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La couverture du Spécial Cannabis

Une folle histoire...

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Concevoir la couverture de ce numéro (que vous pouvez admirer dans son intégralité au bas du présent article!) n’a pas été de tout repos. En toute honnêteté, on est passé par plusieurs détours avant d’y arriver. Le but, c’était de créer une scène éloquente, sans pour autant poser de jugement. On ne voulait pas d’un éditorial : on voulait simplement refléter l’arrivée officielle du pot dans la culture populaire, le début d’une nouvelle ère.

Idée 1 : Les munchies

On a d’abord cherché à définir qui incarne ladite culture populaire auprès de notre génération. Réponse évidente : Marilou de Trois fois par jour. Soyons clairs, le jour où l’enfant chérie de la nation intégrera le cannabis à ses smoothies, c’est que le pot aura été socialement accepté. Alors, on a proposé à Marilou d’être la star de notre couverture, l’image du Canada du futur. Le plan ? Qu’elle mange avidement des crottes de fromage, comme en pleine session de gavage post-consommation. On nous a gentiment répondu qu’elle n’avait pas le temps.

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Idée 2 : Le pastiche culturel

Parlant de Marilou, ce qui a été vu par beaucoup de gens, c’est la couverture du premier tome du livre Trois fois par jour. Et si on reprenait tout simplement cette image, mais à la sauce munchies ou brownies ? Un hommage bon enfant et batté ! On a tenté la chose. Ça nous a fait rire, mais nos collègues français n’ont pas du tout compris la référence. Un concept décidément trop hermétique, alors on a décidé de passer à autre chose.

Photos: Félix Renaud / Assistant: Marc-André Renaud / Stylisme culinaire: Yves Germain / Coiffure: Stéphanie Bourgault / Maquillage: Géraldine Soubelet
Photos: Félix Renaud / Assistant: Marc-André Renaud / Stylisme culinaire: Yves Germain / Coiffure: Stéphanie Bourgault / Maquillage: Géraldine Soubelet
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Idée 3 : Le pastiche religieux

En plein brainstorm, toujours en mode « on reprend des classiques », on a pensé à Adam et Ève. Et c’est l’iconique image de Lucas Cranach l’Ancien qui s’est rapidement imposée (rien de plus clair pour incarner le début d’un temps nouveau que cette œuvre de 1526). On aimait l’idée, mais on cherchait toujours le détail coup de poing quand quelqu’un s’est écrié : « Et si la pomme devenait une pipe ? » Bingo.

Rendu là, des problèmes se dessinaient déjà : on avait besoin d’un serpent, on avait besoin d’un pommier et on avait besoin de gens nus. On a fait ce que toute personne débrouillarde fait : un appel à tous sur Facebook. Grâce à la magie de la communauté connectée, on a rapidement trouvé un magnifique terrain à Longueuil (merci à Frank Marion), un enthousiaste dompteur de serpents (merci à Jessy Ouellette-Hulmann) et une Ève. C’est une jeune femme connue pour son implication politique et sociale qui s’est proposée en inbox. Étonnamment, le thème lui convenait et l’idée d’être nue aussi. On n’en revenait pas.

On s’est donc mis à la recherche d’un Adam pour l’accompagner.

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On a vite réalisé que toutes les caractéristiques physiques qu’on nommait (cheveux un peu fous, corps naturellement musclé, solide bouille et voix d’ange) correspondaient au profil du chanteur Philémon Cimon. Signe incontestable de la pertinence de notre choix : l’artiste venait justement de recréer la toile du bon Lucas Cranach l’Ancien pour la finale d’un concert, interprétant une chanson avec le sexe
simplement caché par une feuille. Il était l’homme de la situation. On lui a écrit. Il a dit oui. Au bureau, on a dansé de joie.

Gestion de crise 101

Puis le jour du photoshoot est arrivé. À quatre heures de préavis, notre Ève a dû se décommander pour des raisons hors de son contrôle. En mode « gestion de crise », on s’est demandé qui serait game de se dénuder au nom de l’art et de la légalisation du cannabis. Réponse évidente : du monde de théâtre.

On a fait aller nos contacts et on nous a rapidement suggéré d’appeler Jeanne Roux-Côté. En la stalkant sur Facebook, on l’a presque trouvée trop belle pour nous, mais comme le temps filait, on a pilé sur notre égo et on a osé la joindre.

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– Hein ? Ça me tente tellement ! J’ai déjà été abonnée à URBANIA.
– Pourquoi tu ne l’es plus ?
– Euh…
– Pas grave, on en parlera plus tard !
– …
– Peux-tu te pointer à Longueuil dans deux heures ?
– Oui, faut juste que je vois si « l’aspect pot » est OK avec mon agent.

Elle trouvait le cannabis plus étrange que la nudité ? C’est la Ève émancipée qu’on cherchait. L’ange descendu du ciel pour sauver notre peau.

Le shoot, maintenant. Que dire de plus que : deux inconnus, côte à côte devant l’entrée d’un garage, se sont fait camoufler les traces de bronzage par des expertes du bodypainting… Qu’ils ne portaient que d’étranges cache-sexes couleur chair ? Qu’ils ont mangé des sandwichs, presque nus, en flattant des chiens ? Qu’au nom de la décence, ils se sont parfois promenés en robe de chambre hivernale alors qu’il faisait 30 °C ? Que la phrase « je suis foule en cul » a été prononcée ?

Le seul détail important, au fond, c’est que sans la confiance de Jeanne et Philémon, l’équipe de sept personnes réunies pour le bien du shoot ne serait jamais parvenue à un résultat aussi percutant…

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Idée 4 : Le cover de stoner

OK, pas de cachotteries : la photo ci-bas a été prise dans un garage par du monde un peu drogué (nous), au cas où on devrait intégrer des plants de pot sur la couverture du magazine, en postproduction. Sur le coup, en voyant le cliché, on a trouvé qu’il répondait plutôt bien à l’esthétique stoner : croche, cru, improvisé, fait très mollement. On l’a aimé. Quand on a débuzzé (six heures plus tard), on a réalisé que c’était une idée de marde.

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RÉSULTAT FINAL… TADAM!

C’est la magnifique nudité qui a gagné. Fort heureusement.

Oh, dernière chose ! Notre Ève avait originalement les seins découverts. Mais comme les librairies et les réseaux sociaux sont moins #Freethenipple qu’URBANIA, on a dû lui inventer une longue chevelure…

Modèles: Jeanne Roux-Côté, Philémon Cimon et Ruby Le Serpent / Photo: Félix Renaud / Assistant: Jérôme Lavallée / Maquillage: Marine Pioche et Lola Sicard
Modèles: Jeanne Roux-Côté, Philémon Cimon et Ruby Le Serpent / Photo: Félix Renaud / Assistant: Jérôme Lavallée / Maquillage: Marine Pioche et Lola Sicard

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