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L’histoire du vélo en 7 moments marquants
Avec toute l’agressivité qui entoure les conversations sur le vélo et le partage de la route ces temps-ci, on finit par oublier que la bicyclette est une invention pas mal extraordinaire. Comme on fête cette année ses 200 ans, on a décidé de souligner quelques grands moments de son existence.
1818 : Naissance du vélocipède
L’ancêtre du vélo a été imaginé en 1817 par un inventeur compulsif, le baron allemand Karl Drais. Au départ, sa Laufmaschine (« machine à courir ») n’avait pas de pédales : on avançait en en poussant ses pieds sur le sol. Renommée draisienne, le Baron la présente à Paris en avril 1818, sous des regards sceptiques. Dans les années 1870, la draisienne devient le grand-bi avec son immense roue avant et ses pédales, puis quelques années plus tard la bicyclette de sécurité (baptisée ainsi parce qu’elle était moins dangereuse que le grand-bi), qui ressemble pas mal aux vélos d’aujourd’hui. Deux cents ans plus tard, la draisienne est un jouet pour enfants, et on produit plus de bicyclettes que d’autos dans le monde. Pas mal, monsieur le baron.
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La Laufmaschine de Karl Drais von Sauerbronn/Crédit photo : Gun Powder Ma
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Le grand-bi (à gauche) et la bicyclette de sécurité (à droite)/Crédit photo : H. Clarke
Fin 19e siècle : Le vote pour toutes !
Le vélo devient très populaire à la fin du 19e siècle. En plus des jeunes hommes sportifs, on lui compte des fans plutôt improbables : les suffragettes. Entichées par la liberté de mouvement que la machine leur offre, elles s’en servent pour échapper aux regards de leurs maris et organiser des réunions militantes. En plus du droit de vote, elles discutent des robes longues et des corsets restrictifs que la société leur impose et rêvent à un vêtement plus pratique pour pédaler. Elles adoptent le bloomer, un pantalon considéré à l’époque comme un sous-vêtement. C’est grâce à ces militantes en bobettes à vélo que les femmes d’aujourd’hui peuvent porter des pantalons.
Fin 19e siècle (bis) : Du bel asphalte
La bicyclette vit un âge d’or. Au lieu d’aller à l’église, les jeunes hommes rejoignent des clubs cyclistes et parcourent des centaines de kilomètres sur leur bécane chaque dimanche. Les pneus en caoutchouc ont beau exister depuis 1888, face aux routes de gravier pleines de boue et de nids de poule, ils ne sont pas de taille. Les cyclistes américains commencent à militer en faveur de routes de meilleure qualité et obtiennent finalement qu’on en asphalte plusieurs près des grandes villes. Plus agréable pour les cyclistes, cette avancée a un effet secondaire : elle ouvre tout grand la voie à la popularisation de l’automobile quelques décennies plus tard. La prochaine fois qu’un automobiliste frustré vous dira « la rue c’est pas pour les vélos ! », vous saurez qu’en fait, il a tout faux.
1963 : À la conquête de l’espace
La bicyclette peut servir à n’importe quoi. Amener ses six enfants à l’école. Déménager. Même démarrer un programme spatial. C’est ce qui s’est passé en Inde en 1963, quand la première fusée envoyée dans l’espace a été transportée depuis la ligne d’assemblée jusqu’à la rampe de lancement sur un vélo. Notre caisse de lait a l’air moins hot, tout à coup.
1965 : L’ancêtre de Bixi
Bien avant les Bixi, il y avait les vélos blancs du mouvement anarchiste néerlandais Provo. En 1965, pour combattre les embouteillages, les membres du groupe invitent les habitants d’Amsterdam à peindre leur vélo en blanc et à les rendre disponibles en libre-service. Le hic : les vélos sans cadenas finissent par disparaître. L’idée germe malgré tout et aujourd’hui les vélos en libre-service sont disponibles un peu partout dans le monde. Même le couple royal William et Kate a son propre Bixi tandem, reçu en cadeau de mariage.
1975 : Moïse ouvre le Saint-Laurent
En 1975 à Montréal, la bicyclette est vue comme un loisir et les rares cyclistes comme des écervelés. Arrive Le Monde à Bicyclette, le premier groupe militant cycliste et écologiste du Canada. Ils revendiquent plus de place pour le vélo en ville avec des coups d’éclat mémorables : rassemblements où Moïse ouvre les eaux du fleuve pour les cyclistes, die-ins où des cyclistes couverts de faux sang prétendent être morts, même des sculptures géantes faites de tuyaux d’échappement de voitures d’où sortent de la fumée noire. On peut les remercier : grâce à leurs actions, on peut maintenant pédaler jusqu’à la rive sud et apporter notre bécane dans le métro. La piste cyclable sur la rue Maisonneuve porte d’ailleurs le nom de Claire Morissette, une des figures de proue du groupe.
2009 : L’élection de Ferrandez
Le maire du Plateau-Mont-Royal est bien connu pour son amour du vélo (et sa propension à dormir en réunion). Qu’on l’aime ou pas, le voir recevoir une contravention pour avoir circulé à contresens sur la rue Saint-Laurent à la mi-avril, ça valait de l’or.