Logo

Lettre à Julia Roberts

Madame Roberts, bonjour,

Par
André Péloquin
Publicité

J’ai lu sur un site de nouvelles « people » que vous étiez présentement à Montréal pour tourner une adaptation de Blanche Neige. Bienvenue icitte!

J’aimerais profiter de votre présence sur l’île pour vous lancer quelques idées de scénarios. Quoi? Vous n’avez pas le temps? Que nenni! C’est tout ce que vous avez maintenant, madame, car vous êtes maintenant prisonnière du 514! Mouhahhahahaahah!

Tout d’abord, désolé pour les travaux tout près de l’aéroport… puis tous les autres que vous avez croisés sur votre route. J’aimerais vous révéler que je suis un dandy ténébreux, membre d’une société secrète, qui aime les monocles et les plans machiavéliques, mais non, je ne suis pas à la recherche d’un trésor caché dans les entrailles de la cité. Je n’ai pas financé tout ça. J’aimerais aussi vous dire que Montréal est à nouveau une destination de choix pour les « super productions » et que James Cameron a loué l’île entière pour tourner Avatar 2 : Now with more explosions!, mais ça serait vous mentir. On aime faire des trous, c’est tout. Y’a quelque chose dans l’air (ou serait-ce dans l’eau potable?) qui fait en sorte que les Montréalais aiment les trous… ce qui expliquerait aussi le nombre de piercings sur les fugueuses qui se tiennent aux Foufs (hop! une joke de mononc’! Une!)

Publicité

Ce qui m’amène à mon idée de film. Ça s’appelle J’ai tué mon île et contrairement à la plupart des productions américaines tournées ici, on ne maquillera pas Montréal pour lui donner des airs de Barcelone ou de Paris. Oh non. On la montrera pour ce qu’elle est vraiment ces jours-ci…

Mieux encore, l’île elle-même est un personnage. Imaginez l’île de Lost, mais encore plus fucked top (des travaux routiers partout et tout le temps, des projets d’échangeurs et d’hôpitaux qui ne vont nulle part, des trains de banlieue aux horaires douteux, des rues déviées sans qu’on envisage vraiment où le trafic se dirigera, 4 815 162 342 galas télévisés annuels… et j’en passe). C’est vendeur, hein!?

Puis, toujours comme dans Lost, trois factions s’affronteraient : les naufragés (vous, moi, les autres), les « Others » (qu’on reconnait à leurs gros vélos gris bardés de graffitis) et The Dharma Initiative (qui pilotent de gigantesques machines qui roulent sur quatre pneus). C’est deep en crisse comme métaphore, non!?

On aurait aussi un « cameo » de notre maire qui, tout comme le pilote de l’avion dans Lost, se « crasherait » sur une île perdue pour ensuite se faire bouffer par un ours polaire (là, j’ai l’air d’écrire n’importe quoi, mais les fans de Lost vous le diront : c’est vraiment le destin funeste qu’on lui réserve).

Publicité

Mais, tout comme un film de M. Night Shyamalan, y’a une « twist »! Le film prend un tournant inattendu lorsqu’on révèle finalement que l’île est, en fait… Alcatraz… 2!

Malade, hein!? Imaginez le jeu vidéo qu’on va en tirer! Puis, comme y’a maintenant 4 815 162 342 studios de jeux vidéo à Montréal, ça va être hyper facile de le produire en plus!

Bref, c’est une île dont on de plus en plus prisonniers, encadrée par une bureaucratie douteuse qui nous inspire de moins en mois. Bien sûr, y’a quelques voies pour s’en échapper, mais elles sont toutes dangereuses ou obstruées. Bien sûr, l’île à un métro, mais comme c’est le gars de The Shawshank Redemption qui le gosse avec sa cuillère, on aura droit à un retour des Expos avant de voir la lumière au bout du tunnel.

J’en juge aux sons de vos cris – qu’est-ce que ça veut dire « Let me go, you sick Urbania writer » au juste? – et vos yeux humides que vous êtes tentée! Je vous reviens pour le budget, mais je me contenterai d’un montant qui devrait être facilement rassemblé. Il coute combien déjà le CHUM?

Publicité

Photo : André Jobin pour Images Montréal