.jpg)
Publicité
Ce n’est pas nouveau qu’on applaudit avec enthousiasme les femmes qui, de plus en plus, débarquent dans le monde de l’humour. Tranquillement, le girl power trouve son prolongement dans l’univers du comique.
Même si, soi-disant, elles sont « pas drôles », les filles. Pfff.
jokes
Bref, bien que plus en plus de femmes à la couenne dure prennent d’assaut la scène humoristique, la misogynie largement admise et véhiculée dans le monde du comique, elle, semble persister. Comme si les femmes étaient maintenant là pour répondre aux railleries, sans pour autant en annihiler la mécanique sexiste.
Solange te parle
« Sur le Net, j’ai pas mal d’agresseurs mâles de 25 ans qui se sentent attaqués parce qu’ils ne savent pas où se positionner par rapport à ce que je fais. Ils se disent ‘y’a un truc qui cloche avec elle, elle n’essaie pas de me séduire’. »
Publicité
Personnellement, je trouve que ça frise le génie. J’aime les gags rhétoriques, le sarcasme, l’insolite, l’emploi du « bon parler » comme levier humoristique…
Plus récemment, elle a gagné en popularité avec ses capsules « Je lis tous tes tweets », sur France Inter. Avec Solange, on entrevoit que les filles qui vont carrément ailleurs dans leur humour se font parfois faire la vie dure par le mâle moyen, déstabilisé par le rapport dénaturé qu’on lui impose avec la figure féminine.
Je constate que souvent, les femmes font rire en renvoyant la balle aux hommes. Comme un humour réactif, par la négative. Au lieu de faire bande à part, elles s’illustrent en réaction à l’humour mâle.
Elles récupèrent les attaques misogynes avec autodérision et beaucoup d’aplomb, mais ne s’en distancient pas tout à fait. Toujours subsistent, dans les thèmes qu’elles abordent, les stéréotypes féminins et matrimoniaux; le rapport caricatural au corps, à la condition féminine…
C’est un peu comme si les femmes humoristes, pionnières remarquables par ailleurs, acceptaient néanmoins la chape sexiste qui plane sur le monde humoristique.
Publicité
« C’est bien que je mette mal à l’aise ce genre de mecs. Être un fille drôle sans jouer le mec et faire des blagues de scato, c’est possible. Il faut empêcher les femmes de se dégrader pour faire rire».
Je ne sais pas si c’est à la « dégradation » qu’il faut s’attaquer, ou simplement au choix des thèmes, mais enfin.
Certes, le public français n’est pas le public québécois. Et Solange n’a pas autant de succès ici. Mais l’exemple parle.
J’ai essayé de trouver l’équivalent québécois de Solange. André Sauvé serait probablement la meilleure analogie. Or, la question s’impose: une version féminine d’André Sauvé aurait-elle pu se frayer un chemin jusqu’au même succès, à talent égal? C’est à méditer.
mainstream
Le point sur Robert
stand-up
Le gouvernement insivible
Toujours est-il que je sais reconnaître et saluer sans complexe les « bons gags » des Martin Matte et Alexandre Barrette de ce monde (pas qu’ils soient particulièrement sexistes, j’y réfère plutôt en temps que figures de succès). « Est bonne» vais-je donc souvent souligner, mais stoïquement.
Publicité
Donc sans vouloir démolir quoi que ce soit ni généraliser, je questionne cette omniprésence du sexisme dans l’humour traditionnel.
Je me plais à voir des femmes faire elles aussi le pitre sur scène. Il y a 200 ans encore, elles ne pouvaient même pas rire en public sans retenue, alors, ein!
Mais tant qu’à briser les carcans, continuons en ce sens et osons questionner le « lobby mysogine » du monde de l’humour.
***