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Lundi blues ou quand les blues passent pu dans ‘porte

Par
Mélanie Michaud
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Dès le début du mois de janvier, après avoir fait le décompte des morts de 2016, après avoir donné son opinion sur le Bye-Bye, la majorité de notre entourage fait des bilans et se donne des objectifs. Ces joviaux de janvier sont remplis d’un essor nouveau pour commencer l’année. Mais, pour d’autres, c’est l’étirement de l’élastique de la mauvaise passe qui pète en pleine face. Je ne fais pas référence au jeu amusant de l’élastique dont le but est d’atteindre des hauteurs avec une grâce chorégraphique; je parle de l’élastique cheap autour d’un brocoli.

Selon l’Université de Cardiff, le troisième lundi de janvier serait le jour le plus déprimant de l’année.

Un psychologue de l’Université Cardiff (Pays de Galles, Royaume-Uni), Cliff Arnal, aurait élaboré un calcul, plus ou moins scientifique, afin d’affirmer que le troisième lundi de janvier était le jour le plus déprimant de l’année. Pour ce résultat, il a combiné les éléments suivants : le jour lundi étant déprimant en soi, la météo hivernale, les dettes de Noël, la paie qui tarde, l’après réjouissances des fêtes et les résolutions qui échouent.

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D’ailleurs, je propose que l’on adopte le calendrier de l’avent : en janvier. De cette façon, rendu à la petite porte du 16 janvier, tu te gâtes d’un chocolat. Et tu te rends au mardi suivant et ainsi de suite afin d’avoir ton petit chocolat.

Des spécialistes de la santé mentale ont noté que les dépressions étaient plus élevées à cette période de l’année.

Il y a des personnes qui n’ont plus la force d’ouvrir la porte ni de sortir du lit. Ces gens qui ont, peut-être juste assez d’énergie pour apprendre à faire un nœud coulant; ne vont pas se fixer des objectifs, mais un crochet dans le gypse.

Si je ne suis pas morte l’an passé, ça ne tient même pas du miracle.

Si je ne suis pas morte l’an passé, ça ne tient même pas du miracle; plutôt à une énorme absence de volonté jumelée à une paresse indéfectible. C’est aussi un peu dû à mon abandon précoce des Jeannettes (les scouts genrés pour filles) où je n’ai pas pu développer ma maîtrise des nœuds. Je n’avais déjà pas de talent pour gérer la vie en général, je n’en avais pas plus pour gérer des pratiques de survie en forêt.

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Je voulais mourir. Lâchez-moi le «ce n’est pas une option!» J’étais trop brisée. Que faites-vous quand votre imprimante est trop kapout? Ben, c’est ça : je voulais me débarrasser de moi aussi!

Lâchez-moi le «ce n’est pas une option!» J’étais trop brisée.

Alors, je suis allée à la quincaillerie. J’avais acheté une corde et un crochet. J’avais mis d’autres affaires dans mon petit panier, pour ne pas faire suspect. Je ne tenais guère à me faire escorter dans un coin, à côté des vis ¾ et me faire demander par un assistant-gérant comment je vais et si je veux en parler.

Arrivée chez moi, j’étais incapable de viser le crochet. Je faisais des trous partout dans le plafond. Finalement, plus calme, après avoir vidé ma caisse de bières, j’ai trouvé le spot. J’ai visé. Mais. Après. J’étais trop épuisée pour réussir le nœud des tutoriels Youtube. Je suis allée me coucher et me tâter le spot.

Le lendemain, c’était passé… J’étais, sans doute, très, très, très fatiguée. Plus sérieusement, j’avais peine à imaginer que mon geste pourrait faire de la peine à d’autres, ça ne faisait que m’attrister davantage. Je restais donc dans mes flaques en attendant qu’on me dise quoi faire.

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Un moment donné, on m’a dit d’aller pelleter. J’ai pelleté toutes les entrées de ma rue.

On m’a demandé d’écrire une chronique. J’ai mis tellement de mots que j’en ai produit 16.

On m’a suggéré d’assister à un lancement. J’ai pu me lancer dans les verres de vin gratis et faire rire l’assistance.

On m’a trouvé de la job. Je me suis accomplie dans des tâches et des exécutions.

Je ne suis pas morte. Je suis descendue profond dans le creux, le sombre et dans le fin fond : il y a un trampoline.

On m’a invité à fourrer. J’ai pu inventer le jeu de mot que happiness ça ressemble à pénis.

Puis je ne suis pas morte. J’ai créé, avec une familiarité inadéquate, une descente dans les abîmes. J’ai retenu mon souffle et suis descendue profond dans le creux, le sombre, où la grandeur du silence devient aspirante.

Et complètement en bas, dans le fin fond : il y a un trampoline.

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Lentement, je remonte, je maintiens ma tête en dehors de l’eau. Mine de rien, je suis devenue bonne nageuse.

Le plaster de certains sera les thérapies, la médication; peu importe le type de plaster en nylon beige ou avec des dessins de Dora l’exploratrice.

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Si vous souffrez, êtes inquiet pour un proche ou avez perdu un être cher par suicide, n’attendez pas pour demander de l’aide. Vous pouvez appeler au 1 866 APPELLE (277-3553). 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, partout au Québec.

Pour consulter le site web de Suicide Action Montréal, c’est ICI.

Pour lire un autre texte de Mélanie Michaud : « Pour les petits coeurs qui sont en solo ».

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