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L’illustratrice du mois : Ana Roy

Et faire des t-shirt avec ce que tout le monde pense tout bas

Par
Jade Fraser
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Anabel Jolin-Roy, c’est la magicienne derrière Ana Roy Illustrations, la rock star des Puces POP, la reine du tote-bag, la gourou du slogan punché-drôle-vrai, bref: l’illustratrice que tout le monde s’arrache depuis 2 ans. On adore le minimalisme de ses dessins et la lucidité humoristique de ses mots, on a donc voulu en savoir plus sur la femme derrière ce succès.

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Anabel Roy, après des études en Design Graphique, tu t’es fait connaître grâce à Instagram et un FOU passage aux Puces POP en 2015. Devant la forte demande pour ton travail, les choses ont déboulé très vite et tu t’es retrouvée à lancer ta compagnie. Les plus grands défis, ça a été quoi pour toi?

Prendre des décisions ce n’est jamais évident pour moi, donc je dirais que TOUT était un défi haha ! Choisir une plateforme pour ma boutique en ligne, choisir le moyen d’expédition, décider dans quel projet j’embarque ou pas, etc. Chaque nouvelle étape était complètement de l’inconnu, je n’avais aucun repère, donc je dirais que la première année fut très chargée en défis, en émotions, mais aussi en belles surprises!

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Arrives-tu à vivre de l’illustration? Si oui, es-tu une exception dans le milieu?

Je suis travailleuse autonome depuis que j’ai terminé mes études, donc, c’est la seule réalité que je connaisse et ça me convient pour le moment. J’ai compris que dans le domaine artistique, c’est plus avantageux de varier ses habiletés pour se créer une sécurité financière.

Certains travaillent en agence, d’autres font des tatouages, des contrats d’illustrations, de la direction artistique… C’est stimulant, mais un peu dangereux de s’y perdre aussi. Ce qu’on ne ferait pas pour vivre de sa passion!

«Ascendant anxieux», «Namasté caliss», «Prends ton pouls, «Fuck le gluten»…

Tu viens de créer un tote-bag pour URBANIA. On voulait célébrer l’amour qu’on porte à notre lectorat et à nos 100 000 abonnés sur Facebook. On t’a lancé ce titre de chanson “Ce soir l’amour est dans tes yeux” et tu nous as répondu ça:

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Comment s’est passée la création?

C’est certain que j’ai beaucoup écouté ladite chanson! Je réalise que c’est différent quand je crée pour les autres et non pour ma propre marque. Je me mets plus de pression et je me laisse aller moins facilement, mais ça me permet de sortir de ma zone de confort. C’est le genre de défi que j’espère relever souvent cette année!

Au Cégep en Graphisme, j’ai souvent eu envie de lâcher le programme juste parce que je ne me sentais pas à la hauteur.

Tes illustrations soulignent avec beaucoup d’autodérision les struggles de notre génération: l’anxiété avec «Ascendant anxieux», le stress avec «Namasté caliss» et «Prends ton pouls», la dépendance à Internet avec «Crissement blessed» et «Un filtre sur le cœur», les modes alimentaires avec «Va donc chia» et «Fuck le gluten» etc…

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POP QUIZ!

Qu’est-ce qui te rend anxieuse?
Chaque fois que je ne vis pas le moment présent! Je me mets à trop penser et adieu la productivité.

Qu’est-ce qui te stresse?
Les deadlines et la pression de performer, mais au final c’est aussi ce qui me pousse à me dépasser, donc j’imagine qu’il faut trouver un juste milieu.

Ta tolérance sans Internet (en minutes, en heures ou en jours)?
Ouf, depuis qu’Internet me permet de gérer mon entreprise, j’ai beaucoup de mal à m’en passer et j’en suis consciente: je déteste cette mauvaise habitude! Je dirais qu’après quelques heures sans Internet ça devient insupportable et je n’en suis pas fière.

