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Ma conjointe et moi avons essayé une soirée de contes

Une expérience aussi déstabilisante qu’émouvante.

Par
Vincent Descôteaux
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URBANIA et les Productions Ça commence à quelle heure, qui organise OFFO – Festival de contes d’Orford, s’unissent pour vous faire (re)découvrir l’art du conte.

Je suis humoriste, musicien, et je travaille à temps plein comme réalisateur. C’est compliqué pour moi de trouver une idée de date avec ma conjointe qui ne soit pas directement en lien avec mes jobs. On a donc tendance à essayer des divertissements dont on entend un peu moins parler.

On va dans des musées, on fait des road trips pour acheter du linge, on visite des vignobles (oui, j’ai 78 ans) et hier soir, on est allés à une soirée de contes. En fait, la formulation optimale serait « on m’a traîné à une soirée de contes », parce que oui, j’avais (notez l’imparfait) un préjugé défavorable et non fondé contre ce type d’événement.

Par exemple, chaque fois que je fais un test de micro avant un spectacle, c’est en improvisant du mauvais Fred Pellerin. Je dois dire que ça me fait encore beaucoup rire. Je ne prévois pas arrêter.

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Alerte au divulgâcheur : j’ai vraiment aimé la soirée de contes et j’y retournerai assurément.

Notre arrivée

Il y a un côté convivial à ce genre d’événement. On n’y voit pas beaucoup de dates Tinder, de couples sur la fin, de gens qui donnent l’impression d’être venus pour se battre ni tout autre type de personnes pas très plaisantes qu’on peut croiser dans un établissement à haut débit d’alcool. Les gens sont chill, et tout le monde a l’air d’être là pour les bonnes raisons.

Je remarque même un jeune homme vraiment nerveux dans l’entrée qui se répète que tout va bien aller. « Un des conteurs », que je me dis. En fait, c’est le technicien, et je trouve ça émouvant que chaque personne impliquée tienne à ce que ça se passe bien.

Ça part!

J’ai ma bière et ça part. L’animateur de la soirée nous présente le conteur et termine en nous remerciant d’avoir choisi la culture ce soir – une très bonne façon de me prendre par les sentiments.

Dès le début, entendre ce français parlé coloré qui caractérise notre folklore me fait plaisir.

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Dès le début, entendre ce français parlé coloré qui caractérise notre folklore me fait plaisir. Le conteur est attachant. Il dit énormément de prénoms que je dois retenir d’un seul coup et je dois avouer que ça m’intimide pendant les 15 premières minutes, mais il y a quelque chose de contagieux dans sa joie.

Cet homme est content d’être là, et le plaisir qu’il ressent à nous parler déborde pour nous emporter à notre tour dans cette belle appréciation du moment.

OK, j’embarque

Je dirais que la soirée de conte me fait un peu l’effet d’un roman. C’est triste à dire, vous êtes littéralement en train de me lire, mais je ne suis pas quelqu’un qui a la lecture facile. Un peu comme durant la lecture d’un livre, j’ai eu besoin d’un peu de temps avant de vraiment entrer dans le récit, ce qui est l’inverse de ce que je connais en tant qu’humoriste.

Dans mon métier, on se doit d’être punché en sept secondes. Peu importe si le public a arrêté d’écouter, s’est levé pour aller commander une bière ou a été triggered par la dernière blague, le stand up, c’est une compilation de micro textes faits pour toujours capter l’attention.

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Si mon exemple ne marche pas pour vous, imaginez TikTok. Un conte, c’est différent d’un paquet de vidéos ultra courts et punchés.

BREF! À un certain moment, j’embarque complètement. J’ai mes repères dans l’histoire. Un peu comme dans la vie, je ne connais pas tous les personnages, mais ceux que je connais me permettent de me retrouver dans le récit. En fait, même quand le conteur parle de quelqu’un que je ne reconnais pas, ce personnage enrichit le monde qu’on me présente, ce qui m’aide beaucoup à y entrer.

C’est ça, le conte : un récit qui prend un peu plus de temps à s’installer, mais qui rend l’histoire d’autant plus puissante.

La tradition se met de la partie

Un truc qui me surprend vraiment, c’est qu’à un certain moment, le conteur se met à chanter des chansons à répondre. Je trouve ça beau. Je pense que j’aurais pu trouver ça kitch, mais j’ai pour mon dire que tout est magnifique si on le fait avec confiance… tant que c’est légal, on s’entend.

Ce qui me surprend encore plus et m’émeut, c’est que les gens dans la salle chantent avec lui.

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Ce qui me surprend encore plus et m’émeut, c’est que les gens dans la salle chantent avec lui. Ma conjointe et moi sommes impressionnés. Impressionnés et complexés, car nous sommes les deux seuls à ne pas connaître une chanson à répondre hyper connue. Après tout, ce n’est pas notre jam : un.e de nous deux a vu Avril Lavigne en spectacle la veille.

Puis, il se passe quelque chose… je me mets à chanter. Le conteur a suffisamment récité chaque mot composant la chanson et m’a suffisamment habitué à son rythme pour que je sois en mesure de répondre!

Possiblement que ce sont ses propres chansons ou encore celles chantées par ses grands-parents à lui, mais je chante les bons mots sur la bonne note avec tous les autres. Par la maîtrise de son récit, le conteur nous emmène exactement là où il veut.

En conclusion

On est partis de là très émus. Sans vous vendre de punch, je vous dirai que la fin du conte avait une morale écosensible et que nous avons eu du plaisir à en discuter. C’était aussi une histoire d’hommes et de femmes des bois ancrée dans notre patrimoine unique. J’ai donc apprécié cette occasion d’être séduit par mon beau Québec. Je ne rate jamais une de ces occasions.

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Détail cute : le conteur s’est perdu deux fois dans son texte et s’est retrouvé rapidement. Je trouve ça charmant, parce que ça implique que le texte n’est pas récité à la virgule près et qu’il y a une réelle conversation avec le public. En tant qu’humoriste, j’aime cette communication entre l’artiste et son auditoire.

L’expérience que j’ai vécue ne représente qu’une des multiples possibilités qu’offrent les soirées de contes. Si l’événement auquel j’ai assisté était ancré dans la tradition, il existe aussi du conte contemporain, du conte trash, du conte féministe… Bref, il y en a pour tous les goûts, et je suis rentré de ma soirée curieux d’en découvrir plus.

Merci pour la belle histoire.

***

Si vous désirez vous faire surprendre par une expérience comme celle-ci ou par une autre bien différente (comme un conte en montagne, un show festif dans une microbrasserie ou un concours de menteries sur un terrain de balle), venez donc assister à la première édition d’OFFO – Festival de contes d’Orford, du 15 au 19 juin.

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