Lettre ouverte de Marc-André Grondin à Sophie Prégent
Sophie Prégent a-t-elle bien fait de se prononcer au sujet des accusations d'inconduite sexuelle portées contre Sylvain Archambault?
Ce matin, un article de La Presse dénonçant les inconduites du réalisateur de télé et de pub Sylvain Archambault (Mensonges, Les pays d’en haut, Cheval-Serpent) a fait le tour des fils d’actualité, provoquant de fortes réactions.
Les journalistes Stéphanie Vallet et Katia Gagnon disent avoir reçu une vingtaine de témoignages de comédien. ne. s et de membres d’équipes techniques concernant divers incidents d’humiliation, d’inconduite et d’attouchements, s’étant produits sur plus de vingt ans.
Toutefois, un aspect de l’article a provoqué un certain malaise dans l’équipe URBANIA : la déclaration de Sophie Prégent, présidente de L’Union des artistes. D’abord, il y a le fait que Mme Prégent se soit prononcée à titre d’actrice et non de présidente d’un syndicat visant la protection des artistes. Ensuite, le fait qu’elle minimise les agissements de Sylvain Archambault en ne se basant que sur son expérience personnelle, mettons que ça nous a fait pas mal réagir…
Heureusement, l’acteur Marc-André Grondin vient tout juste de publier une lettre ouverte adressée à Mme Prégent sur son compte Twitter, une lettre qui explique exactement en quoi la déclaration de la présidente de L’UDA est problématique.
Marc-André a gentiment accepté qu’on reproduise ici sa lettre. Lisez-la et dites-nous ce que vous en pensez.
Mme Prégent,
Je vous ai entendue ce matin sur les ondes du 98,5 à l’émission de Paul Arcand commenter les allégations d’inconduite du réalisateur Sylvain Archambault.
Votre rôle en tant que présidente de l’UDA est de défendre vos membres.
En acceptant de relater vos expériences personnelles avec Monsieur Archambault, vous vous êtes placée en grave situation de conflit d’intérêts et avez failli à votre rôle.
Si on vous demande de commenter cette nouvelle, ce n’est pas pour avoir l’opinion de Sophie Prégent « l’actrice », mais bien comme présidente de l’UDA.
Un devoir de neutralité s’imposait.
Depuis plus de 15 ans circulent des allégations sur les comportements de M. Archambault.
Ayant bénéficié largement par le passé de contrats octroyés par ce dernier, vous n’êtes certainement pas sans l’ignorer. Peut-être avez-vous eu une expérience différente que bien d’autres actrices, mais en la relatant, vous venez minimiser la leur.
Par exemple, vous avez dit que vous n’aviez jamais, jamais, eu de problème avec M. Archambault, que vous aviez entièrement confiance en lui. Étant donné la situation, une telle déclaration n’avait pas sa place dans la bouche d’une présidente de l’UDA.
Pire, vous avez aussi dit que vous pouviez comprendre, si on est une jeune actrice de 20 ans, qu’on puisse se sentir mal à l’aise. Croyez-vous vraiment que c’est une question d’âge, et ainsi, de « maturité » de devoir accepter de tels comportements? C’est ce que votre commentaire laissait croire.
Vous vous êtes placée ce matin à la défense d’un réalisateur, au détriment de vos membres.
Dans un autre extrait, vous dites que vous êtes écœurée depuis quelques semaines que ces allégations sortent dans les médias plutôt que de recevoir des plaintes et de les gérer par les mécanismes mis en place par l’UDA.
Comment osez-vous vous étonner que certains de vos membres décident de passer par les médias plutôt que d’utiliser les mécanismes internes à notre syndicat lorsque notre propre présidente tient de tels propos? Si notre présidente est prête à aller en ondes pour défendre un de ses donneurs d’ouvrage accusé d’inconduites professionnelles, comment pouvons-nous avoir confiance dans les mécanismes qu’elle aura mis en place pour gérer ces plaintes?
Vous auriez pu simplement refuser de relater vos expériences personnelles par devoir de réserve. Vous ne l’avez pas fait.
Je m’interroge ce matin sur votre capacité à distinguer vos expériences personnelles de votre devoir syndical et remets ainsi en doute votre capacité à remplir le rôle pour lequel vous avez été élue.
S’il y a un mea culpa à faire aujourd’hui, ce n’est pas celui de l’UDA, mais bien celui de Sophie Prégent, sa présidente.
Marc-André Grondin
Membre #364 053