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Lettre d’amour au Dollarama

Par
Gwenaëlle Scorta
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Très cher Dollarama,

Je m’appelle Gwenaëlle et je suis cliente chez vous depuis que j’ai découvert que vous vendiez les barres Mars 50% moins cher qu’ailleurs, c’est-à-dire depuis ma tendre enfance. Vous vous douterez bien que j’ai fait d’importantes économies grâce à cette promotion tout à fait ingénieuse.

Je me confesse : magasiner chez vous fait partie de mes hobbys préférés. Je prends un plaisir fou à sniffer les Air Wick et à reluquer la populaire collection de cuisine Betty Crocker aux couleurs de l’amour. Je fantasme sur votre allée de bonbons qui est aussi alléchante qu’une poutine suintante de sauce brune et fondante de fromage quick-quick à 3 heures du matin (en passant, si vous savez quel est l’onomatopée officielle pour ce fromage, prière de m’en informer). Je me réjouis aussi du choix varié des fleurs en plastique, toutes plus exotiques les unes que les autres. D’ailleurs, plusieurs d’entre elles décorent mon château qui prend maintenant des airs d’un paysage d’Hawaï. Fait intéressant : je ne perds plus les couvercles de mes plats de style Tupperware depuis que je les achète chez vous. Êtes-vous magique ? Je crois que bien oui.

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Vous êtes déjà au courant, mais je prends la peine de vous le souligner en gras : vous êtes l’endroit de prédilection pour toute personne qui déménage. Qui n’a pas déjà dévalisé vos magasins pour s’équiper en ustensiles, en guenilles et en savon à vaisselle ? Mention spéciale pour la section proche de la caisse qui recèle de plusieurs trésors tels sacs cadeaux, papiers de soie, chouchous et cartes d’anniversaire. J’aimerais aussi mentionner le pied de nez féroce que vous avez fait à tous les IKEA de ce monde en vendant une poubelle en inox à 3$. Et que dire de votre rangée remplie d’élastiques à cheveux, de vernis à ongles, de faux cheveux et de brillants pour les yeux qui comble le cœur des plus coquettes. Vos allées garnies de multiples cannes de conserve dépannent les étudiants en fin de session et les gens qui ont un budget plus serré. L’important choix de duo-tang, de stylos poilus qui allument quand on écrit, de cahiers Canada avec des faces de chiots en page couverture facilitent la rentrée scolaire des tout-petits et soulagent les parents stressés. Si j’étais croyante, je vous dirais : Que Dieu vous bénisse.

En plus, vous êtes équipés 4 mois d’avance en drapeaux de la Saint-Jean, en citrouilles en chocolat pour l’Halloween, en guirlandes de faux sapin pour Noël, en cerceaux aux antennes lumineuses certes un peu bizarres mais bien d’adon lors de la Saint-Patrick, en paquets de Ferrero Rocher à 1$ pour une Pâques réussie et en bracelets fluorescents pour tous ceux qui vont encore au Bal en Blanc. Même si beaucoup de gens pestent que votre vaisselle de Chine est toxique, personne n’est jamais mort après avoir mangé un Kraft Dinner dans une de vos assiettes.

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Vous êtes précieux dans le cœur de millions de personnes et parfois même dans le journal. Émilie Côté de La Presse a déjà écrit : « Katy Perry a beau avoir des moyens financiers énormes et porter sur scène des tenues conçues par Valentino, Roberto Cavalli, Moschino, et Nicolas Jebran, elle dégage une image halloweenesque de Dollarama. » N’est-ce pas tout à fait merveilleux ?

Dollarama, je vous aime, et sans rancune pour le changement de slogan : 1$ et plus. La business doit rouler et je ne vous abandonnerai jamais, même si j’ai besoin d’une couple de 25 sous supplémentaires. Mais, puisque tout n’est pas toujours rose dans le pays des choses à 3$ et moins, j’ai constaté un problème concernant un de vos produits. Ne prenez pas ce qui suit comme une attaque sauvage comme les Japonais l’ont fait sur Pearl Harbor, mais plutôt comme de simples conseils de la part d’une cliente fidèle qui a à cœur le développement de votre entreprise.

Il s’agit de vos sacs.

Vous savez assurément que vos sacs en plastique de format XXL ne possèdent aucune poignée. Je vous invite à faire l’exercice de transporter un sac de grand format rempli de vos fins produits mais démuni d’espaces pour y insérer les mains. Vous constaterez que ce n’est pas grâce à cela que le mot « ergonomique » a été inventé. Pour panser ce virulent problème, j’ai développé une petite tactique de ninja : il s’agit de créer des poignées DIY, en perçant un trou de chaque côté du sac grâce à un coup d’index féroce. Le seul hic avec cette solution est qu’elle est totalement éphémère. À la seconde où le sac devient trop lourd, les trous prennent de l’expansion et finissent par se déchirer. Résultat : nous revenons au point initial du sac géant pas de poignée. Un cercle vicieux cruel et sans pitié.

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L’autre chose qui me titille sur vos sacs, et là peut-être sentirez-vous une fibre écologique naître en vous, est que vous n’offrez pas la possibilité d’acheter des sacs réutilisables. Il serait fort apprécié de pouvoir s’en procurer tout comme on peut le faire à l’épicerie. Nos razzias au Dollarama s’avéreraient beaucoup plus pratiques, notre consommation de sacs de plastique serait réduite et on réglerait sans l’ombre d’un doute le problème du constat numéro un qui est, je le rappelle, les sacs géants pas de poignée.

Je me permets de croire fermement que ces suggestions faciliteraient la vie de votre clientèle et feraient de vous une entreprise plus verte, ce qui rendrait hommage à la couleur qui teinte les 34 de votre logo.

Merci de m’avoir lue.

P.S. J’adore ma nouvelle boule disco à 3$ et je suis persuadée qu’elle fera fureur auprès de mes invités.