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Look Mom I Can Fly: la vie de Travis Scott dont vous êtes le héros

Un documentaire ambitieux qui ne plaira pas à tout le monde.

Par
Benoît Lelièvre
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Le 28 août dernier, la superstar du hip-hop Travis Scott lançait sur Netflix Look Mom I Can Fly, un documentaire sur sa vie.

Personnellement, j’suis fan du bonhomme depuis les beaux jours de Rodeo. C’est un artiste qui a une identité très forte dans un milieu où beaucoup d’autres sont pratiquement indifférenciables dans leur musique comme dans leur apparence. Bien que sa démarche soit parfois contre-intuitive, le résultat est toujours intéressant.

C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai forcé ma blonde à regarder le documentaire avec moi, le 28 au soir. Bien que le film m’ait beaucoup appris sur Travis Scott et sur la nature du vedettariat au XXIe siècle, Look Mom I Can Fly est un film beaucoup plus difficile d’approche qu’il en a l’air. Un peu comme une bouteille de vin à 300 $. Ou comme Travis lui-même.

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Un casse-tête aux multiples solutions

La première chose qui saute aux yeux, c’est que le film ne raconte pas l’histoire de Travis Scott dans l’ordre chronologique. Il ne raconte pas vraiment son histoire en général, non plus. Les notions de début, de milieu et de fin n’existent que sur la durée. Look Mom I Can Fly est un tapon de souvenirs et de moments forts des dernières années de Travis lancés à l’auditoire dans un ordre pêle-mêle.

Des souvenirs d’enfance. Une arrestation. Une série de spectacles qui semble sans fin. Une performance dans un gymnase de sa ville natale. La naissance de sa fille Stormi, etc.

C’est quoi le but de faire ça, me direz-vous? Peut-on vraiment appeler ça un documentaire?Je me suis moi-même posé ces questions après avoir fini le visionnement.

Je ne crois pas que Travis ait voulu nous apprendre quelque chose avec Look Mom I Can Fly. Il n’avait pas de révélations-chocs à faire ou de faces cachées à dévoiler pour une première fois.

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Je ne crois pas que Travis ait voulu nous apprendre quelque chose avec Look Mom I Can Fly. Il n’avait pas de révélations-chocs à faire ou de faces cachées à dévoiler pour une première fois. Il a tout simplement voulu se présenter à sa façon. Montrer sans filtres qui il croit vraiment être et laisser les spectateurs se faire une tête sur sa carrière.

En 2019, on vit dans un monde où les personnalités publiques sont jugées et condamnées en trois secondes et quart à partir d’un titre d’article Facebook et Look Mom I Can Fly se veut une tentative d’aller contre cette tendance en fournissant aux spectateurs un accès privilégié à sa vie, sur la plateforme de streaming la plus populaire et accessible.

Il en revient à vous d’assembler les pièces du casse-tête et il n’y a pas de bonnes, ni de mauvaises réponses.

Ouin, mais ça marche-tu?

Ça dépend à qui vous demandez. À mon avis, oui. Absolument. Mais je suis déjà vendu à Travis Scott. J’ai pesé sur PLAY en étant déjà intéressé à l’artiste et déjà familier avec sa démarche artistique tortueuse et psychédélique.

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Ma blonde (pas fan du gaillard pour deux sous) a capitulé après 30 minutes. Mon collègue Hugo Bastien (qui est également un fan du rappeur) a qualifié le film de « dull en criss. »

J’y ai découvert un Travis Scott passionné par son travail, qui se laisse encore émerveiller comme un petit garçon par quelque chose d’aussi simple qu’une toune qui commence à prendre forme.

Ce sont là des points de vue entièrement valables. Look Mom I Can Fly est une sorte de spirale chaotique qui était vouée à polariser les opinions. Personnellement, j’y ai trouvé beaucoup de choses à aimer. Entre autres, j’y ai découvert un Travis Scott passionné par son travail, qui se laisse encore émerveiller comme un petit garçon par quelque chose d’aussi simple qu’une toune qui commence à prendre forme.

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Cependant, ma scène préférée est celle filmée après sa première représentation au Madison Square Garden où, encore en bedaine et tout suant, il commence une réunion avec son personnel technique pour passer en revue tous les détails qui l’ont achalé au cours de la soirée. Son perfectionnisme, sa passion et sa vision créative y sont exposés dans leur forme la plus crue.

On y voit aussi plusieurs détails de sa vie avec Kylie Jenner, la mère de sa fille, et leur relation semble saine pour deux personnes qui n’ont absolument pas le temps d’être là l’un pour l’autre. Ils profitent de tous les petits moments pour se voir dans un cadre le plus près possible de la normalité.

Voir Travis Scott évoluer dans le vedettariat, c’est drôlement rafraîchissant au milieu d’un océan de documentaires musicaux où les artistes trouvent ça donc lourd et épeurant d’affronter les attentes de leur public. Travis lui, il fait du body surfing sur les attentes.

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Est-ce que ça aurait pu être meilleur?

Oui. Clairement.

Look Mom I Can Fly est rempli de bouts de tounes live et de scènes de body surfing qui n’en finissent plus. À mon avis, le but d’en inclure autant était de démontrer que sa vie est devenue une spirale hors de contrôle où la structure est dictée par le nombre de spectacles qu’il doit donner.

Disons qu’il aurait pu en mettre moins et que le message aurait passé pareil. Ça lui aurait aussi permis de mettre plus de clips d’archive ou de sa vie personnelle et de rendre le documentaire encore plus captivant. Travis Scott ne gagnera peut-être pas de nouveaux fans avec Look Mom I Can Fly, mais il gâte pas mal ceux qu’il a déjà.

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Bref, j’ai beaucoup aimé, mais je comprendrais très bien si vous avez détesté ça. C’est ce genre de film.