Marie-Lune Salazar-Forget pense au bal des finissants depuis la deuxième année. Du primaire. À 8 ans, elle magasinait déjà sa future robe sur Internet. Elle termine le secondaire cette année et, pour être certaine d’avoir le bal de ses rêves, elle a joint le comité d’organisation avec son amie Oriane Rullier. Pas question qu’elles perpétuent la tradition de leur école — l’école Robert-Gravel, à Montréal. Fallait quelque chose de grandiose. De fancy.
Faque bye-bye la salle de réception d’hôtel beige sans fenêtres.
Et hello le chapiteau Pinterest éclairé aux guirlandes lumineuses sur une petite île privée, accessible en chaloupe à moteur.
«Avant, j’imaginais le bal comme dans les films américains, mais ça a changé. Ce n’est plus ton premier gros party, mais plutôt une soirée l’fun, où tu te mets cute», raconte la jeune blonde, les yeux pétillants.
Comme quoi le bal des finissants évolue. Pas étonnant, vu qu’il s’éloigne un peu plus chaque année de ce qui faisait sa raison d’être dans les années 1950: dire adieu à l’adolescence pour entrer dans la vie d’adulte. «C’était un rite de passage essentiel pour les jeunes Nord-Américains, explique Diane Pacom, professeure de sociologie à l’Université d’Ottawa qui s’intéresse à la jeunesse. À l’époque, le bal avait un sens socioculturel, politique et économique profond. On finissait [ses] études, on quittait la maison des parents, on se trouvait un job et on se mariait.»
Maintenant que l’économie ne permet plus à un jeunot avec un secondaire 5 de faire autre chose que des «jobines», le bal a muté en accolade extravagante.
«Comme les mariages et Noël, il fait désormais partie du phénomène culturel contemporain, poursuit la sociologue. Faute d’avoir inventé de nouveaux rites pour souligner les moments importants de nos vies, on emprunte au passé des choses qui n’ont plus aucun sens réel, et on en fait des espèces de productions cinématographiques qui coûtent la peau des fesses. C’est devenu un spectacle qui ne dure qu’un instant.» Allô 10 Things I Hate About You et Pretty in Pink!
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