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Ce texte est extrait du #29 spécial Gros, présentement dans les kiosques.
Image : Marie-Claude Hébert
C’est le mononcle au jour de l’An, l’improvisateur vedette au cégep, l’esthéticienne portugaise à côté de chez nous. C’est Lise Dion, Laurent Paquin, Guylaine Guay, Antoine Bertrand, Ginette Reno. C’était Manda Parent et John Candy. Ce sont aussi plusieurs des Belles Sœurs de Tremblay, peut-être votre belle-sœur à vous. Paul Buissonneault. Sonia Vachon, Philippe Laprise et le chauffeur d’autobus chantant sur l’Avenue du Parc.
Dans un modèle « plus » réduit, c’est Sylvain Larocque, Jean-François Mercier et Jean-Michel Anctil – que l’on mélange avec l’autre, là, Mario Jean. Ils sont gros et comiques. Elles sont rondes et bidonnantes. On ne sait pas trop si l’un vient d’emblée avec l’autre, mais on les croise souvent ensemble, le surpoids et la drôlerie, comme les gais viennent souvent avec du goût et les Jackie avec un maquillage permanent.
Il n’y a pourtant rien de moins drôle, ex æquo avec la tache de vin dans le visage, qu’un problème de poids. Ce n’est donc pas la bedaine, la blague. Du moins, depuis la sixième année primaire que je n’ai pas côtoyé celui qui rit du gros parce qu’il est gros. On rit d’ordinaire avec le gros parce qu’il est drôle.
Sachez d’abord que les hypothèses que je propose ici sont loin d’être scientifiquement vérifiées. Il aurait fallu, pour cela, que je dissèque une grosse funny, que j’isole le gène d’obésité responsable de la mauvaise gestion de sa prise alimentaire, que j’analyse la partie droite de son cerveau pour savoir si sa constitution cérébrale peut justifier son sens du punch et que je fasse l’exercice comparatif sur au moins un millier de gros et grosses, le tout avec mes seules études en communications et un retard jamais rattrapé en motricité fine.
Bref, les spéculations basées sur des observations gratuites, c’est davantage mon affaire.
Réfléchissons-y donc. On ne mesure pas les aptitudes humoristiques de quelqu’un par ce qu’il dit ou fait, mais par l’effet qu’il exerce sur son prochain. Un drôle tout seul chez lui, sans public pour le proclamer drôle, c’est juste un gars vif d’esprit avec une rate en santé. C’est donc dire que pour que quelqu’un se targue d’être comique, il doit se faire approuver par d’autres. Or, l’homme étant un loup pour l’homme et n’accordant pas son rire à n’importe qui, il ne se méfie cependant jamais du gros à première vue, sachant que le gros a au moins un défaut que lui n’a pas : il est gros. L’homme-loup relâche donc naturellement son ventre à lui, prend tranquillement ses aises et laisse le gros utiliser l’espace de divertissement en se disant que, de toute façon, jamais sa blonde ne repartira avec pareil clown. Ce qui, dans les faits, n’est pas si sûr.
Mon esthéticienne portugaise a gagné ma confiance – et, la seconde d’après, mon rire – par sa corpulence. Sans blague, « Elle doit tellement en avoir, elle, de la broussaille à enlever! », que je me suis dit. Bon. Toujours est-il qu’elle s’est avérée l’esthéticienne la plus drôle au monde, mais aurais-je été aussi encline à rire si elle avait eu l’allure de Twiggy?
[…] La suite à lire dans le #29 spécial Gros, présentement dans les kiosques.