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L’histoire incroyable de Romain : « Tu as pris trop de drogues et tu es en plein trip! En plein bad trip! »

Un voyage, et toute une histoire.

Par
Anne-Laure Mignon
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Deux fois par mois, URBANIA vous propose un rendez-vous de témoignages qui retrace des histoires incroyables. Des moments de vie en voyage, des naissances, des ruptures, des rencontres improbables, des défis insolites… Le genre de série que l’on a envie de scroller sur son téléphone sur la plage, aux toilettes ou même dans le métro. D’ailleurs, si vous aussi avez vécu une histoire incroyable et voulez la partager avec nous, n’hésitez pas à nous écrire à [email protected] (à l’attention d’Anne-Laure Mignon). En attendant, c’est Romain, 32 ans, qui raconte…

(NDLR : vous avez déjà entendu parler de Romain dans une précédente histoire incroyable. Souvenez-vous, il nous avait raconté comment il avait fini par poser nu pour un genre de Claudy Focan australien alors qu’il était à Sydney. Quelques mois plus tard, il lui est arrivé une nouvelle bricole…)

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C’était en mai 2013, toujours en Australie. À l’époque, j’allais avoir 23 ans. Pas farouche pour un sou, j’étais encore dans cette période insouciante d’adolescent qui chatouille les limites…

L’histoire se déroule alors que je suis de passage à Melbourne. J’en profite pour passer la journée avec un ami qui habite sur place. C’est un gars que j’ai rencontré quelques mois plus tôt en Tasmanie. C’est avec lui que j’ai fait mon premier woofing. Là, il me propose de venir prendre un café chez lui avec ses colocs. Sounds great!

« Fais doucement, j’ai prévu un autre truc derrière »

Comme convenu, j’arrive chez mon ami aux alentours de 11 h. Je découvre l’endroit; un genre de squat un peu grunge. Vraiment, la caricature d’une colocation de fêtards où il reste des cadavres de bouteilles sur la table basse, où les volets sont à moitié baissés et où les murs sont couverts de peinture psychédélique. *Ça annonce la couleur pour la suite.*

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Bref, on se salue, je discute rapidement avec ses deux colocs. L’un d’eux me sert un café et me propose directement un space cake. Ça commence fort! Et puis, avant même que je croque dedans, mon ami m’alerte, sourire en coin : « Vas-y doucement, j’ai prévu un autre truc derrière. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. À peine le space cake englouti, il me file tout l’attirail nécessaire pour la seconde étape. La 2C-I (drogue hallucinogène puissante). Je pose une goutte du produit sur mon buvard, puis je le place sous ma langue. Et puis j’attends. Au début, rien à signaler. C’est normal, ça met un peu de temps à « monter ». Et finalement, au bout d’une heure, les effets commencent : je sens mon cœur qui s’emballe, la drogue qui monte. Je deviens particulièrement sensible à tout ce qui m’entoure.

Avec mon ami, on sort dans son jardin, on s’assoit et on commence à discuter. On refait le monde. Dans ma tête, c’est dingue : chaque fois qu’on aborde un nouveau sujet, je vois le dossier de notre conversation s’ouvrir, comme si on était dans un bureau et que chaque thématique abordée était rangée dans un casier. La sensation est incroyable!

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« Je suis dans l’espace »

Au bout d’une heure (j’imagine, il faut dire qu’on a rapidement perdu la notion du temps), on rentre à l’intérieur. Là, on joue aux fléchettes, on rigole entre nous, on fout un peu le bordel chez lui puis on se prépare pour aller faire un tour. Sauf que juste avant de franchir le pas de sa porte, on tombe nez à nez avec son bang. On décide de fumer un petit coup. Après quelques taffes, le verdict est sans appel : je suis dans l’espace. Dans le cosmos.

Et c’est lorsque mon ami me demande si de mon côté j’ai ramené quelque chose (sous-entendu de la drogue ou de l’alcool), que tout part à vau-l’eau. La réponse est non, je n’ai rien sur moi. « Rien ? » Je le sens devenir agressif. Ses deux colocs aussi. Perturbé par leur comportement, je les laisse pour aller m’asseoir dans ma voiture, histoire de réfléchir à la situation et souffler un peu.

