Notre-Dame de Paris, c’est pas juste une comédie musicale de Luc Plamondon, c’est aussi le lieu de concert privilégié de Philippe Lefebvre qui a réagi avec beaucoup d’émotion à l’annonce de la sauvegarde de son instrument de prédilection lors de l’incendie du 15 avril. Voici ce qu’il nous racontait en 2012, dans une entrevue publiée dans le magazine URBANIA spécial Parisiens.
Qu’est-ce qui vous a attiré à Notre-Dame?
J’avais 14 ans la première fois que j’ai visité Notre-Dame, en vacances avec mes parents. Lorsque j’ai entendu l’orgue pour la première fois, j’ai été charmé par son côté magique, mystérieux. Je croyais entendre la musique d’un grand orchestre symphonique et, pourtant, c’était celle d’un seul homme. C’est là que je me suis dit : « Un jour, je veux en jouer. » Je ne m’imaginais jamais que ce serait ici!
Racontez-moi la première fois que vous avez joué à Notre-Dame de Paris.
J’avais 20 ans et c’était juste après la mort de mon père. L’organiste de l’époque, qui était aussi devenu mon maître, m’avait demandé de jouer à la cérémonie du dimanche, qui est ouverte à tous. C’était une chance incroyable… mais qui venait avec une pression incroyable.
Pourquoi l’orgue de Notre-Dame de Paris est-il aussi grandiose?
D’abord à cause du lieu. La cathédrale est un repère. Tous les événements importants de l’histoire de la France ont eu lieu ici. Quand survient une grande catastrophe mondiale, c’est ici que tout le monde vient se recueillir. C’est aussi parce que cet orgue s’inscrit dans l’histoire de l’orgue français. Il existe depuis le 8e siècle et il a été restauré tous les 30 ans depuis, par les meilleurs artisans et ouvriers de France.
Avez-vous déjà joué dans des événements historiques?
L’année dernière, j’ai joué pendant la visite du président américain et pendant celle du président russe. J’étais aussi présent lors de la cérémonie en l’honneur des personnes qui ont péri durant l’écrasement d’un avion d’Air France.
Les Parisiens fréquentent-ils vraiment la cathédrale ou bien c’est seulement les touristes?
Ils y viennent, mais surtout le dimanche. La cathédrale fait partie d’eux, comme la tour Eiffel et la place de la Concorde, sauf que Notre-Dame a un sens différent. L’endroit a un esprit et les Parisiens le sentent, même ceux qui ne sont pas croyants. Tous les matins, certains d’entre eux passent à la cathédrale cinq minutes, juste pour s’y poser. Ils repartent ensuite avec la sensation d’avoir pris une respiration pour toute la journée. Dans cette ville où tout bouge, où tout va vite, ici, le temps s’arrête. Notre-Dame de Paris, c’est le cœur de la ville.