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Lord Byrun : entre punk rock et country-folk traditionnel

Le dandy défraßchi a triomphé au Festival international de la chanson de Granby.

Par
Ugo GiguĂšre
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Ça fait 10 ans que je couvre le Festival de la chanson de Granby et chaque fois je tombe sur un ou deux spĂ©cimens rares de crĂ©ateurs extravagants qui ne rĂȘvent pas de devenir des copies conformes de Marc DuprĂ© ou de CƓur de pirate.

Pour ses 50 ans, le festival a mis le paquet dans sa programmation extĂ©rieure en invitant Ă  peu prĂšs tout le bottin des artistes, mais ce qui m’intĂ©resse surtout c’est de savoir qui va se sauver avec le grand prix de 50 000$ du concours. La rĂ©ponse: Lord Byrun
 un dandy dĂ©fraĂźchi Ă  la dĂ©gaine punk dĂ©barquĂ© de RĂ©gina en Saskatchewan!

Tout le monde a son opinion sur les concours, pour ou contre, nĂ©cessaires ou non
 Personnellement, je m’en fiche pas mal tant que celui de Granby va continuer de soutenir les originaux, ceux qui cherchent Ă  pousser la chanson francophone ailleurs. Ceux qui essaient de la garder en vie.

C’était vrai avec Jean Leloup en 1983, avec Pierre Lapointe en 2001, avec Lisa LeBlanc en 2010 et c’est encore vrai avec Lord Byrun en 2018.

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En 50 ans, l’industrie musicale a eu le temps de vivre trois ou quatre rĂ©volutions (sinon plus) et Ă  l’ùre oĂč l’on crĂ©e des pop stars aprĂšs 18 secondes d’audition Ă  l’aveugle dans la TV, Granby demeure Ă©tonnamment rafraĂźchissant.

Mercredi soir pour la grande finale, Lord Byrun est rentré sur scÚne à pleine vapeur comme le train du CP parti de la Saskatchewan. De la dynamite sur deux pattes qui alterne entre punk rock et country-folk traditionnel. Il a sauté à pieds joints dans le concours sans aucun complexe pour venir vanter sa culture.

N’allez surtout pas l’insulter en lui collant « un accent anglais »! « Ma mĂšre parle français, ma grand-mĂšre parlait français et la mĂšre de ma grand-mĂšre parlait français. On appelle ça le Prairie French et je suis fier de cette culture-lĂ . »

V’lan! Qu’on se le tienne pour dit. Si Damien Robitaille nous a ouvert les yeux sur l’Ontario francophone, espĂ©rons que Lord Byrun sera celui qui permettra d’étirer l’horizon un peu plus loin vers l’ouest.

On le sait qu’il y a des bons musiciens dans l’ouest. J’ai vu Mario Lepage (avant Ponteix), j’ai vu (feu) Les Surveillantes, j’ai vu Étienne Fletcher passer par Granby, ouvrez vos oreilles ils arrivent.

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La finale

Mercredi soir, c’est Laura Lefebvre qui a ouvert le spectacle avec son groupe. Elle offre une pop assez sombre, mais qui reste tout de mĂȘme lĂ©gĂšre dans le ton grĂące aux synthĂ©s un peu 80’s. La vibe est planante, un peu insouciante, comme une trame sonore de sĂ©rie Netflix avec des adulescents qui vivent leur spleen en bagnole, les fenĂȘtres baissĂ©es, sans se parler. Une fille Ă  suivre.

On a ensuite bien aimĂ© le crooner nouveau genre, Jessy Benjamin. C’est la version musicale d’une boutique de meubles vintages. Toutes les patentes sont neuves, mais avec le look des vieilles affaires. Le gars Ă©crit de la pop super efficace, sur un son rĂ©tro, comme sur «Solo Romance» oĂč l’on se demandait presque si ce n’était pas un pastiche de «Lean on me» de Bill Withers.

AprĂšs lui, il y a eu comme une sorte de bref trou noir, le temps des trois chansons de Simon Elliott. Disons qu’on parle d’une pop trĂšs trĂšs lisse, quelque part entre John Mayer et JĂ©rĂŽme Couture. Pour agrĂ©menter le tout, on a eu droit Ă  un champ lexical d’astrophysique: super nova, soleil, Ă©toiles, lune, firmament
 La recette parfaite pour qu’on ait super hĂąte de filer Ă  l’entracte.

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Heureusement, il y avait Lord Byrun pour rĂ©veiller ceux qu’on venait de perdre! Il s’est pointĂ© en nous gueulant qu’il est « dans la merde » et tout le monde s’est senti interpellĂ©. Reste Ă  voir comment il va canaliser son enthousiasme, mais avec environ 40 000 $ en bourses, plus de nombreux contrats de spectacles et autres prix, il va retourner Ă  RĂ©gina un peu moins dans la merde.

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