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L’impact culturel de la musique autochtone : entre tradition et modernité

Trop peu abordée, l’influence autochtone dans la musique québécoise est pourtant indéniable.

Par
Guglielmo Scrittore
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Le festival KWE! et URBANIA sont fiers de s’associer pour vous faire découvrir la longue histoire d’amour entre les musiques traditionnelles autochtones et la musique contemporaine.

Au Québec, on n’a pas vraiment l’habitude de simplement adopter des modes. Que ce soit dans notre humour, notre cinéma ou notre musique, on aime bien ajouter notre petite twist à nos projets artistiques. Cela dit, l’art est toujours directement influencé par son environnement, et étant donné l’environnement aussi spécial que celui du Québec, normal que nos artistes soient uniques dans leur genre!

Le brassage culturel au Québec compte aussi pour beaucoup dans cette saveur spéciale que notre musique peut avoir : influences d’ailleurs, certainement, mais aussi locales et souvent insoupçonnées. Que ce soit dans le rock, le country ou même le rap, les influences autochtones se font de plus en plus sentir dans la musique mainstream québécoise – et il était temps!

À l’approche du festival « KWE! À la rencontre des peuples autochtones », qui se tiendra les 16, 17, 18 et 21 juin, on s’est dit que c’était le bon moment pour replonger dans l’histoire de l’impact culturel autochtone sur la musique contemporaine.

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Le blues et le country, des traditions bien implantées

Pour bien mesurer l’impact de la musique traditionnelle autochtone dans un contexte contemporain, il faut d’abord comprendre que pendant très longtemps, l’Amérique du Nord était fortement ségréguée : il y avait les Blancs d’un côté, et tous les autres à part.

Comme l’explique le documentaire Rumble: The Indians Who Rocked the World, des réalisateurs montréalais Catherine Bainbridge et Alfonso Maiorana, les Autochtones et les Noirs dans les États du Sud se trouvaient beaucoup de points communs, dans les plantations. Que ce soit par des traditions rassembleuses comme le chant ou la danse, ou même par la chasse au petit gibier, les deux communautés se sentaient proches, et elles se serraient les coudes autant que possible.

Et, bien évidemment, des couples se formaient. Des styles comme le country, le blues et le rock ont donc tous une influence mixte, provenant de ce brassage culturel.

Pourrait-on imaginer le rock d’aujourd’hui sans des artistes nés de telles unions, comme Jimi Hendrix, qui était en partie cherokee, ou encore le poète, chanteur et activiste Peter La Farge, dont la musique a influencé Johnny Cash et Bob Dylan?

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Du côté du Canada aussi, de grand.e.s artistes d’origines autochtones ont changé à jamais le paysage musical. Le légendaire groupe The Band et son chanteur Robbie Robertson, un Mohawk de la réserve des Six Nations, près de Toronto, ont pris d’assaut les scènes et les oreilles du monde entier dans les années 60 et 70. Leur discographie regorge de références parfois subtiles, parfois moins (on ne peut pas oublier The Night They Drove Old Dixie Down), indiquant que le groupe a emprunté aux traditions autochtones que ce soit dans les thèmes, les paroles ou même les rythmes et mélodies.

Y mettre un spin québécois

Au Québec aussi, nos « musiques de guitares » ont une influence autochtone, parfois plus accentuée qu’ailleurs. Les peuples autochtones ont influencé et enrichi divers genres musicaux, et leurs contributions ont permis de créer un paysage musical unique et diversifié qui reflète la richesse culturelle du Québec.

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Le country québécois a été marqué par l’influence des traditions autochtones, entre autres par l’intégration d’instruments traditionnels et de rythmes particuliers. Des artistes country québécois ont souvent puisé dans les récits et les légendes autochtones pour composer des chansons qui célèbrent la nature, l’identité et la spiritualité. On ne saurait suffisamment mesurer l’impact de Florent Vollant, membre du groupe Kashtin et originaire de la nation innue, qui a contribué à populariser la musique country autochtone au Québec et à faire connaître les traditions et les valeurs des peuples autochtones.

