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Lettre à l’humoriste qui se demande si on devrait lancer un Carnaval de la Graine
Cher Olivier Martineau, bonjour!
Je m’adresse à vous aujourd’hui suite à votre publication pointant du phallus la « vraie affaire » qu’est le Festivulve. Pour nous mettre en contexte, voici un rappel de vos propos.
Et qu’est-ce que le Festivulve? C’est un projet déployé par le mouvement Le Vagin Connaisseur, tribune née en mars 2016 qui « a pour mission de rassembler les gens autour de la vulve afin de briser les tabous et d’encourager la collaboration générative de connaissances vulviennes et vaginales ». En toute originalité, elle souhaite élaborer un événement thématique autour du thème de la vulve. Au programme? Expositions, conférences, ateliers, spectacles, projections.
Fort sympathique!
Mais semble-t-il que vous en doutez et que ça vous chicote le chicotage. Vous vous êtes prononcé et plusieurs personnes ont appuyé vos propos, se questionnant sur le pourquoi de la chose.
En tant qu’être constitué de cet organe, côtoyant d’autres êtres dotés d’une vulve, en tant que diplômée en sexologie clinique et en tant que féministe, j’aimerais prendre le temps de répondre aux questions de votre publication tout en apportant certains éclairages afin de démontrer que oui, c’est important de parler “vulve” sur la place publique. Est-ce que ça discrédite les « bizounes »? Est-ce que vous devriez fonder un événement “en réaction à… “?
Nous y arriverons.
Premièrement, bien certainement que vous êtes libre de mettre en branle (excusez-là) le Carnaval de la Graine. D’ailleurs, un festival du Phallus existe déjà au Japon afin de célébrer la fertilité. Nous n’aurions qu’à importer le concept, et le tour est joué. Vous pourriez aussi faire appel au Musée du Phallus de Reykjavik, où l’on retrouve des informations sur les phallus de tout plein de mammifères. Pour ce qui est du « show de marionnettes faites avec vos graines », je vous suggère de faire appel à l’équipe de Puppetry of the penis, formée d’individus as de l’origami génital. Ils donnent encore des représentations alors c’est tout de même accessible. Sinon, il me semble tout aussi réaliste de présenter des « joke de bizoune » puisque ce thème est plutôt récurrent dans les stand-up humoristiques produits ici même, au Québec.
Oui, le Festivulve est une “vraie affaire”, s’ajoutant à certains moyens déjà mis en place pour sensibiliser à cet organe du corps humain.
Non, il n’enlève rien aux réalités péniennes.
Alors voilà. Vous constaterez par ces quelques exemples que le pénis est souvent célébré et qu’on en parle allègrement. En contrepartie, il me semble tout aussi valable de donner de la visibilité à ce coquet organe qu’est la vulve. D’ailleurs, chez URBANIA, on pense qu’il est important d’en parler pour sensibiliser aux différents enjeux qui y sont associés. Je vous invite à lire le texte « Aime ta vulve », de Mélanie Couture,
l’édito « Un monde sans vulve », de Lili Boisvert ou l’enquête “Ça sent quoi une vulve?“, de Lucie Piqueur. Pour ma part, j’ai élaboré le contenu web de l’émission SEXPLORA portant sur la vulve, dont l’extrait « Quelques faits surprenants sur la vulve, le clitoris et le poil pubien ».
Sans grande surprise, nous sommes évidemment autant pour un « Carnaval de la Graine », pour un « Festivulve » ou pour tout autre festival qui soulignerait toutes les diversités des organes génitaux. Toutefois, afin de ne pas engendrer de la confusion, je vous suggère de bien nommer le sujet de votre Carnaval et de troquer le mot “graine” pour « pénis », afin de ne pas cultiver le malaise autour de son appellation.
Ne pas cultiver de malaise…
Voilà une notion qui m’apparait importante pour les hommes, les femmes, les trans, les personnes non-binaires, les personnes intersexes, bref, pour tous les êtres humains. Il est important d’être informés sur les dimensions biologiques, psychologiques, affectives, culturelles et sociales du corps et la vulve ne doit pas échapper à cette règle.
Même si ça semble provoquer une certaine indignation.
Même si par votre publication, vous insinuez qu’un tel événement puisse être risible. Cette réaction ne fait que valider qu’il est essentiel de parler de la vulve et de déconstruire certains préjugés pour que cesse le mépris à son égard.
Alors malgré ce que vos « chums » vous auraient dit, il ne faut pas « farmer sa yeule » lorsqu’on a l’idée de déployer une initiative rassembleuse sensibilisant aux différents enjeux liés à la vulve et surtout, il ne faut pas « farmer sa yeule » devant certains propos visiblement mal documentés pouvant discréditer une initiative éducative.
Oui, le Festivulve est une “vraie affaire”, s’ajoutant à certains moyens déjà mis en place pour sensibiliser à cet organe du corps humain.
Non, il n’enlève rien aux réalités péniennes.
Oui, « la réalité dépasse la fiction » puisqu’en 2017 on comprend que la vulve n’est effectivement pas fictive.
Et oui, il est en production. Nous souhaitons bien entendu qu’il se déploie à travers des valeurs d’ouverture et d’inclusion, tel qu’annoncé dernièrement à la suite de certaines critiques, et nous lui souhaitons le meilleur des succès parce qu’il nous parait positif, productif et essentiel.
Fin de l’histoire.
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