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Un bal digne d’un conte de fées

Car aucune jeune femme ne devrait manquer son bal faute de sous

Par
Rose-Aimée Automne T. Morin
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Pour Linda Blouin, fondatrice des Fées marraines, aucune jeune femme ne devrait manquer son bal faute de sous. Portrait de celle qui transforme les adolescentes en princesses le temps d’une soirée, et rencontre avec deux jeunes femmes qui ont eu la chance d’être les plus belles pour aller danser.

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On ne roulait pas sur l’or. Vraiment pas.

Mes parents n’avaient pas les moyens de débourser des centaines de dollars pour un outfit digne d’une finissante. Alors c’est mon frère aîné, beaucoup plus vieux, généreux, et pas mal plus riche, qui a acheté ma robe, dûment choisie après des heures de chasse sur la mythique Plaza St-Hubert. Brillante (trop), clinquante (vraiment trop), soyeuse (cheap) et rétrospectivement plutôt laide, elle me plaisait beaucoup. J’étais une princesse — avec des broches et de trop longs bras.

Au fond, c’est ce qui comptait. Ressembler à un personnage de la série The O.C. malgré la pauvreté. Se déguiser, l’instant d’une soirée, en personne choyée. Et, soyons honnêtes, frencher. C’était quand même important de frencher.

Je vais être la première de ma famille à avoir un diplôme de secondaire 5. Ça mérite d’être célébré.

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Toujours est-il que sans le savoir, j’étais déjà choyée. Un membre de ma famille était en mesure de m’offrir la robe de mes rêves. Un privilège dont plusieurs jeunes Québécoises ne jouissent malheureusement pas.

Mais ça change. Et à la vitesse grand V, à part de ça. Grâce aux Fées marraines, qui veillent à vêtir les finissantes de la robe de leur rêve. Et ce, gratuitement. En toute confidentialité.

Alexandra: Celle qui mérite tous les Galas

Au bout du fil : Alexandra, 20 ans. Mon cœur se gonfle spontanément quand elle me parle de ses exploits. « Je suis tombée enceinte de ma fille en secondaire 5. Je me suis inscrite à l’école Rosalie-Jetté [qui accueille des adolescentes enceintes et des jeunes mères voulant terminer leurs études secondaires]. J’y ai été pendant toute ma grossesse, mais je n’ai pas pu faire mes examens finaux à cause des nausées. Finalement, j’ai pu revenir à l’école en janvier dernier, parce qu’il y a aussi une garderie. C’est important pour moi d’être dans le même bâtiment que ma fille toute la journée. Je suis vraiment une mère-poule ! »

Il n’y a personne de riche à l’école. Personne ne dirait non à une robe !

Alexandra s’apprête à célébrer son bal. Mais ce n’est pas un bal exactement comme les autres : « Chaque année, à Rosalie-Jetté, il y a un gala. C’est notre bal. Ce n’est pas tout le monde qui termine ses études en même temps, donc il y a un gala pour toutes les filles de l’école. On y remet des Méritas, par exemple pour l’assiduité à l’école et la persévérance. »

Quand une enseignante leur a parlé des Fées marraines, cet hiver, les étudiantes se sont emballées : « Toutes les filles étaient super contentes de soumettre leur candidature. On s’est donné à fond. Il n’y a personne de riche à l’école. Personne ne dirait non à une robe ! Il fallait écrire un texte pour dire en quoi on en méritait une. J’ai expliqué qu’en tant que jeune maman monoparentale, tous mes sous passent pour ma fille. Je me dis : “Moi, j’ai encore du linge”, même si après la grossesse, le corps change et que je pourrais bénéficier de nouveaux morceaux. On s’entend que les vêtements pour le bal me coûteraient au moins 250 $, et ça, c’est l’équivalent du linge d’été de ma fille ! Alors, honnêtement, sans les Fées, je n’y serais pas allée. »

Ce serait le fun que pour une fois, tout le monde se réunisse, se mélange. Et qu’on s’amuse toute la soirée.

Et tu espères en trouver une qui ressemblera à quoi, Alexandra ? « Je veux une robe bustier, pas trop lousse, courte en avant et longue en arrière. Et je veux surtout passer une belle soirée, avec une belle ambiance. Il y a plein de petits groupes à l’école. Ce serait le fun que pour une fois, tout le monde se réunisse, se mélange. Et qu’on s’amuse toute la soirée. »

Mets-en. Vous le méritez.

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Lovelyne, la plus badass des princesses

Lovelyne, 17 ans, m’appelle elle aussi entre deux cours. L’an dernier, elle s’est rendue à son bal en arborant une robe dégotée lors de la journée-boutique des Fées marraines : « C’était tellement impressionnant, tellement “wow” ! Il y avait un tapis rouge. C’était digne d’un magazine. Il y avait tellement de choix ! Et je te jure que les robes étaient toutes belles. J’en ai choisi une sobre, légère, bleu azur, style déesse. En vraie soie, là. »

Je n’avais aucun problème à aller voir les Fées marraines.

Pourtant, Lovelyne prévoyait initialement manquer son bal : « Ce n’était même pas une question de robe. Ça ne me tentait pas. Et, bon, je n’avais pas envie de déranger ma mère avec ça. Mais quand on a appris que le bal tombait le jour de ma fête, mes amies m’ont dit que j’étais obligée d’y aller… »

L’important, ce n’est pas tant la robe. C’est qui tu vas frencher à la fin, non ?

Lorsque Linda Blouin, son ancienne enseignante, a parlé des Fées marraines en classe, Lovelyne ne s’est pas gênée pour avoir recours aux services de l’organisme de bienfaisance : « Je n’avais aucun problème à aller voir les Fées marraines. Il y a des filles qui étaient comme : “Tu vas là ? T’es pauvre. Tes parents sont cheap !” C’est plus compliqué que ça. Il y a des filles qui ont honte de parler de la provenance de leur robe, et j’ai juste envie de leur dire : “Assumez-vous ! C’est juste comme si une personne que vous connaissiez vous offrait une robe en cadeau !” »

Pis tsé, entre toi et moi, Lovelyne, l’important, ce n’est pas tant la robe. C’est qui tu vas frencher à la fin, non ? « Euh… non. L’important, c’est de s’amuser avec ses amies. On ne sait pas quand on va être capables de se revoir et d’avoir autant de fun. »

Les valeurs de Lovelyne > les miennes.

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