour la première fois ce soir, je suis seul avec mes deux enfants. Ma femme a pris une pause d’allaitement pour aller accueillir une amie de retour au Québec après plusieurs années à l’étranger. C’est moi qui donnerai le biberon.

Je suis nerveux. À cause de mon rôle de double papa, oui, mais aussi à cause du caractère étrange de la situation.

Il y a longtemps, j’ai senti qu’il y avait plus que de l’amitié entre mon épouse et son amie. Je sais qu’elles se sont déjà embrassées… Bah! C’est banal, voire épicurien. Mais non, il y autre chose : j’ai une sensation présciente des deux femmes qui s’aiment.

***

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Mon épouse a déjà eu des aventures avec des femmes. En théorie, elle peut encore en avoir… mais je lui ai déjà dit que ça ne me dérangeait pas. Étant moi-même attiré par les femmes, je la comprends. Elle est bisexuelle? Pourquoi pas.

Ce désir pour la gent féminine dormait jusqu’à ce qu’elle fasse une fausse couche au jour de l’An, en 2010. Cet événement traumatisant, combiné à ses problèmes d’anxiété, avait altéré son attirance pour les hommes… moi compris.

Oh! elle a bien tenté de faire renaître la flamme. Résultat de ses efforts: une autre grossesse. Après l’annonce de la nouvelle, pour ne plus avoir à « se forcer », elle a prétexté que le sexe pouvait provoquer des accouchements prématurés. Par conséquent, pendant près d’un an, j’ai eu une vie sexuelle totalement dysfonctionnelle. Des amis m’ont conseillé l’adultère. Ça m’a fait rire.

Bon mari, respectueux, j’ai choisi de ne faire aucune pression. J’ai patienté au nom de mon rêve, un domaine en région où je verrais mes enfants grandir et ma femme s’épanouir.

Pour ce rêve, j’avais renoncé à ma carrière musicale, troquant l’insécurité d’un bassiste jazz pour la stabilité d’un poste d’enseignant d’histoire et de géographie au secondaire. À l’université, je visais l’excellence, question d’obtenir un dossier de qualité auprès de mes futurs employeurs, idéalement au privé, afin d’accélérer l’accession à un poste permanent. À ce train de vie studieux, j’ajoutais deux heures de pratique musicale par jour pour mon équilibre personnel et aussi pour que mes enfants soient fiers que leur père ne soit pas prisonnier de la routine transport-boulot-dodo.

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Mais je me berçais d’illusions. Je m’obstinais à croire en ce rêve, même si je sentais que quelque part, quelque chose clochait.

Un mois après la naissance de ma deuxième fille, j’ai parlé de mon désarroi à ma femme. C’est là qu’elle m’a annoncé qu’elle ne me désirait plus et que ses pensées étaient maintenant tournées vers les femmes. Encore une fois, je lui ai dit que j’acceptais sa bisexualité : elle pouvait même se trouver une amante si elle le voulait.

Lisez la suite dans le #32 spécial Lesbiennes | présentement en kiosque