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Le printemps est chaud à Montréal. L’expression n’a plus besoin d’explications. Les opinions politiques se sont rarement autant affrontées en première ligne des tribunes médiatiques.
Sur la scène municipale aussi, l’implication citoyenne est à un haut niveau d’effervescence ces jours-ci. Les Montréalais se lèvent, se prononcent sur plusieurs projets et font connaître en masse leurs opinions. Une implication qui séduit grandement les Justiciers urbains.
Dans plusieurs quartiers, des consultations sur divers projets de développement ont lieu. Sur le Plateau, on discute par exemple de l’avenir du secteur St-Viateur Est. Dans Ahuntsic, c’est le projet de développement résidentiel prévu sur les terrains des anciens garages du MTQ qui retient l’attention. Dans ce dernier cas, c’est pas moins de 115 mémoires que l’OCPM a reçu pour commenter, questionner et critiquer l’immense projet immobilier qui doit voir le jour dans le secteur.
Mais devant l’effervescence à laquelle on semble assister ces jours-ci, n’y a-t-il pas lieu de tabler sur cet éveil politique, sur cette implication concrète de plusieurs centaines de citoyens et de se poser la question : et si on allait plus loin? Peut-on canaliser cette énergie, cette volonté des citoyens de se faire entendre pour aller au-delà des soirées de consultation publique?
Ces mécanismes offrent en effet aux citoyens l’occasion d’exprimer une opinion précise sur un projet donné, ce qui a ses bons côtés, mais aussi ses limites. Ça impose aux promoteurs de faire passer à leurs projets le test de l’acceptabilité sociale, mais ça restreint aussi trop souvent l’expression citoyenne à une logique réactive.
Prenons d’autres exemples récents. Le projet de construction d’une nouvelle école primaire à l’Île-des-Sœurs, d’une part, et celui de construction d’une Maison des arts et des lettres, annexée à l’école secondaire Sophie-Barat dans Ahuntsic, ont tous deux été rejetés par les résidants riverains qui ont tué dans l’œuf le projet en opposant leur veto, par référendum, au changement de zonage.
Quoi qu’on pense de ces projets, leur destin tragique illustre tout de même le pouvoir limité auquel semble trop souvent confiné l’expression citoyenne : celui de bloquer des projets, de s’y opposer, d’être contre.
La vigueur de l’implication citoyenne à laquelle on assiste nous porte en revanche à souhaiter que cette énergie, cette mobilisation, cette expression populaire chemine, grandisse et se manifeste d’une manière plus «positive».
La collectivité a beaucoup plus à aller chercher de l’implication de ses citoyens que la simple critique d’un projet précis. C’est difficile d’arriver à des résultats, à une vision consensuelle et porteuse si les citoyens ne s’impliquent majoritairement pas au-delà de la simple réaction. Les occasions d’amener le débat à un niveau supérieur semblent souvent trop rares.
Donc comment y arriver? À moins de 18 mois de la prochaine élection municipale, on peut bien sûr penser à l’engagement politique. Les partis politiques commencent tranquillement à élaborer les grandes lignes de leur plateforme électorale et les membres seront sans doute mis à contribution dans les semaines et les mois à venir. Pourquoi ne pas prendre part à ce processus très concret?
D’une manière plus ponctuelle, assister et participer à son conseil d’arrondissement et poser des questions à ses élus sur différents sujets qu’on veut mettre en lumière est une autre façon de mettre de l’avant des idées nouvelles et d’influencer les prises de décision.
Du côté des pouvoirs publics, mettre en place des mécanismes de participation citoyenne plus élaborés, comme des rencontres informelles élus-citoyens, des questionnaires ou sondages ou encore des formes de budget participatif sont toutes des manières d’aller chercher un input citoyen rafraîchissant.
L’idée est d’établir un véritable dialogue avec les citoyens, d’échanger ouvertement dans un processus davantage constructif et porteur que l’affrontement que deviennent trop souvent les activités de consultation publique.
Avons-nous, comme société, comme ville, la maturité politique pour y arriver? Nous croyons que oui.
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