.jpg)
L’histoire incroyable de Romain : « Je suis nu, debout sur un canapé, les bras en flèche en train de me faire photographier »
Depuis cet été, deux fois par mois, URBANIA vous propose un rendez-vous de témoignages qui retrace des histoires incroyables. Des moments de vie en voyage, des naissances, des ruptures, des rencontres improbables, des défis insolites… Le genre de série que l’on a envie de scroller sur son téléphone sur la plage, aux toilettes ou même dans le métro. D’ailleurs, si vous aussi avez vécu une histoire incroyable et voulez la partager avec nous, n’hésitez pas à nous écrire à [email protected] (à l’attention d’Anne-Laure Mignon). En attendant, c’est Romain, 32 ans, qui raconte…
C’était en décembre 2012. Je suis parti voyager en Australie pendant un an avec ma copine de l’époque. Nous avions tous les deux obtenu notre Working Holiday Visa. L’idée : faire le tour du pays en se trouvant quelques petites jobs à droite et à gauche pour financer notre projet. Serveur, cuisinier, agent d’accueil, farmer, nous étions ouvert.e.s à tout!
Nous arrivons donc à Sydney, point d’ancrage de notre voyage. Ma copine trouve très rapidement une première job de serveuse topless sur des bateaux de croisière. Elle est ultra bien payée : 100 $ de l’heure. Puis, elle commence également à bosser dans d’autres bars et à faire des shootings photos de nu. Elle me branche sur l’un d’eux : cette fois le gars recherche un homme.
De nature assez curieuse et ouverte, j’accepte. Pourquoi pas, après tout? Je me rends à un premier entretien avec un CV bidonné qui mentionne que je suis mannequin. Ça fonctionne, le gars m’embauche! Il me donne rendez-vous quelques jours plus tard à 100 km de Melbourne, me paye l’avion et le taxi (soit près de 350 $) et me ramène dans une villa incroyable. Une villa à l’américaine, avec énorme piscine, baies vitrées, la totale. D’ailleurs, quand le taxi arrive, il lui demande carrément d’attendre devant la villa le temps de la séance photo pour me ramener à l’aéroport après. Pour 400 $ de plus. Le type a clairement les moyens de ses ambitions.
« Il vire un peu pervers, à la Claudy Focan »
Là, il me fait d’abord enfiler plusieurs tenues et poser autour de la piscine. Je suis assez à l’aise, j’ai adopté mon rôle de mannequin. Ensuite, on continue le shooting en caleçon, puis nu. Pareil, je suis assez détendu, le mec n’est pas du tout bizarre et ne me demande rien qui pourrait me faire sentir inconfortable. On fait quelques clichés autour de la piscine, donc, puis sur le transat, sur sa terrasse et enfin, il me propose de passer à l’intérieur de la maison. Je le suis en direction du salon.
Là, je commence à réaliser : je suis quand même nu, debout sur un canapé, les bras en flèche en train de me faire photographier. Je commence sérieusement à me demander ce que je fous là. Mais je relativise intérieurement : « Ça va, en réalité, mes poses sont relativement soft, rien que je n’assume pas. » J’écourte quand même plus ou moins le moment et on se dirige ensuite vers la salle de bain.
À ce moment, le photographe me demande de me doucher. Ok. Pareil, je commence à être un peu réticent. Et lui commence à vouloir me filmer et vire un peu pervers, à la Claudy Focan dans Dikkenek. Je me rétracte donc complètement. Je suis ses consignes, je prends ma douche, mais vraiment sans aucune once de sensualité, comme s’il était 8 h du matin et que j’allais au boulot.
J’expédie la séquence. Puis il m’invite à poursuivre dans la chambre. Là, il me fait enfiler un caleçon moule-bite, me demande de me mettre sur le ventre, de le baisser légèrement et de lever les fesses. C’est trop pour moi! Je démissionne. Je le regarde droit dans les yeux et je lui dis : « Stop, j’arrête. » Il lève les mains, lâche son appareil et bat directement en retraite : « OK. » Je pense qu’il voulait juste connaitre mes limites. Il me file les 350 $ que nous avions prévus (alors qu’il reste normalement encore deux heures sur trois de shooting), me laisse me rhabiller et me raccompagne jusqu’au taxi.
Le taxi m’emmène à l’aéroport, où je commande un énorme burger en attendant l’avion, en me repassant le film de ces dernières heures, mi-choqué, mi-amusé. Le lendemain, curieux, j’envoie un message au type pour qu’il m’envoie les photos. Aucune réponse. Je relance un peu plus tard dans la semaine. Toujours aucune réponse. Je n’ai jamais eu de nouvelles.
Dommage, j’aurais rêvé pouvoir récupérer cette fameuse photo de moi à 22 ans, nu, debout sur un canapé, les bras en flèche…
+++
Ce texte a d’abord été publié sur urbania.fr
Oui oui, on est aussi en France! Et pour nous lire, même pas besoin de prendre l’avion, juste à cliquer ici.