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L’histoire traumatisante de Maeva, harcelée par son hôte Airbnb : « Il débarque dans la salle de bain, la bite à l’air »
C’était en juin 2021. Je suis partie deux semaines solo sur l’île de Lanzarote, à l’est de l’archipel des Canaries, en Espagne, faire de la plongée et du surf.
L’histoire se déroule au tout début de mon voyage, alors que je passe trois jours à Puerto Del Carmen, une des plus grosses stations balnéaires de l’île. J’y ai loué mon premier Airbnb du séjour : une chambre privée dans une petite maison, habitée par un couple. Normalement, ils n’auraient pas dû être là cette semaine, mais finalement la femme avec qui je suis en contact m’informe que son mari sera sur place. Aucun problème.
J’arrive à l’appartement en fin d’après-midi. Il n’y a personne. Comme convenu avec la proprio, je récupère donc les clés dans sa boîte aux lettres et prends mes quartiers dans la chambre qui m’est destinée. Ensuite, je ressors faire quelques courses, et à mon retour, le mari est là. Sympathique, il me salue, me demande si j’ai fait bon voyage. On échange quelques banalités sur la météo, sur mon programme de la semaine et sur notre vie en général. À base de « c’est la première fois que tu viens à Lanzarote? », de « tu as de la chance, il va faire super beau cette semaine » et de « qu’est-ce que tu fais dans la vie ? ». Une discussion de bienvenue plutôt agréable, somme toute.
Ah oui, juste un petit détail, dans l’interrogatoire, il me demande également si j’ai un copain. Sur le coup, je suis un peu surprise, mais innocemment, je lui réponds que non. Bref, la discussion se termine, chacun retourne vaquer à ses occupations. Enfin… Je rejoins ma chambre, pendant que lui se pose en sous-vêtements sur le canapé du salon et allume la télévision. « Ok, bizarre… », me dis-je. Je suis un peu mal à l’aise, mais je me convaincs qu’après tout, le mec est chez lui et qu’il fait ce qu’il veut…
Dans l’interrogatoire, il me demande également si j’ai un copain.
La nuit passe. Le lendemain, on ne se croise pas de la journée. Chacun fait sa vie. Pour ma part, je passe l’après-midi à découvrir la richesse du monde sous-marin de l’île. J’en prends plein les yeux. En fin d’aprem, fatiguée, je rentre et décide de me poser une petite heure sur le balcon de la maison avec une bière fraîche et mon livre, en attendant de me faire à dîner. Le bonheur!
Le propriétaire arrive, me salue. Très sympathique toujours. On échange une nouvelle fois quelques banalités sur nos journées respectives, puis il me demande si j’ai quelque chose de prévu pour le dîner. « Pas vraiment. J’avais simplement l’intention de me cuisiner rapidement un plat de pâte ici. » « Super, dînons ensemble ? », propose-t-il. Je valide l’idée : « Oui, pourquoi pas! »
« C’est très sensuel, la langue française »
Je finis rapidement ma bière et je le rejoins donc derrière les fourneaux. En dix minutes, les pâtes sont prêtes. Parfait, j’ai super faim! Il s’occupe de mettre la table pendant que je finis de remuer la sauce. Puis, une fois que tout est prêt, chaud devant, je le rejoins. Je m’assois. On se sert chacun notre tour. Puis, on discute tranquillement en mangeant. Des banalités, toujours.
Simplement, au fur et à mesure de la discussion, je commence à faire un peu attention au cadre qui nous entoure : nous dînons face à face, dans une ambiance assez feutrée-tamisée-chaleureuse. Le mec a sorti des verres à pied de patron et de la vaisselle un peu fancy. Je crois me souvenir d’une bougie aussi. Ça ressemble un peu à un date. Je ne suis pas super à l’aise, mais bon, en réalité, le comportement du type est tout ce qu’il y a de plus normal, donc je n’y prête pas trop attention. Je me dis juste que ça y ressemble.
Toujours avec un regard de braise qui en dit long, il poursuit : « C’est très agréable de parler avec toi. Tu es une fille intelligente. » Malaise total.