Poursuivant dans la tradition de Vollant, le chanteur innu Matiu ne cesse de faire grandir son public avec sa musique entraînante, raw, touchante et qui dénote d’une certaine manière la même dualité souvent évoquée par son prédécesseur, ce fait d’être pris entre deux cultures distinctes. Maintes fois salué par la critique et l’industrie, Matiu présentera certaines des chansons de son plus récent album, Tipatshimushtunan, lors d’un spectacle gratuit le 15 juin au Grand Théâtre de Québec.

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Le lendemain, ce sera à un autre vétéran du rock canadien de prendre le micro : Pascal Ottawa « Pako », chanteur d’origine atikamekw, qui pratique un folk rock bien ancré dans les traditions bluegrass et abordant de nombreux enjeux pressants pour les communautés autochtones canadiennes.

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Le samedi sera présentée La Marée de l’aube, qui met cette fois-ci en vedette Vincent Vallières et ses invités : Dumas, Natasha Kanapé Fontaine, Kanen et Sandrine Masse.

Pour la clôture, le festival KWE! a décidé de faire les choses en grand en programmant toute une journée de chansons le 21 juin, à l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones.

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Clou du spectacle : des représentants de chaque nation se rejoindront sur scène pour interpréter, chacun dans leur langue, Un musicien parmi tant d’autres, de Serge Fiori, et seront dirigés par Fiori lui-même!

Savoir combiner traditions et modernité

Si le rock et le blues ont longtemps été certains des styles les plus populaires chez les artistes revendicateurs et socialement impliqués, un autre genre de musique directement inspiré par la lutte contre les inégalités sociales gagne du terrain partout dans le monde : le rap. Et de ce côté-là, nos rappeuses et rappeurs autochtones s’illustrent particulièrement! Puisant dans une tradition orale aussi riche, pas étonnant qu’ils parviennent à nous toucher avec des paroles imagées et captivantes, malgré des sujets parfois durs.

Bien avant que le rap québ ne devienne ce qu’il est, il a commencé à gagner du terrain grâce à la popularité d’artistes aux convictions profondes, comme le légendaire Samian, rappeur algonquin, qui utilise le rap comme moyen d’expression pour partager les expériences et les perspectives des 11 nations autochtones vivant au Québec. Ses textes abordent des sujets tels que la discrimination, l’identité culturelle et la fierté autochtone. En intégrant des éléments de la musique traditionnelle autochtone dans ses compositions, l’artiste a contribué à créer un style de rap distinctif et authentique.

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De l’autre côté de la frontière provinciale, des artistes tels que Snotty Nose Rez Kids ou encore The Halluci Nation (anciennement connu sous le nom A Tribe Called Red) ont inspiré toute une nouvelle génération de kids, autochtones ou allochtones, tant dans le fond que dans la forme. The Halluci Nation, particulièrement, grâce à son ingénieuse utilisation de rythmes et de chants traditionnels dans les samples, mélangés à des paroles engagées, acerbes et inspirantes, ont donné l’impression aux amateurs de découvrir le rap une seconde fois.

Pour une nouvelle initiative cette année, KWE! s’associe à des rappeurs de différentes communautés autochtones et allochtones pour une séance de création en direct. Entre autres, l’artiste micmac Q052, le groupe naskapi Violent Ground, ainsi que Sensei H collaboreront avec certains des jeunes ayant participé à l’appel à tous lancé par KWE!. Deux allochtones et deux Autochtones auront la chance d’écrire et enregistrer un morceau dans un studio mobile installé sur le site du festival, puis de tourner un vidéoclip pour l’accompagner, lors de l’atelier de trois jours.

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Les traditions musicales autochtones et l’héritage de musiciens provenant de ces 11 nations ont profondément changé la musique au Québec, tant dans le son que dans la culture. Les festival « KWE! À la rencontre des peuples autochtones » offre une chance inouïe aux allochtones et aux Autochtones de se rassembler, de discuter et d’échanger autour d’enjeux particuliers et communs. Que ce soit lors d’ateliers de fabrication artisanale, de dégustations de mets traditionnels ou simplement en chant et en danse lors d’un concert, c’est l’occasion d’en apprendre davantage sur les Premières Nations du Québec et, qui sait, peut-être de découvrir votre nouvel artiste préféré!

Pour la programmation complète du festival, rendez-vous sur le site de KWE!