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Quand mon horloge biologique a sonné, j’ai ressenti de la honte. La honte de devoir l’annoncer aux futurs hommes que j’allais rencontrer, car j’étais célibataire. J’anticipais leurs yeux de chevreuils sur l’autoroute, leur panique et toutes les phrases que j’avais entendues par le passé.
« Elle voulait juste ma semence. »
« Elle ne cherche pas un chum elle veut un père pour ses enfants. »
« Ça sentait les ovules qui sèchent son affaire. »
Même avant que la mienne sonne, je rectifiais toujours le tir. « T’as-t-elle dit : « Voici un petit pot, va à la salle de bain, laisse-le sur le comptoir, ce fut un plaisir de te rencontrer? » Qu’est-ce qui te fait dire qu’elle ne cherche pas les deux, un partenaire de vie ET un père pour ses futurs enfants? Des ovules qui sèchent est-ce que ça sent comme ta poche qui ratatine? »
Le sentiment d’urgence chez certaines femmes est normal. Beaucoup de corps sont ainsi programmés et je déplore le fait qu’on nous remette en pleine face notre réaction lorsque l’alarme conçue pour garder la race humaine en vie sonne.
On ne rentre quand même pas dans la chambre d’un homme pendant son sommeil avec une trayeuse!
À 36 ans, j’ai été celle qui cherchait un homme pour bâtir son clan. Je regardais non seulement les qualités de l’homme assis à ma table mais je cherchais aussi à savoir quel genre de futur père j’avais devant moi. Protéger ses enfants, ça débute avant même que le spermatozoïde rencontre l’ovule. Ça commence par choisir le bon, qui saura les élever et les aimer.
Après quelques rencontres, plutôt ordinaires ou carrément désastreuses je te dirais, j’ai trouvé mon match. À notre première date il m’a dit qu ’il était papa d’un pré-ado et que malgré sa garde partagée 50-50, son gars pouvait venir chez lui n’importe quand. Je lui ai dit que c’est un papa comme ça que je voulais pour mon enfant et personne n’a pris ses jambes à son cou.
Cours de biologie 101 :
La femme nait avec son lot d’ovules qui vieillissent au même rythme qu’elle et ce, sans maquillage ni Botox. On aura beau faire du crossfit, manger du chou kale ou suer du yoga chaud, nos ovules sont programmés pour mourir avant nous.
Quarante ans c’est peut-être le nouveau trente pour notre face mais pas pour nos organes. Le système reproducteur n’en a rien à foutre des nouvelles réalités sociales, des études prolongées, des changements de carrières. Pour lui, quarante, c’est quarante. Le temps est réellement compté. Entre 35 et 40 ans, il n’y a que soixante ovulations possibles et chaque ovulation est loin d’être une fécondation garantie.
On ne devient pas des zombies qui fixent des scrotums en marchant dans la rue.
Ce serait hypocrite de faire semblant que notre envie de faire des héritiers n’est pas encore fixée lorsqu’elle l’est, même que je trouve qu’annoncer ses intentions dès le premier rendez-vous, c’est une belle forme d’honnêteté.
Faut toutefois savoir que le sentiment d’urgence ne tue pas notre jugement. On ne devient pas des zombies qui fixent des scrotums en marchant dans la rue. On va comprendre rapidement si un homme n’est pas prêt à s’engager et c’est exactement ce qu’on veut savoir.
Les femmes ont d’autres options même si « elles sentent les ovules qui sèchent ». C’est terminé le temps où on était des vieilles filles réprimandées par le clergé et pointées du doigt par le village. Plusieurs vont préférer le sperme d’une banque de donneurs ou celui d’un ami et même aller jusqu’à faire le deuil de la maternité avant de s’acoquiner avec le premier venu. C’est plutôt dégradant de penser qu’on va mouiller juste parce que monsieur a des REER. On n’arrachera pas notre linge devant eux en criant : FAIS MOI UN ENFANT MAINTENANT!
Avoir l’horloge biologique dans le tapis, ce n’est pas un défaut, c’est ce qui fait que l’humain existe. Si c’est le cas de quelques lectrices, il n’y a certainement pas de honte à avoir et je vous souhaite la meilleure des chances dans votre quête du clan.
Mélanie vient de publier son second roman, À la conquête du clan, aux Éditions de L’Homme.
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