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Ma blonde a deux chums

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Je me souviens distinctement, il y a quelques mois, dans un Ă©lan de frustration spontanĂ© particuliĂšrement passif-agressif, avoir publiĂ© le statut suivant : “C’est moi oĂč le polyamour, c’est le nouveau bisexuel?”

Le polyamour


Ce modĂšle relationnel au nom de X-men russe selon lequel personne “n’appartient” Ă  personne et oĂč tous les partis concernĂ©s se voient libres de frĂ©quenter/dater/tomber en amour/fourrer qui bon leur semble dans un tout miraculeusement fonctionnel (en gros
 sentez-vous bien libres de m’astiner sur la dĂ©finition dans les commentaires).

Pas que j’entretenais quelque chose contre l’idĂ©e (au contraire), je crois simplement avoir Ă©tĂ© victime Ă  l’époque d’un certain Ă©puisement face aux individus autour de moi (Ă©normĂ©ment plus qu’on pourrait le croire) qui balançaient ce terme de droite Ă  gauche en essayant d’ouvrir mon esprit au “futur des relations amoureuses” pour justifier le fait qu’ils ne voulaient pas s’engager en partant quand mĂȘme avec le beurre, l’argent du beurre, le cul de la laitiĂšre, une couple de vaches et un bec sur la joue Ă  Mathurin.

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Un terme erronĂ©, balancĂ© Ă  tort et Ă  travers pour flasher sa petite ouverture d’esprit et avoir l’air de son temps, Ă  l’image de cette adolescente un peu pompette qui frenche sa meilleure amie dans un bar parce qu’elle est “tellement bi” et certainement pas pour se valoriser directement Ă  mĂȘme les cris de macaques des garçons qui viennent simultanĂ©ment d’ajouter la scĂšne Ă  leur imaginaire Ă©rotique pour une future sĂ©ance de masturbation.

Si vous venez de lire ça à voix haute, prenez le temps de reprendre votre souffle


Ajoutez Ă  ça le fait que, de mĂ©moire d’homme, il me semble ne jamais avoir Ă©tĂ© tĂ©moin d’un exemple de ce type de relation oĂč quelqu’un ne se faisait pas royalement fourrer (dans tous les sens du terme). Je l’écris, et surviennent automatiquement Ă  mon esprit ces images du partenaire qui sourit tristement, la rĂ©signation dans le regard, quand son/sa chum/blonde essaie d’épater la galerie dans un party en faisant l’apologie du fait que “Dans notre couple, on peut voir qui on veut parce que le vrai amour c’est pas de se rĂ©duire en esclavage” et blablabla
 Vous voyez, j’ai maintenant envie de puncher mon personnage imaginaire, parce que dans tous les cas il Ă©tait Ă©vident qu’un des deux partis Ă©tait plus d’accord que l’autre avec cette affirmation.

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Dans tous les cas, j’ai vu la microseconde de tristesse infinie dans le regard de la personne qui tolĂšre, la personne qui fait un compromis, la personne qui se retrouve “polyamoureuse” malgrĂ© elle parce que l’autre lui a imposĂ© le fait qu’il/elle prĂ©fĂ©rait papillonner avec tout le bonheur et la stabilitĂ© d’une relation de couple, en sachant trĂšs bien que l’autre serait beaucoup trop attachĂ© pour imposer ses limites. “Il/elle est comme ça
 C’est comme ça
 *long soupir*.” Beurk.

La vĂ©ritĂ©, c’est que je me suis toujours targuĂ© d’ĂȘtre un de ces “vieux jeux monogames” parce que je trouve qu’il y a quelque chose de profondĂ©ment beau dans l’idĂ©e du “je t’aime tellement que je m’interdis toute autre personne si toi aussi”, “je t’aime tellement que je veux qu’on fusionne nos existences en une troisiĂšme entitĂ© parce que c’est le seul moyen de vraiment construire quelque chose Ă  deux”, je trouve que c’est un beau sacrifice, c’est noble, c’est
 Statistiquement dĂ©sastreux d’improbabilité 

Pas que c’est une impossibilitĂ©, loin de lĂ !

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Par contre, j’en suis malheureusement Ă  cet Ăąge (coucou les jeunes trentenaires!) oĂč toutes les relations issues de la vingtaine autour de moi s’écroulent en poussiĂšre. Les histoires de gens qui se trahissent dans le secret commencent Ă  ressurgir. Les “un tel couchait avec un tel finalement”, les amoureux du secondaire qui veulent vivre d’autres expĂ©riences, les sept, huit, neuf, dix ans de relations de couple qui se tannent, plus de magie, “la routine nous a tuĂ©â€, “on a emmĂ©nagĂ© ensemble et tout a chiĂ©â€, “je voulais voir si j’avais pas manquĂ© quelque chose”, etc.

J’en suis mĂȘme venu Ă  me demander si c’était pas ça le seul vrai modĂšle sain de relation de couple : se frĂ©quenter jusqu’à ce qu’on s’écƓure et ensuite rĂ©pĂ©ter le processus jusqu’à sa mort.

