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L’histoire de la gestion de l’eau à Montréal en 12 années marquantes

L’histoire de la gestion de l’eau à Montréal en 12 années marquantes

Une île, une Ville, et beaucoup d’eau à gérer!

Par
Florence Tison
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URBANIA s’allie à la Ville de Montréal pour vous raconter l’histoire de l’aqueduc au fil du temps (et surtout au fil de l’eau!)

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis l’époque où les habitant.e.s de Montréal allaient puiser leur eau potable directement dans le fleuve. Tellement qu’on ne se demande même plus comment l’eau qu’on boit dans cette Ville arrive jusqu’à nous : on ouvre le robinet pour s’en verser un grand verre et c’est tout!

Mais comment en est-on arrivés là? Doris Nault, de la Direction des réseaux d’eau de Montréal, a retracé pour nous l’histoire de la gestion de l’eau de la Ville. La voici en 12 années marquantes.

LE PASSÉ : RENDRE L’EAU POTABLE… POTABLE

1658

Le fondateur de Montréal, Paul Chomedey de Maisonneuve, embauche le puisatier Jacques Archambault pour creuser le tout premier puits de l’île contre 300 livres… et 10 pots d’eau-de-vie! De quoi donner l’eau à la bouche.

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1801

Cinq riches Montréalais obtiennent le privilège exclusif d’organiser un aqueduc dans la ville de Montréal. En 1805, la Proprietors of Montreal Water Works commence à fournir l’eau d’un étang à 64 abonnés à l’aide de canalisations en bois de pin. Il s’agira du premier collecteur d’égout du Canada, et du deuxième aqueduc d’Amérique du Nord après celui de Philadelphie (alors capitale des États-Unis).

1816

L’un des cinq riches Montréalais mentionnés précédemment, Simon McTavish, construit le réservoir McTavish sur ses terres. En 1816, l’eau gèle et les fuites sont nombreuses. La même année, Thomas Porteous rachète la Proprietors of Montreal Water Works et se rend en Écosse pour étudier le système d’aqueduc de la ville de Glasgow, qui connaît elle aussi de rudes hivers. Il en revient avec une idée de pompe à vapeur pour puiser l’eau du fleuve vers le réservoir McTavish et la faire descendre vers la ville grâce à la gravité.

1840

Le dernier « charrieux d’eau », ou porteur d’eau en charrette, cesse ses activités. Cette année-là, l’aqueduc de Montréal s’étend sur 13,5 km. La Ville de Montréal en deviendra propriétaire en 1845.

1851

En juin, le tout nouveau réservoir Jean-Baptiste est baptisé (la pognez-vous) à l’endroit même où l’on retrouve aujourd’hui le square Saint-Louis. Il contient 2 380 000 gallons impériaux, soit 11 000 000 litres d’eau. Il n’en reste qu’une fontaine en souvenir aujourd’hui.

Lors du grand incendie du 8 juillet 1852, le réservoir avait par un triste hasard été vidé le jour même pour qu’on puisse y installer de plus grandes conduites d’eau. Toutes les maisons du quadrilatère formé par les rues Craig (Sainte-Antoine), Saint-Denis, Saint-Laurent et Mignonne (Maisonneuve) brûlent ce jour-là, et un second incendie le lendemain contribue à détruire un total de 1 200 maisons et à jeter 10 000 personnes à la rue. « On n’était pas capables d’éteindre le feu : il n’y avait pas d’eau! Cet événement a tout simplement accéléré la mise en chantier du réseau d’aqueduc d’aujourd’hui », résume avec philosophie Doris Nault.

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Pour Montréal, l’incendie a été la goutte d’eau qui fait déborder le vase. De nouvelles installations sont inaugurées à l’automne 1856. L’eau est dorénavant captée aux rapides de Lachine, ce qui offre aux Montréalais une eau potable de meilleure qualité. En 1862, 71 % de la population montréalaise bénéficie de l’eau courante. Ce sera 95 % en 1891.

1918

Propagée en grande partie par l’eau de l’aqueduc, une épidémie de typhoïde terrasse Montréal en 1910. La Ville se décide alors à chlorer et à filtrer son eau. La première usine de traitement des eaux voit le jour en 1918 sur l’avenue Atwater.

