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L’humour québécois s’exporte-t-il en France?

Par
David Nathan
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Ce texte est extrait du #30 spécial Humour | Présentement dans les kiosques

Si vous cherchez à joindre un humoriste québécois, il y a de fortes chances que son attachée de presse vous réponde un truc du genre «Je suis désolée, mais Louis-José n’est pas disponible… il est à Paris. Mais qu’ont-ils donc tous à vouloir poser leur valise de l’autre côté de l’Atlantique?La France serait-elle devenue depuis peu la nouvelle Terre Promise de l’humour?

Paris, jour de la fête nationale française. Cathy Gauthier est nerveuse. Dans quelques instants, elle foulera pour la première fois les planches du Point-Virgule, le célèbre café-théâtre parisien. Véritable institution de l’humour, cette salle d’à peine cent places a vu naître la carrière de dizaines d’humoristes français, aujourd’hui devenus des stars : Florence Foresti, Pierre Palmade, Anne Roumanoff, Elie Kakou ou encore Jean-Marie Bigard y ont fait leurs armes.

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Pendant 45 minutes, l’humoriste originaire d’Arntfield en Abitibi devra convaincre ce public parisien à la froide réputation. Le trac est bien là mais joue étrangement les euphorisants. «Je me souviens que j’étais sur l’adrénaline avant de monter sur scène, j’étais anxieuse et très impatiente en même temps, ça m’a fait l’effet d’un verre d’alcool… j’étais rendue pompette!» se souvient Cathy Gauthier.

La faconde de Cathy et son humour imparable auront très vite raison des 50 spectateurs venus l’applaudir ce soir-là.

Le spectacle se termine et l’humoriste a de quoi être fière: la salle a embarqué du début à la fin, emballée. Trois représentations plus tard, le Point-Virgule affiche complet.

Sur scène, Cathy Gauthier a certes fait quelques concessions lexicales, le classique «ski-doo» est devenu «motoneige», mais à part ça, l’humoriste n’a pas travesti son humour. «Plusieurs personnes m’avaient déconseillé de faire mes blagues les plus crues, mais finalement, les Français ont adoré entendre une fille parler de sexe!»

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En ce 14 juillet, celle qui nous confie avoir fait ses premières «jokes de pénis» à l’âge de quatre ans vient de réussir ses premier pas dans le milieu de l’humour français. Cathy Gauthier sort de scène, soulagée. Dehors, Paris célèbre sa révolution à grands coups de feux d’artifice.

La prochaine hydro-électricité
L’humour québécois s’exporte-t-il en France? On sait qu’Anthony Kavanagh et Stéphane Rousseau ont réussi à titiller les zygomatiques de nos chers cousins, mais qu’en est-il des autres humoristes ? Ont-ils vraiment leur chance ?
Pour le producteur français d’Anthony Kavanagh, Philippe Delmas, le succès de son protégé n’a rien à voir avec son pays d’origine. «Anthony n’est pas devenu populaire en France parce qu’il était Québécois, mais parce qu’il est arrivé avec un produit qui n’existait pas avant ici : un spectacle “à l’américaine”, qui impliquait une grosse machine scénique. Il est ce qu’on appelle un showman.»

Même analyse du côté du directeur d’antenne de la station de radio française Rire & Chansons, Alain Quarré. «Je ne dirai pas qu’il existe un humour québécois, mais qu’il existe une façon d’occuper la scène. Un professionnalisme que les Nord-Américains comme Anthony ont naturellement dans la peau, explique-t-il. Les Français sont plus dans une tradition de sketch.»

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En effet, si le Québec et la France partagent la même langue, les deux nations sont en revanche aux antipodes en ce qui concerne le traitement. Stand-up d’un côté de l’Atlantique et sketch à personnages de l’autre. Cette différence est parfaitement illustrée par un sketch diffusé lors d’un gala Juste Pour Rire, mettant en scène l’humoriste français Jean-Luc Lemoine et le Québécois Laurent Paquin. Alors que le premier est assis en face du public, en pleine conversation avec son psychanalyste imaginaire, Laurent Paquin entre sur scène et interrompt brutalement le dialogue: «Excuse-moi, Jean-Luc, mais… avec qui tu parles, là ? Il n’y a personne en avant de toi !»

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