Puis Ă  un moment donnĂ©, aprĂšs cinq ans de cĂ©libat totalement opaque de frustration, il m’est arrivĂ© cette anomalie


Cette fille que tu ajoutes Ă  tes amis facebook dans le but de te patenter une date, et qui, en fin de compte, t’assassine ça aprĂšs trois heures de conversation Ă  grands coups de “Oh oui! C’est hot ça! Moi pis mon chum
”. Alarme de sous-marin soviĂ©tique, abort mission, on passe Ă  un autre appel, elle est en couple! Merde


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NĂ©anmoins, je la trouvais trĂšs chouette et il semblerait que toute cette dĂ©ception me soit tombĂ©e dessus suffisamment tĂŽt dans le processus pour qu’on devienne des amis. Sainement je veux dire : pas de frustration, pas de double jeu pour Ă©ventuellement fuir en Argentine avec, nonon, juste de la bonne vieille amitiĂ© gars/fille parce que c’est possible d’apprĂ©cier beaucoup quelqu’un sans qu’ultimement le but du jeu soit de mettre son pĂ©nis Ă  l’intĂ©rieur.

Entre temps, je rencontre le chum en question, type irrĂ©prochable, et tout ça ne fait que certifier cette idĂ©e que rien n’arrivera, parce que je me suis dĂ©jĂ  fait jouer dans le dos et je ne peux pas vraiment le recommander, encore moins incarner dans ma vie cet archĂ©type d’individu que je mĂ©prise au plus haut point.

Bref, aprĂšs trois ans de “pas touche parce que tu es un homme respectable Charles Beauchesne”, s’ajoute au script cet Ă©chantillon de conversation :

— Hey, c’est ma fĂȘte, tu peux amener ton chum si tu veux :)

— Ah oui? Lequel?

*fast forward conversationnel*

— T’es là-dedans le polyamour?

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— En fait, c’était une joke, mais je serais pas contre l’idĂ©e et je crois que *nom du dude* serait pas contre.

*fast forward conversationnel*

— T’es au courant que j’ai un kick sur toi depuis qu’on se connait right?

— Non!

— Oui, oui!

— Ça te dirait qu’on se fasse une date?

Fast forward deux mois plus tard, je suis en couple avec une fille en couple. Bang! Facile comme ça!

Et quand je dis facile, c’est facile dans tous les sens du terme. On a dĂ©couvert ça Ă  trois. En fait, on ne fait rien Ă  trois, je n’ai pas l’impression d’ĂȘtre Ă  trois, c’est la magie de toute cette entreprise, je crois. Elle et moi, on se voit quand on se voit. (Souvent Ă  part de ça! Trois ou quatre fois semaines, standard “couple rĂ©gulier”.) Quand on est ensemble, on est ensemble, quand elle est avec lui, c’est avec lui et j’en entends jamais parler. J’ai pas l’impression de faire un sacrifice, j’ai pas l’impression qu’elle en aime un plus que l’autre, cette affaire-lĂ  ne fait qu’arriver de façon tout Ă  fait organique, zĂ©ro jalousie, et je me demande encore comment c’est possible.

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Initialement, je me suis frappĂ© Ă  toutes les rĂ©actions d’incomprĂ©hension imaginables de la part des proches. “T’as pas peur qu’elle joue une game?”, “Moi je pourrais jamais
”, “Les maladies! As-tu pensĂ© aux maladies?”, et bien sĂ»r le sempiternel “Pourvu que tu sois heureux avec ça j’imagine
”

À tout ça je ne rĂ©pondrai que ceci : J’ai simplement dĂ©cidĂ© d’aimer quelqu’un.

On n’aura jamais d’enfants, on n’emmĂ©nagera probablement jamais ensemble, j’ai pas l’intention de me marier, j’ai juste l’intention d’ĂȘtre en amour le plus longtemps possible. Si ça dure toute ma vie, gĂ©nial! Si ça dure dix ans, gĂ©nial! Si ça se finit le mois prochain, ça en aura valu la peine.

Est-ce que c’est l’avenir des relations de couple? Certainement pas! Est-ce que ça existe? Fuck oui! Est-ce que ça a plus de chances de mal tourner qu’un autre type de relation plus conventionnel? Statistiquement, pas le moins du monde. Il y a tout autant de motifs que ça prenne le bord que dans n’importe quel autre couple. Parce que c’est exactement ce que c’est, une relation de couple comme les autres oĂč on a simplement le droit d’aimer d’autres gens en bonus.

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Ah! Parce que oui, la courtoisie m’est Ă©tendue. Je n’ai ni le temps ni l’envie, mais si je voulais, ça se pourrait. Tout le monde peut bien voir qui il veut, parce qu’ultimement ça ne regarde personne d’autre que les principaux intĂ©ressĂ©s. C’est la magie dans tout ça, vivre des trucs avec d’autres personnes n’invalide aucunement ta relation avec qui que ce soit. Ça en passant, c’est le bruit du concept de la jalousie qui s’envole par la fenĂȘtre, on lui fait des bye bye!

Peut-ĂȘtre que la monogamie c’est dĂ©finitivement pas pour tout le monde.

Peut-ĂȘtre que la monogamie c’est dĂ©finitivement pas pour tout le monde.

Je me demande combien de gens se sont cloitrĂ©s dans une structure relationnelle qui ne leur convient pas, simplement parce qu’il y a un tabou sur tout ce qui ne s’appelle pas “mariage monogame, on fonde une famille pis on patiente jusqu’à devenir grands-parents”. Je laisse ça sur la table, vous en faites ce que vous voulez.

Ah oui, le sexe est le fun aussi!

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