L’un d’eux me suit. Toujours l’air menaçant. Il me demande si ça va et me propose une cigarette. Je refuse sèchement. Je sens le piège. Je sens qu’ils sont énervés contre moi et qu’ils vont me faire payer le fait d’être venu les mains vides. Je reste silencieux. Et puis finalement, face à mon stoïcisme, le coloc de mon ami rebrousse chemin en direction de leur appart. Ouf, enfin seul, je suis soulagé! Même si je sais qu’au fond, ils me scrutent depuis leur maison. C’est sûr, ils veulent se venger.

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Je réfléchis quelques minutes. Il faut impérativement que j’échappe à leur surveillance. Pour ce faire, je décide de sortir de la voiture. Sauf que dehors, même chose. Les gens sont devenus fous. Devant moi, un couple se dispute violemment. Ils crient et se frappent. Je suis complètement choqué.

« Ça fait tilt dans ma tête : ils font partie d’un gang dangereux »

Et puis je repense à mes potes et à leur comportement. D’un coup, ça fait tilt dans ma tête : ils ont tout manigancé de manière à ce que je m’éloigne de ma voiture et qu’ils puissent me la voler. Ils font partie d’un gang dangereux! C’est pour ça qu’ils habitent dans un squat! Tout s’explique enfin! Je reviens alors rapidement sur mes pas pour vérifier que mon véhicule n’a pas été volé. Eureka, il est toujours là! Mais pour combien de temps encore?

J’ai une idée! Je reviens tout juste d’une ferme dans laquelle j’ai fait le plein de victuailles : de sauces tomate, de confitures, de pots de miel maison, etc. Peut-être que si je leur donne, ils accepteront de me laisser tranquille? Mais oui, bien sûr, c’est ça, la solution! Ni une, ni deux, je récupère toute la marchandise et je retourne en direction de l’appart de mon ami. Je pose tout sur la table sans leur adresser un mot, en les fixant du regard avec persistance, puis je m’échappe aussitôt. Dans ma tête, c’est bon, je suis libre, j’ai payé ma dette!

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Je me redirige donc vers ma voiture avec l’idée de quitter cet endroit au plus vite. Sauf qu’en démarrant mon véhicule, je percute la bagnole garée derrière moi. Putain de merde! Je me tire à toute vitesse parce que je comprends alors qu’après le gang, ce sont les flics qui risquent d’être à mes trousses! Je me gare trois rues plus loin dans une petite ruelle sans issue, en face d’un mini square pour enfants. Là, c’est sûr, je suis bien caché. Ils ne me trouveront jamais. Je ferme les rideaux de ma voiture et j’attends. J’ai l’impression d’être dans un film. En pleine traque.

Mon ami me téléphone et me demande : « T’es où? » Aïe. Je reste flou et je raccroche. Il ne faut pas qu’il me repère. Je me cache sous ma couette. Quand tout d’un coup, j’entends le bruit d’un hélicoptère. C’est sûr : c’est pour moi. Ils me cherchent. Ils me cherchent. Ils me cherchent. Je suis en panique. C’est sûr, je vais finir en prison!

« Plus jamais ça ! »

Vers 20 h, 20 h 30, toujours caché sous ma couette, je décide de téléphoner à ma copine de l’époque pour lui raconter ce qui vient de se passer et voir si elle peut m’aider. C’est la seule en qui j’ai confiance. Je lui raconte la drogue, le gang, la bouffe, l’accident, la police qui me cherche, l’hélicoptère… Elle me fait redescendre immédiatement, me fait entendre raison : « Tu as pris trop de drogues et tu es en plein trip! En plein bad trip! »

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Mais bien sûr! Je reprends mes esprits. Je me marre. Je me sens con. Je raccroche. Je sors de ma tanière et je retourne chez mon ami. De son côté, il est également en panique : il pensait qu’il m’était arrivé quelque chose… Que j’avais été arrêté ou pire, que j’étais mort. On passe finalement la soirée ensemble et on va se coucher. Le lendemain, on se refait le film de notre trip et on convient tous les deux : « Plus jamais ça! » Les acides, ce n’est vraiment pas fait pour moi. Mais, me demande-t-il : « Est-ce que tu as déjà testé l’ecstasy? »

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Ce texte a d’abord été publié sur urbania.fr
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