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L’histoire du rap québécois en 10 chansons
Le rap québécois vit présentement une percée historique auprès du grand public, percée très attendue et possible entre autres grâce aux sites de diffusion comme Spotify, qui permettent une plus grande visibilité au «rap queb». Pour dresser un portrait musical de cette popularité, URBANIA Musique et Spotify s’unissent pour vous présenter 10 chansons qui ont marqué l’histoire de ce style de musique.
Notre rap québécois si précieux commence à se faire vieux et comme les bons vins, il ne fait que s’améliorer avec le temps. Bien que ce soit difficile de résumer son histoire en dix chansons, nous avons été au fond des choses pour vous ressortir les incontournables qui ont forgé le mouvement depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui.
Dubmatique – Soul pleureur, 1997
C’est le premier vrai succès commercial du rap québécois. Bien avant Loud, Dubmatique occupait les ondes FM avec le premier extrait de leur album La force de comprendre. Disoul, OTMC et DJ Choice représentaient un rap québécois encore très influencé par nos cousins français. Reste qu’il est le groupe ayant remporté le premier Félix remis à l’album Hip-Hop de l’année en 1998. On a aussi tous déjà chanté la part de Barnev Valsaint sous la douche (ou en pleine rue).
Muzion — La vi ti neg, 1999
C’est cette chanson qui a servi à présenter la communauté haïtienne québécoise au reste de la province. Cet hymne joyeux, derrière son refrain puissant et revendicateur, explique également l’histoire de l’immigration haïtienne, mais aussi les injustices auxquelles cette communauté fait face dans la société québécoise moderne. Le couplet de J-Kyll (maintenant Jenny Salagado), d’ailleurs, est un des premiers verses marquants d’une MC féminine dans le rap québécois. Comme pour le premier album de Sans Pression, cette chanson a permis à plein de Blancs de chanter des paroles en créole dont ils ignoraient le sens. Une première, mais pas une dernière…
Le Connaisseur — Sur le corner, 2000
Premier single de la mythique compilation Montréalité, qui rassemblait une bonne partie de la scène locale de l’époque, ce classique du Connaisseur a aidé à présenter le rap de la rue montréalaise. Le clip était aussi entré en rotation à MusiquePlus, une première pour un projet de street rap qui n’était pas supporté par une maison de disques.
83 — Québec Gold, 2002
« Québec Gold, j’allume le mic comme un spliff! » Clairement un des meilleurs hymnes au weed de l’histoire du rap québécois, Québec Gold représentait aussi l’hégémonie du 83 sur la scène de la capitale nationale. Qu’on l’aime sérieusement ou ironiquement, la grande majorité des fans de rap québécois de l’époque peuvent réciter le refrain de cette chanson culte du groupe de la rive sud de Québec. Le collectif est connu pour avoir interrompu le gala de l’ADISQ en 2002 pour demander que le prix de la catégorie hip-hop soit remis dans le gala télédiffusé. Ce n’est que 15 ans plus tard que leur souhait sera exaucé.
Manu Militari — Voix de fait, 2006
Qu’on aime sa ligne de « vol-au-vent/envole au vent » ou pas, cette chanson a frappé l’année 2006 de son sceau, avec son clip constamment diffusé à MusiquePlus. La qualité générale de la plume de Manu est venue rehausser le niveau du rap québécois qui tardait à suivre l’élan de la fin des années ‘90 au début du nouveau millénaire.
Alaclair Ensemble — Fussy Fuss, 2010
En 2010, l’ovni atterrit et le rap québ en est changé à tout jamais. Né des cendres du collectif Movèzerbe, Alaclair Ensemble sort son premier album, 4,99, en 2010 et ravive la flamme d’un mouvement qui s’essoufflait un peu. Les lyrics sont originales et pleines d’énergie. Le public découvre alors un groupe original, qui s’assume et qui conquit rapidement le cœur des fans de rap québécois grâce aux beats déjantés des géniaux KenLo, Vlooper et Mash. C’est la sortie qui marquera le début d’une nouvelle ère dans le rap québécois, et qui laissera présager que le meilleur est à venir.
Loud Lary Ajust — Gruau, 2012
En 2014, la vague de renouveau continue de prendre de l’expansion avec la sortie de Gullywood, le premier album de Loud Lary Ajust. Le groupe arrive avec une formule clairement inspirée du rap américain, mais adapté au slang des jeunes montréalais. Sans être un retour au joual de Sans Pression, les gars de LLA ont su imposer leur style dans un paysage du rap québécois qui avait pris beaucoup de retard sur son équivalent américain. Avec Gullywood, on ne pouvait plus dire ça. « All about my paper so j’suis pas là si ça paye pas ».
Enima — Blow feat Lk tha Goon & White-B, 2016
Cette chanson, c’est l’éclat au grand jour du nouveau street rap québécois. On découvre avec Enima le rap des quartiers populaires de l’Est de Montréal, qu’on avait un peu perdu depuis la fin des années ‘90. On explore alors un son mis à jour, avec des styles inspirés autant du rap américain que ce qui se fait en France (PNL, Booba, etc.). Si la violence des lyrics est frappante, l’unité qui semble régner entre les artistes sur la chanson est inspirante et ouvre grande la porte à toute une génération d’artistes, notamment le groupe 5Sang14 dont fait partie White-B.
Loud — 56K, 2017
Si tout le rap québécois est présentement sur la vibe caribéenne, c’est un peu de la faute de Loud. Fraîchement sorti de l’aventure LLA, le rappeur d’Ahuntsic arrive en 2017 avec le EP New Phone, qui nous présente un artiste épanoui à la plume légendaire qui a décidé de ne plus se limiter. Avec 56K, il signe un coup de maître qui va lui ouvrir les portes de la France… et de Tout le monde en parle. Si on oublie les K-Maro de ce monde, cette chanson est probablement le premier hit du rap québécois à vraiment s’exporter dans toute la francophonie.
FouKi —Gayé, 2017
Le nom qui est sur toutes les lèvres de la jeunesse québécoise. Depuis son arrivée sur la scène il y a environ deux ans, FouKi est inarrêtable. Accompagné du beatmaker Quiet Mike, il développe un son et un slang qui résonnent énormément avec la jeunesse montréalaise d’abord, puis ensuite à travers toute la province. Avec Gayé, il signe une ode au pot fort qui touche toute une génération de jeunes fumeurs décomplexés. La production douce, qui repose sur un riff de guitare hypnotisant, est efficace au point de rester dans la tête de tous ceux qui daignent écouter la chanson. La preuve? FouKi n’a même plus besoin de chanter la chanson lors de ses concerts, la foule le fait pour lui.
Mentions honorables
Je m’en voudrais de ne pas nommer les chansons suivantes pour l’apport qu’elles ont eu également dans l’histoire du rap québécois :
Sans Pression – Territoire hostile
Rainmen feat Skandal – Pas d’chilling
King — Rien a changé
Atach Tatuq — Plastiq Doré
Dee — Trop d’shit
L’Assemblée —Turn your head around
Omnikrom – Été hit
Maybe Watson feat. Jam & P.dox — Les Gentils
Koriass — Garde ta job
Dead Obies — Montréal $ud
Alaclair Ensemble — Ça que c’tait
Rowjay — Tour de France
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