« L’île de l’amour » : Doit-on toujours valider les sentiments de son ou sa partenaire?

La saison 3 de L’île de l’amour s’est achevée en couronnant les gagnants Hugo et Lorie, ce grand couple de tannants repentis. Mais l’autre événement marquant de cette dernière semaine, c’est la chicane assez hilarante qui a pogné entre Bianka et Cedric. Après s’être fait répéter toute la saison que ses sentiments étaient « full valides », le grand moustachu a fini par s’agacer. Et vu les commentaires des téléspectateur.rice.s, il n’était pas le seul à avoir son truck de cette réplique « psycho-pop ».

Plutôt que de m’acharner encore sur cette pauvre Bianka, j’ai décidé de m’intéresser aux principes de thérapie de couple et de communication non violente.

C’est une bonne façon de soutenir l’autre au quotidien et c’est la meilleure façon de régler sainement les conflits.

Si les gens se mettent en couple, c’est principalement pour se sentir aimé et soutenu au quotidien, mais aussi pour s’accompagner de quelqu’un qui veut son bien (à moins que ce ne soit pour gagner 50 000 $ dans une téléréalité). Valider les sentiments de sa douce moitié, au quotidien, ça signifie l’écouter et lui permettre de partager ses émotions sans la juger. En amour, mais aussi en amitié et en famille, on rencontre souvent des gens qui ont tendance à ignorer les sentiments et à proposer des solutions coûte que coûte. Dans les faits, toutes les émotions négatives n’ont pas forcément de solution. Ça ne veut pas dire qu’elles doivent être tues.

Quand une chicane s’éternise ou se répète, souvent, c’est parce que les partenaires ne se sentent pas écoutés ou compris. Dans le cas de Bianka et Cedric, c’était toujours la même chose. Bianka voulait se sentir libre d’explorer ses sentiments avec d’autres gars. Cedric voulait se sentir respecté. On pourrait argumenter que l’un et l’autre ont raison.

Leurs sentiments, en revanche, ne peuvent pas vraiment être remis en question. Qu’ils soient justifiés ou non, ils existent d’un bord comme de l’autre. Même si on ne les comprend pas, les sentiments de notre partenaire existent et ça ne sert à rien de les nier. Le fait d’accepter que notre partenaire ne se sente pas exactement comment on aimerait, va aider à transformer une chicane d’une bataille de pouvoir, à une recherche d’apaisement.

Valider les sentiments de l’autre, ça ne se résume pas simplement à dire « tes sentiments sont full valides », particulièrement quand on précise après que c’est juste une façon de parler. Particulièrement aussi quand on poursuit la discussion en expliquant pourquoi les sentiments en question n’ont pas leur place. Désolée, Bianka.

Voici donc un rappel des principes de communication non violente à deux.

Il s’agit d’identifier concrètement, et de façon neutre, les faits qui sont à l’origine d’un désagrément. Par exemple : « Au lieu de passer la journée avec moi, tu l’as passée sur la plage avec Victor ». La personne qui reçoit cette observation devrait l’accepter comme telle, puisqu’elle est neutre.

Là, on cherche à mettre un mot sur ses émotions. On devrait seulement utiliser la première personne. C’est ce que « je » ressens, pas ce que « tu » me fais ressentir. Par exemple : « Je me suis senti triste et anxieux ». Encore une fois, c’est une observation. Les sentiments existent, même si on estime qu’ils ne sont pas justifiés. La personne qui les reçoit devrait valider leur existence et éventuellement formuler ses propres sentiments. « Je me suis sentie libre et heureuse. »

Chaque partenaire peut maintenant exprimer ses besoins, ce qui lui permettrait de se sentir bien et en accord avec ses valeurs. Par exemple : « J’ai besoin de sentir que je peux compter sur toi pour me rendre en finale ».

Enfin, après avoir clarifié la situation, les amoureux peuvent formuler une requête simple et atteignable qui pourrait potentiellement satisfaire tout le monde. « J’aimerais qu’en revenant de ta date avec Victor, tu me prennes dans tes bras. » (C’est L’île de l’amour, les demandes diffèrent potentiellement un peu de la vraie vie.)

On pourrait évidemment faire le même exercice du point de vue de Bianka.

Comme quoi, avec ses « c’est full valide ce que tu ressens », Bianka était définitivement sur la bonne voie. Je dirais même qu’à quelques étapes près, elle nous a permis de nous ouvrir un peu collectivement à la communication non violente.