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Arrêtez-moi si vous reconnaissez le refrain. Un gouvernment libéral majoritaire décide, sous prétexte d’austérité et de redressement des finances publiques, d’imposer à d’innocents et productifs membres de la société une loi qui leur coûtera des milliers de dollars de plus que ceux qui sont passés avant eux.
Ils décident aussi d’arborer des éléments carrés et rouges, en guise de protestation. Les leaders des groupes les représentant crient au scandale: nous ne négocierons pas, c’est un hold-up. Une manifestation est organisée, où certains membres plus intenses décident d’allumer un feu avec des déchets, en pleine rue.
On attend la suite avec impatience: arrestations massives, déploiement de l’anti-émeute, fumigènes, poivre de cayenne, 638$, P-6. La routine, quoi.
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C’est terrible!
J’ose à peine imaginer les conséquences que de telles sanctions peuvent avoir sur nos forces de l’ordre. Une chose est sûre: c’est terrible. Des hommes et des femmes au dossier auparavant vierge et immaculé traîneront désormais une tache infâme jusqu’à la fin de leur carrière au service de la population.
Mais si ce n’était que ça! Pour ajouter l’insulte à l’injure, d’aucuns dans la presse écrite et sur les médias sociaux ont osé insinuer que la loi ne s’appliquait pas à tout le monde également, parce que si le citoyen moyen (ou, pire, un groupe d’étudiants pas-contents-fâchés) avait bloqué une rue pendant tout un après-midi sans prévenir qui que ce soit et allumé un incendie en plein Vieux-Montréal, la « manifestation » se serait conclue autrement. Ces déclarations démontrent un étonnant manque de perpective face à toute cette histoire.
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Il est évident que lors des violentes manifestations étudiantes de 2012 ou des marches annuelles organisées par le COBP, le SPVM se doit d’intervenir préventivement. Parce qu’on sait que des crimes risquent d’être commis, et que c’est dans le devoir de tout service de police normalement constitué d’empêcher un attroupement de gens visiblement sur le point de commettre toutes sortes de méfaits (barrer la route à la circulation, peut-être même lancer des projectiles sur des bâtiments). Dans le cas qui nous occupe, la manifestation regroupait des policiers, mais aussi des pompiers et d’autres cols blancs de la ville de Montréal; des gens dont la mission même est d’être au service de la population. Il était donc impensable de même considérer que des actes criminels auraient pu être commis: a-t-on déjà vu un policier enfreindre la loi?
Et même lorsque certains éléments « perturbateurs » décident d’allumer un incendie: vous n’avez pas lu? Il y avait des pompiers! Partout autour! C’est tout ce qu’il y a de plus sécuritaire. Et lorsque ces mêmes pompiers, pour passer leur message de mécontentement, tournent leurs boyaux vers l’Hôtel de Ville et envoient leurs jets sur les portes de l’entrée principale… n’allez pas croire qu’il s’agit là d’une tentative de vandalisme. Franchement. Il n’y a là absolument rien de répréhensible. Ça coule de source: il y avait des centaines d’agents du SPVM tout autour. Si ça avait été contre la loi, les policiers seraient intervenus.
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Comme il n’y a pas eu d’intervention des pompiers, l’incendie des policiers était parfaitement sécuritaire. Comme il n’y a pas eu d’intervention des policiers, les actions des pompiers étaient parfaitement légales. Comme il n’y a pas eu de déplacement, donc pas d’itinéraire, la manifestation n’avait pas à être déclarée illégale. Comme il n’y a pas eu de méfait commis (sinon il y aurait eu arrestation), il ne devrait pas y avoir de sanctions.
Pourtant, des centaines de policiers se retrouvent aujourd’hui avec des avis écrits et des suspensions salariales; on les touche directement au porte-feuille, là où ça fait le plus mal. Des centaines de familles sont privées de montants pouvant aller jusqu’aux dizaines de dollars. Et pourquoi? Pour avoir osé exprimer publiquement et solidairement leur mécontentement face à une loi Libérale inique.
Il est grand temps que les institutions publiques ouvrent les yeux; la loi devrait s’appliquer à tout le monde, également, et il est inadmissible dans une société de droit comme la nôtre que les employés de services à la population comme le SPVM voient leur droit de manifester ainsi sévèrement limité, et leur liberté expression punie de cette manière. Policiers, ne vous laissez pas intimider. Les lois devraient s’appliquer à tout le monde, également, et la sévérité avec laquelle vous avez été punis est carrément inacceptable. La population est derrière vous.
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Je vais même essayer de trouver quelque chose de carré et de rouge, pour affirmer mon soutien à votre cause.
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