Ton nouveau trend alimentaire chouchou?
Je trouve ça fascinant l’alimentation! J’ai trippé sur le popcorn assaisonné à la levure alimentaire, le kale, les graines de chia, la crème glacée au lait de coco… Ces temps-ci, ma collation de fin de soirée préférée, c’est du chou-fleur au four avec huile d’olive, levure alimentaire et Sriracha: j’adore ça! J’essaie de manger moins d’aliments transformés et moins de sucre raffiné, mais sans me culpabiliser quand je ne le fais pas. C’est ça le secret, je crois.

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Ton filtre Snapchat préféré?
J’adore celui de la chèvre! Ça me permet de sacrer avec une petite voix aïgue!

Même si ce ne sont pas des sujets top jojo, les gens n’hésitent pas à s’afficher avec tes illustrations sur leurs vêtements, sacs ou étuis de cellulaires. Qu’est-ce que tu penses du paradoxe d’être fier de revendiquer ses petites failles?

Je me rappelle qu’au Cégep en Graphisme, j’ai souvent eu envie de lâcher le programme juste parce que je ne me sentais pas à la hauteur. J’avais l’impression que tous les autres excellaient facilement contrairement à moi. Plus je me comparais, plus je me mettais de la pression et ça me rendait très anxieuse.

Ça n’aide personne de faire semblant que tout est sous contrôle en tout temps.

J’ai commencé à voir une psychologue à mon cégep et ça m’a beaucoup aidé à dédramatiser. Tout ça pour dire qu’un jour, mes amis m’ont demandé où j’étais passée sur l’heure du dîner. J’avais deux choix; dire que j’arrivais de chez la psy ou mentir. J’ai décidé de leur dire la vérité et, à ma grande surprise, je me suis sentie comprise! Certains pensaient même à consulter aussi!

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C’est là que j’ai réalisé que ça n’aidait personne de faire semblant que tout est sous contrôle en tout temps. C’est bien correct de s’avouer que la vie ne va pas toujours comme on le souhaite, ça rend tout le monde plus humain. Si mes designs permettent à des gens d’être fiers de qui ils sont et d’assumer leurs angoisses avec humour, je trouve ça très fort et très beau.

Toujours avec humour, tu t’inspires aussi de ce qui nous rend heureux. C’est le sujet de ton premier roman graphique: Les Petites Choses. Comment s’est passée ton arrivée dans le monde de l’édition?

Pour la dernière session de mon bac en Design Graphique, j’ai fait un stage en illustration avec Pol Turgeon, un chargé de cours à l’UQÀM. Sachant que la fin de session s’annonçait intense, j’ai opté pour un projet qui me ferait du bien: un livre de choses qui font plaisir.

Maintenant que mon premier livre est publié, j’ai envie d’en faire tout plein!

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En décembre 2015, Renaud de chez Mécanique générale m’a écrit pour me proposer de travailler sur un roman graphique, mon rêve à l’époque! On a donc décidé ensemble de peaufiner mon projet pour ensuite le lancer à l’automne 2016. Maintenant que mon premier livre est publié, j’ai envie d’en faire tout plein!

Dans la catégorie «projet de rêve», j’ai lu entre les branches que tu aspires à dessiner une nouvelle surface telle qu’une van (avis aux propriétaires de van, c’est votre cue) et créer des murales un peu partout dans le monde (avis aux propriétaires d’avion, c’est aussi votre cue). Ta prochaine destination, ce serait où?

L’automne passé, je suis allée deux semaines au Portugal et je vais avouer que j’ai eu un gros crush pour sa capitale qui encourage le street art. Mes destinations préférées seraient partout où je peux dessiner et prendre des pauses au bord de la mer finalement. Mais j’adore passer mes étés à Montréal! On a tellement de beaux festivals que ça me donne envie de dessiner sur les murs, sur des foodtrucks, partout!

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Pour ajouter du feel good dans vos Internets, abonnez-vous à @anabel.roy sur Instagram ou Ana Roy Illustrations sur Facebook.
Pour vous mettre du Ana Roy sur la peau, la boutique est ici !

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