Bref, la conversation continue. On parle de sa vie. Il m’explique qu’il habite six mois par an en Italie et le reste du temps ici, en Espagne. De mon côté, je lui parle de ma vie à Paris, du triptyque métro, boulot, dodo. Et là, de nulle part, le mec fait une fixation sur le mot « métro », ou plutôt sur mon accent français lorsque je prononce le mot « métro ». « C’est très sensuel, la langue française », me lance-t-il, en ayant activé son regard de dragueur. Je ne relève pas, je fais semblant de ne pas avoir entendu et je plonge la tête dans mes pâtes pour éviter de croiser ses yeux. Il renchérit : « Vraiment, c’est très sexy. »
Super, le mec persiste et signe. Je pique un fard. Je suis ultra gênée. Je ne réponds pas. J’active le mode sourde oreille, cause toujours, tu m’intéresses. Lui part carrément en roue libre. Toujours avec un regard de braise qui en dit long, il poursuit : « C’est très agr éable de parler avec toi. Tu es une fille intelligente. » Malaise total. « Non mais il n’était pas censé être marié en plus celui-là? »
Je finis mon plat en une minute chrono, je débarrasse mon assiette et je sors fumer. Bien sûr, il me suit et continue sa parade nuptiale. Je reste de marbre. Puis, en rentrant à l’intérieur pour aller faire la vaisselle, je lui demande si ce sont ces enfants – pensant le remettre un peu à sa place – qui trônent dans les cadres de son salon. Touché. Là, il me sort la carte du « je n’ai pas envie d’en parler, en plus ça se passe mal avec leur mère ». Super. Je ne réponds rien. Il est minuit passé, il ne faut plus donner à manger au Gremlins.
Je termine la vaisselle. Il est juste à l’entrée de la porte de la cuisine. Et là, je capte. Pour sortir de la pièce, je vais devoir passer à côté de lui. Je veux dire, limite le frôler. Bien vu l’aveugle! Le type est malin. Je suis super mal à l’aise. Pendant une minute, je me demande même si je ne vais pas l’embrasser, « comme ça au moins ce sera fait ». Je reprends vite conscience de l’absurdité de ma pensée – « non mais n’importe quoi » – et finalement, je réussis à m’échapper en me collant contre le mur opposé et je m’enferme dans ma chambre.
Il me propose de rester une nuit supplémentaire « gratos »
Le lendemain, je me lève aux aurores, je passe toute la journée à l’extérieur et le soir, je fais exprès de manger au resto pour ne pas avoir à le croiser.
«Je n’ai pas l’habitude de recevoir des filles aussi jolies dont je pourrais tomber amoureux.»
22 h 30, je rentre. Il est là. Je lui dis à peine bonsoir et je fonce dans la salle de bain pour me laver les dents. Il me suit jusqu’à la porte et me présente ses excuses. Dans un premier temps, je me dis « ah c’est cool qu’il reconnaisse avoir été lourd », jusqu’à ce qu’il me sorte l’argument fatal de « je n’ai pas l’habitude de recevoir des filles aussi jolies dont je pourrais tomber amoureux ».
Ok, donc là, j’ai vraiment affaire à un cas désespéré. Je suis au summum de la gêne. Et je ne sais pas ce qui se passe dans ma tête à ce moment précis, mais – alors que j’aurais voulu lui rentrer dedans – je hoche la tête et je vais me coucher en marmonnant que « ce n’est pas grave ».
9 h du matin, je disparais à mon cours de surf et je reviens à l’appartement vers 14 h pour manger un bout puis préparer ma valise (je pars dans l’après-midi). Je me fais assez discrète parce que j’ai l’impression qu’il fait la sieste. J’espère secrètement partir sans le croiser. Et alors que je me brosse les dents après avoir déjeuné, qui est-ce qui débarque dans la salle de bain? Le mec, LA BITE À L’AIR, qui essaie de discuter avec moi tranquille.
Je suis complètement tétanisée. Rouge comme une tomate. Le cœur qui cogne contre ma poitrine. Je n’écoute même pas ce qu’il me baragouine, je me répète simplement de « ne surtout pas regarder en bas », « ne surtout pas regarder en bas », « ne surtout pas regarder en bas »… Il me propose de rester une nuit supplémentaire « gratos ». J’hallucine. Je réactive le mode sourde oreille, je prends mon sac à dos et je m’enfuis. Lui, toujours dans son plus simple appareil, me donne comme consigne de « laisser les clés sur la table » et retourne faire sa sieste.
Je suis un peu sous le choc lorsque j’arrive dans ma voiture, mais je prends le volant immédiatement avec une seule idée en tête : m’éloigner le plus vite possible de ce taré. Et alors que je suis sur la route, je reçois le commentaire Airbnb de sa femme : « Maeva* est une super invitée. Elle peut revenir quand elle veut! » N’y compte pas. On ne m’y reprendra plus.
*Le prénom a été modifié.
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Ce texte a d’abord été publié sur urbania.fr
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