On aimerait bien penser au bal des finissants seulement en termes joyeux et un brin ringards — comme le passage festif vers un autre chapitre de la vie, tout en paillettes et en suprêmes de volaille avec légumes de saison. Mais force est d’admettre que ce ne sont pas tous les finissants qui goûtent au conte de fées. Pour certains d’entre eux, c’est plutôt «sauve qui peut».
On s’est demandé comment les victimes d’intimidation percevaient cette célébration de fin d’études. Pour Claudelle, 23 ans, et Annie, 35 ans, les cinq années du secondaire se sont terminées en queue de poisson, avec un soupir de soulagement…mais sans confettis.
«L’après-bal des gens cool, on n’avait pas été invité. On a fêté juste entre nous.»
Annie sait exactement le moment où elle est devenue la cible des intimidateurs, dans une école secondaire de la banlieue nord de Montréal. C’est juste avant le dîner, à la toute première journée d’école, lorsque son regard s’est posé un peu trop longtemps sur un garçon.
«J’avais des lunettes carrées. Ça a l’air ridicule, mais ça m’a vraiment pas aidée. Lui et ses amis m’ont remarquée ; ils se sont mis à m’écœurer.» Son sort était scellé.
Un jour, en deuxième secondaire, un gars s’est simplement retourné vers elle, pendant la classe, et lui a dit : «Câlisse t’es laide.»
«Comment tu fais pour t’en remettre quand t’as, quoi, 13-14 ans?»
«Je suis partie sans regarder en arrière, sans me retourner.»
Ça a été comme ça pendant cinq ans. Malgré tout, elle a choisi d’aller au bal, accompagnée de ses amies. La soirée s’est révélée aussi moche que la période qu’elle venait clore. «Le poulet était pas bon et ça n’avait pas de signification pour moi», dit-elle.
«L’après-bal des gens cool, on n’avait pas été invité. On a fêté juste entre nous.»
Le moment de grâce, pour elle, est venu quand la cloche a sonné la fin de la dernière période de classe. «Je suis partie sans regarder en arrière, sans me retourner.» Son supplice était fini. Elle n’a plus jamais été la cible d’intimidation.
«C’est seulement il y a quelques années que j’ai raconté à mes parents comment mon secondaire s’est passé. Ils étaient sous le choc. Ils m’ont dit que s’ils avaient su, ils m’auraient changée d’école. Il faut en parler, il y a des solutions.»
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