.jpg)
Lettre d’amour à mon directeur
URBANIA, la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement et l’Association québécoise du personnel de direction des écoles sont fières de s’associer pour inspirer la prochaine génération de personnel de direction!
Je me rappelle encore très bien mes années d’école : j’étais jeune, insouciant, je n’avais aucune idée de ce que l’avenir me réservait, mais je n’étais pas pour autant un mauvais élève. J’étais juste un peu turbulent, le genre qui finit son travail avant tout le monde pour aller déranger ses amis.
À cause de ça, je me suis souvent retrouvé dans ton bureau. T’en souviens-tu? Toi, moi et ta secrétaire, on était rendus de même🤞🏾!
L’œil omniscient et bienveillant
Sur ton bureau de directeur, il y avait toujours d’imposantes piles de papier. Genre énormes. Le genre de tas de paperasse qu’un cerveau d’enfant ne peut interpréter que comme étant interminable. Le téléphone n’arrêtait pas de sonner non plus, je ne comprenais pas comment tu trouvais le temps d’accomplir toutes tes tâches administratives et d’entretenir une relation spéciale avec chaque élève et chaque membre du personnel.
Tous les jours, des gens du centre de services scolaire, des fournisseurs, des parents défilaient dans ton bureau. Chacun leur tour, tu leur faisais signe d’entrer, tu refermais la porte derrière eux, et en moins d’une minute, on entendait des rires sortir de ton bureau.
C’est peut-être ça qui m’a le plus marqué : ta capacité à mettre tout le monde à l’aise, même lors de situations tendues. Je n’oublierai jamais le mardi matin où, juste avant la récréation, tu es entré dans notre classe et as passé la journée à t’occuper d’un élève dont le père se trouvait à New York à ce moment-là. Toi et les profs, vous nous aviez expliqué qu’en ce fatidique matin de septembre 2001, une attaque terroriste était survenue. Tu étais venu t’assurer que le jeune se portait bien et qu’il pouvait recevoir des nouvelles de son père.
Savoir gérer ses troupeaux
En plus d’avoir un directeur hyper attentionné, on avait la chance qu’il paraisse, même à nos yeux de morveux blasés, plutôt cool. Toujours charismatique, allumé, habillé avec ton style impeccable : en te voyant, tout de suite on avait l’impression… non, la certitude qu’on pouvait te faire confiance.
C’est dur, même après en avoir été témoin, de s’imaginer que quelqu’un puisse trouver le moyen d’être un berger pour une aussi grosse meute de gens de cultures, de façons de penser et d’âges différents, sans se mettre personne à dos et sans que qui que ce soit se sente lésé. En fait, c’est là qu’on se rend compte du vrai travail d’un.e dirigeant.e d’école, à mi-chemin entre PDG, parent et psy : les bon.ne.s directeur.rice.s sont avant tout équilibristes! Gérer les budgets, les priorités scolaires et les besoins particuliers des élèves et du personnel, ce n’est pas une mince tâche.
Pourtant, je t’ai vu réussir à naviguer à travers des périodes économiques difficiles, prendre soin d’une école qui tombait en ruines, aider des élèves qui étaient à deux doigts de décrocher à obtenir leur diplôme avec mention d’honneur, gérer des deuils, des situations familiales compliquées…
Ton dévouement nous a fait comprendre qu’un bon directeur ou une bonne directrice, c’est quelqu’un d’impliqué dans la vie de ses élèves et qui, avant tout, a à cœur leur succès.
Même chez un élève comme moi, qui n’avait pas de difficultés scolaires particulières, tu as su reconnaître un besoin de canaliser un trop-plein d’énergie. D’ailleurs, je suis persuadé que la journée de retenue que tu m’as fait passer à aider les cuisinières dans la cafét éria n’a pas été anodine dans mon parcours subséquent de cuisinier!
Profession : changeur de vies
Mais un être aussi spécial, un peu comme une fée marraine, ne pouvait pas rester avec nous pour toujours. Un jour, à notre arrivée à l’école, notre directrice adjointe nous a informés que tu avais été muté dans une autre école. Ce serait un understatement de te dire que du jour au lendemain, l’esprit de l’école au complet a changé, comme si tu avais emporté avec toi toute cette joie et cette bonhomie qu’on ressentait à ton contact.
Heureusement, la culture que tu avais pris le soin d’instaurer dans l’établissement est restée, quoiqu’un peu modifiée. Mais rassure-toi ! Pour la direction et le personnel administratif, le but est resté le même :
s’assurer que chaque élève réussisse en lui donnant l’attention et les outils nécessaires.
Quand je croise d’anciens camarades de classe, des enseignants qui ont jalonné mon parcours ou même le concierge du troisième étage, ensemble on se souvient de toi avec beaucoup d’émotion, et certains me racontent que ton absence se fait encore sentir dans les couloirs de l’école. Il m’arrive aussi, parfois, de rencontrer des anciens de l’école pour laquelle tu nous as quittés. Nos conversations me laissent toujours le cœur léger après qu’ils m’aient raconté, avec des yeux pétillants, à quel point tu as changé leurs vies, à eux aussi.
Ça paraît cliché, c’est certain, mais quand je regarde la vie que j’ai aujourd’hui, je sais qu’elle aurait été bien différente si mon directeur n’avait pas été là, avec suffisamment de sagesse pour me laisser assez d’espace pour apprendre de mes erreurs, tout en sachant quand et comment intervenir quand les choses dérapaient.
Bref, un directeur de ta trempe, je souhaite ça à chaque élève!
Pour les directions d’établissement, élever l’école, c’est plus qu’un devoir, c’est une passion! Pour en savoir plus sur ce corps de métier, rendez-vous sur plusquundevoir.ca.