1932
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On construit en 1932 la nouvelle station de pompage McTavish dans un bâtiment municipal qui a l’air d’un château (d’un vrai, pas d’un château d’eau!). On ajoute de nouvelles conduites d’eau et des égouts collecteurs.

1978

Dès 1978, on assiste à la mise en service d’une usine de traitement dans l’arrondissement de LaSalle. L’approvisionnement en eau est maintenant fiable et constant sur toute l’île.

2011

La Ville de Montréal lance la première stratégie montréalaise de l’eau. Cette stratégie 2011-2020 prévoit la mise aux normes des usines de traitement d’eau potable, le bouclage des réseaux pour assurer l’approvisionnement, et la construction d’ouvrages de rétention pour gérer l’eau pluviale et limiter les rejets d’eau usée au fleuve sans traitement.

LE PRÉSENT : RÉDUIRE L’EMPREINTE ÉCOLOGIQUE DES EAUX

2022

Vous avez peut-être remarqué que certains parcs en ville sont en pleine transformation. De nouveaux aménagements y voient le jour : des parcs éponges. On les appelle ainsi parce qu’ils servent à gérer les eaux de pluie durant les épisodes de pluie intense (qui, on s’en doute, vont augmenter en nombre et empirer avec les changements climatiques). C’est une petite révolution dans le domaine de la gestion des eaux de pluie, mais qui s’accompagne d’excellents résultats.

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Le tout premier parc éponge de la ville a été inauguré en 2022 à l’angle de l’avenue du Mont-Royal et de la rue Mentana, dans Le Plateau-Mont-Royal. La place des Fleurs-de-Macadam est constituée d’un espace central inondable entouré de végétation pouvant absorber un grand volume d’eau… tout en étant agréable à l’œil. « Le tout est conçu pour constituer un îlot de fraîcheur lors de la saison estivale, réduire la pression de l’eau pluviale sur les réseaux municipaux, et favoriser la convivialité du quartier et sa biodiversité », explique l’urbaniste Pascale Rouillé, des Ateliers Ublo, l’entreprise qui a effectué les suivis expérimentaux de ce parc éponge.

2023

Ça y est, on soulève la première pelletée de terre signalant la construction de l’usine de désinfection à l’ozone des eaux usées, la plus grosse au monde!

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Dans quelques années, la Ville de Montréal mettra en service le plus puissant système d’ozonation au monde pour éliminer plus de 99 % des bactéries, des virus, et de nombreux produits chimiques des eaux usées, ce qui aura en plus pour effet de réduire leur empreinte écologique.

L’ozonation consiste à injecter de l’ozone (vous l’aurez deviné) à la fin du procédé de traitement actuel, « une solution très avantageuse du point de vue environnemental », estime la Ville de Montréal.

LE FUTUR: LA NOUVELLE STRATÉGIE DE MONTRÉAL

2025 et…

L’avenir de l’eau à Montréal passe par l’atteinte d’une série d’objectifs. Parmi eux : réduire notre consommation à 220 litres par personne par jour (oui, c’est possible), mieux protéger les sources d’eau brute, et faire en sorte que les eaux usées soient traitées comme il faut.

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Le but : protéger notre précieuse eau et mieux la gérer, pour que les choix faits aujourd’hui soient les meilleurs possibles pour les citoyens de demain.

Pour Doris Nault, suivre le fil de l’eau, c’est aussi suivre celui de la ville. Mais comme l’eau circule en silence, chaque jour, dans un réseau qu’on ne voit presque jamais, on oublie souvent tout ce que ça prend pour la faire arriver jusqu’à nous. Et pourtant, ce parcours-là évolue sans cesse. Ce qui suffisait hier ne suffit plus toujours aujourd’hui, et ce qui fonctionne maintenant devra sûrement être repensé demain. L’eau coule peut-être en silence, mais son histoire, elle, est tout sauf tranquille.

***

Envie d’en savoir plus sur les engagements de la Ville à prendre soin de l’eau pour les générations futures? C’est par ici.

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