Lettre à toi qui prends soin d’un proche

URBANIA et le gouvernement du Québec s’unissent pour vous sensibiliser à la réalité des personnes proches aidantes et vous parler des services qui s’offrent à elles.

À toi qui en portes tant sur tes épaules, souvent sans qu’on le voie.

On se connaît déjà. Je t’ai croisé, l’autre jour, dans un café tout près d’ici. Assis à la table à côté de moi, tu disais que tu étais fatigué, mais que tu ne pouvais pas t’arrêter.

Ça m’a rappelé une amie qui ne pouvait pas sortir avec nous après nos cours à l’université, il y a 10 ans. Les excuses ne manquaient pas. Elle devait préparer le souper. Elle devait faire du ménage. Elle devait aller chercher sa petite sœur à l’école. Elle devait, elle devait… Et moi, je me demandais pourquoi elle devait faire tout ça. J’ai appris plus tard qu’elle devait aider sa mère malade. Bref, elle passait beaucoup de temps à aider sa famille en s’oubliant un peu elle-même par moments.

Peut-être que tu te reconnais dans son engagement silencieux auprès de ses proches. Peut-être te trouves-tu, toi aussi, dans une situation qui t’a amené, malgré toi, à développer un sens aigu des responsabilités. J’admire beaucoup ta maturité et ta résilience. Mais, il se peut que, toi aussi, tu aies une charge mentale que les autres ne voient pas. Pourtant, tu te gardes une petite gêne en te disant que ce qui se passe chez toi, ça ne concerne que toi. De toute façon, qui pourrait comprendre la situation?

Laisse-moi t’arrêter. Je te vois, fatigué et stressé. Comme mon amie l’était. Et je veux t’aider, toi qui aides les autres. Je veux te donner les mots pour dire ce que tu vis.

Lorsqu’on pense à une personne proche aidante, on pense souvent à un scénario bien précis : une personne qui prend soin, jour après jour, d’un membre de sa famille vieillissant en perte d’autonomie. Mais la proche aidance, ce n’est pas nécessairement ça. Ce scénario typique n’est qu’un exemple parmi d’autres. Et c’est peut-être pour ça que beaucoup de gens ont du mal à reconnaître leur statut de personne proche aidante.

Cela dit, je dois te l’accorder : c’est difficile de se reconnaître comme une personne proche aidante. Les profils sont diversifiés et changent selon la situation de la personne aidée. Dans certains cas, ce n’est qu’une situation temporaire qui demande de faire des tâches ménagères pour une personne qui ne peut pas les accomplir elle-même. Dans d’autres, il s’agit d’une aide plus permanente qui requiert de répondre à des besoins essentiels : nourriture, soins d’hygiène, etc. Et pas besoin d’être présent 24 heures sur 24 : l’aide ponctuelle compte aussi. N’importe qui peut être la personne proche aidante de quelqu’un d’autre : un voisin, un ami, un cousin même. Ce n’est pas que la famille proche qui est concernée!

Voici un chiffre qui parle fort : au Québec, environ une personne sur quatre âgée de 15 ans ou plus est proche aidante. De ce nombre, près de la moitié passe d’une à trois heures par semaine à aider quelqu’un de son entourage, et près d’une sur trois le ferait 10 heures et plus par semaine. Par ailleurs, les personnes proches aidantes sont majoritairement des femmes.

Tu me diras que bien que ces données aient de quoi déstabiliser, tu ne t’y reconnais toujours pas. C’était la même chose pour mon amie. Elle faisait « juste » des emplettes trois fois par semaine, à la sortie des cours, pour aider sa mère. Parfois, elle l’accompagnait à ses rendez-vous médicaux, et certains jours, elle lui tenait compagnie et l’encourageait dans ses épreuves… Pour elle, ça allait de soi : elle voulait être présente pour sa mère comme celle-ci l’avait été pour elle dans son enfance.

Tout d’un coup, c’est plus clair, non? Être une personne proche aidante, c’est aussi aider quelqu’un à faire son épicerie, l’emmener à ses rendez-vous, lui tenir compagnie, nettoyer sa maison, le tout sans être rémunéré en retour.

C’est difficile de s’avouer qu’on a besoin d’aide et encore plus d’aller en chercher. C’est difficile de s’avouer qu’on doit prendre soin de soi pour pouvoir aider les autres. Je le sais, je suis pareille. Mais je veux prendre un moment et te dire qu’au Québec, des ressources, il y en a plein.

D’abord, sache que divers services existent : la ligne Info-aidant de l’Appui (1 855-852-7784) pour t’écouter et te soutenir, Cap santé mentale et Proche aidance Québec pour te faire connaître différents organismes communautaires, la mesure d’assistance du Curateur public, des services de répit et des formations gratuites. Tu pourrais aussi avoir droit à du soutien financier, comme des crédits d’impôt pour les personnes proches aidantes. Tu vois, plusieurs ressources pourraient te permettre de prendre soin de toi et de souffler. Parce qu’on le sait, s’occuper de quelqu’un a un impact direct sur toi et tes proches.

Si j’avais lu cette lettre il y a 10 ans, ça m’aurait sans doute aidée à comprendre que mon amie était en fait une personne proche aidante. À la suite de ça, je lui aurais recommandé de prendre du temps pour elle et de demander de l’aide. Finalement, les choses ne se sont pas passées ainsi : son emploi du temps a fait en sorte que nous nous sommes perdues de vue.

Je ne veux pas que tu te perdes, toi aussi. Je veux que tu prennes soin de toi.

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Jongler entre les études et les responsabilités familiales, adapter son quotidien à une incapacité temporaire ou permanente, ou être l’appui discret d’un ami proche aidant : ces situations peuvent affecter votre vie personnelle. Le gouvernement du Québec veut mettre de l’avant les différentes formes que la proche aidance peut prendre en sensibilisant la population par une diversité d’initiatives. Si vous vous reconnaissez dans cet article, visitez le site du gouvernement du Québec pour mieux connaître les services de soutien qui s’offrent à vous.