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L’héritage culturel de Dwayne « The Rock » Johnson

Retour sur les 50 ans du champion du peuple.

Par
Benoît Lelièvre
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Lundi dernier, Dwayne Johnson soufflait 50 chandelles sur son gâteau d’anniversaire. Une nouvelle qui ne rajeunit personne, mais qui ne fait pas nécessairement sentir vieux non plus. L’âge de celui qu’on surnomme The Rock est, en quelque sorte, une abstraction. Bien qu’on puisse constater une évolution physique et vestimentaire au fil des années, il ne semble ni plus jeune ni plus vieux. La superstar la plus électrisante dans le monde du divertissement sportif vieillit un peu comme un iPhone. On en sort un nouveau modèle chaque année et il semble toujours être la version la plus performante.

Le succès et la carrière de Dwayne Johnson au sens large ont un aspect monolithique et étrangement réconfortant. On dirait qu’il fait des films d’action depuis l’invention du cinéma et qu’il continuera à en faire lorsqu’on sera tou.te.s enterré.e.s et que les voitures voleront dans le ciel. Il est immuable et immortel (ou, du moins, il en a l’air).

Comment donc est-ce que The Rock a atteint une célébrité aussi transcendante en un demi-siècle à peine? Comment arrive-t-il à être aussi bad ass et sympathique à la fois? Pourquoi est-ce que tout le monde le choisirait dans son équipe de survie à l’apocalypse de zombie? Explorons ensemble l’héritage culturel de Dwayne « The Rock » Johnson, une idole qui vieillit (somme toute) bien dans un paysage culturel où les célébrités ont de moins en moins droit à l’erreur.

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Du corps à l’esprit

À la base, Dwayne Johnson est un lutteur professionnel. Tout le monde ou presque sait ça, mais peu comprennent à quel point ses années dans la WWE ont été déterminantes pour son succès et sa longévité culturelle. Il y est d’ailleurs retourné arbitrairement au fil des années afin de réaffirmer son esthétique dans la conscience populaire : The Rock, c’est d’abord et avant tout un personnage de bande dessinée grandeur nature. Il y a quelque chose de profondément fictionnel à son image publique.

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Un personnage de la sorte n’aurait pas pu naître ailleurs que dans le monde du vaudeville pugilistique. Lutteur de troisième génération et talent inégalé derrière un microphone, il est vite devenu le préféré des foules grâce à sa répartie légendaire, ses mimiques burlesques et son charisme verbal et physique. Cette grande gueule baraquée à la confiance inébranlable s’est rapidement imposée comme roi de cette jungle athlétique. Sa personnalité plus grande que nature, combinée à son physique unique et spectaculaire, a vite attiré l’attention des grands studios de cinéma, et le monde de la lutte est devenu trop petit pour lui. C’était la naissance d’une nouvelle star de films d’action.

Voir The Rock dans un film, ça nous rappelle qu’il ne s’agit que d’un film et que notre boulot principal en tant qu’audience, c’est d’avoir du fun et d’être diverti.e par l’énorme monsieur à l’écran.

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Depuis son premier rôle au grand écran dans le film The Mummy Returns, The Rock a établi un paradigme cinématographique clair. Il représente une version idéalisée (et vaguement bédéesque) de la masculinité traditionnelle : beau, fort, souriant, ouvert et intelligent sans être prétentieux. Du roi scorpion à Luke Hobbs de la série Fast & Furious, Dwayne Johnson a rarement (voire jamais) joué un rôle se voulant réaliste. Tous les personnages qu’il a incarnés partagent les traits plus grands que nature de son alter ego pugilistique. Chacun d’entre eux est la manifestation même de l’expression anglophone suspension of disbelief.

Voir The Rock dans un film, ça nous rappelle qu’il ne s’agit que d’un film et que notre boulot principal en tant qu’audience, c’est d’avoir du fun et d’être diverti.e par l’énorme monsieur à l’écran.

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Vieillir sous les projecteurs d’Hollywood

Bien que son hygiène de vie spartiate semble le garder à l’abri du vieillissement physique, Dwayne Johnson a laissé paraître son âge l’hiver dernier lorsque des internautes ont remis en ligne des vidéos d’archives où il tient une série de propos problématiques après qu’il ait apporté son soutien public à l’humoriste Joe Rogan. Bien que la plupart des extraits doivent être pris dans un contexte de lutte professionnelle où The Rock joue ouvertement un salaud, ce dernier a quand même admirablement bien pris la critique. Il a toujours gardé l’esprit ouvert à ce sujet, affirmant une vulnérabilité plutôt atypique chez les célébrités hollywoodiennes.

Faire des commentaires de boomer, c’est davantage pardonnable quand on est prêt à admettre ses erreurs et à s’ouvrir à la nouvelle information.

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Les réseaux sociaux sont le lien qui unit le côté bédéesque et intemporel de Dwayne Johnson à l’écran avec la personne qu’il est vraiment. À travers ses publications Instagram, on le voit s’entraîner sans relâche, motiver ses adeptes et documenter méticuleusement sa relation avec ses deux filles en bas âge Jasmine et Tiana. On y voit un géant parfois fatigué, parfois dégoulinant de sueur, mais qui affronte chaque jour avec le sourire et une bonne volonté de fer, conscient de son privilège d’avoir une aussi grande plateforme avec laquelle interagir.

Lorsque j’étais adolescent, vieillir était un grand mystère. J’ignorais à l’époque par quelle sorte d’alchimie occulte on transforme une jeune personne pleine de projets et d’espoirs (réalistes ou non) en adulte fatigué, satisfait de payer les factures et d’investir ses peu de temps libres à faire l’épicerie, tondre le gazon et autres travaux sisyphéens auxquels on semble tous et toutes éventuellement condamné.e.s.

Il est aussi l’une des rares célébrités à montrer une façade continuellement positive, souriante, et ouverte, et à accepter candidement ses erreurs, à s’excuser et à passer à un autre appel sans s’endiguer dans des patterns toxiques.

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Le parcours de Dwayne Johnson, d’athlète professionnel à vedette hollywoodienne en passant par l’entrepreneuriat, est une source d’inspiration pour quiconque ressent de l’anxiété à propos de vieillir. C’est quelqu’un qui affirme sa différence, qui fait de son unicité une force et qui comprend extrêmement bien la nature de son image publique. Il est aussi l’une des rares célébrités à montrer une façade continuellement positive, souriante, et ouverte, et à accepter candidement ses erreurs, à s’excuser et à passer à un autre appel sans s’endiguer dans des patterns toxiques.

Bon 50e, Rock! Continue de cuisiner. On souhaite continuer à sentir le doux parfum de tes petits plats pendant au moins 50 autres années.