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Lettre à Éric Lapointe

Par
André Péloquin
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Notre rockeur-au-cœur-tendre national a exprimé toute son indignation lundi soir dernier. Il serait dommage que cette indignation reste sans réponse. Voici la mienne.

M. Lapointe, bonjour,

Primo, j’aimerais vous remercier pour le clip de «Marie Stone». Je fais partie du 99% qui a déjà enregistré ledit vidéo pour ensuite le jouer en «slow-mo» lorsque la caméra passe sous la camisole de la fille. Bref, 17 ans plus tard : «marci» mon chum!

Secundo, je voudrais revenir sur votre «sortie» suivant l’Autre Gala de l’ADISQ.

Primo, les fleurs: merci d’avoir créé une petite controverse après un gala aussi questionnable que drabe. (si ce n’est pas déjà fait, allez lire le billet d’Alain Brunet à ce sujet… mais après ma lettre, SVP) Autrement, le seul moment moyennement «délinquant» retenu aurait été la fameuse blague galvaudée de Catherine Pogonat voulant que les reprises soient un moyen «cheap» de se faire de l’argent…

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J’aimerais aussi souligner votre réflexe de grand frère. Je doute que ça aide Hugo, mais quand même! «Bros before Félix», j’imagine!

Mais pour le reste…

L’avez-vous écouté le disque de votre frère!? Vous pensez VRAIMENT que ça méritait une nomination!?

Prenons son single «Que tu m’aimes trop» qui est omniprésent sur les ondes de chaîne radio à la Rouge FM (station qui présente sa tournée d’ailleurs)…

L’harmonica «cheapette», la musique sirupeuse à souhait, un texte subtil comme une manifestation de la FTQ (faire rimer «trop» avec «eau», come on)… Sincèrement, M. Lapointe, on dirait une parodie de toune de La Chicane! Voudriez-vous vraiment acheter le disque d’un gars qui pond une version «le choix du président» de l’œuvre immortelle et poilue de Dany, Boom et… les autres? Allons don’!

Ceci étant dit, j’ai tout de même pensé à quelques pistes afin de permettre à Hugo de réaliser le rêve d’une vie (du moins, à en croire le fameux article du Journal de Montréal): obtenir une nomination dans un gala de l’ADISQ…

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1. Se joindre à Arcade Fire : ça va prendre un méchant bail avant qu’il se retrouve parmi les finalistes, mais quand même…

2. Faire du country : Le country, c’est tendance! Les comédiennes Sylvie Moreau, Sandra Dumaresq et Geneviève Néron en font depuis quelques années déjà. Andrée Watters s’y est mise aussi cette année. Il ne manque plus qu’Annie Dufresne!

3. Faire de l’humour : si Pat Groulx peut faire un disque (qui est, ma foi, sûrement le CD qui m’a le plus mis en rogne depuis un bon bail), Hugo peut monter un spectacle d’humour. Il pourrait même reprendre ses pièces comme prémisses. Sans blague! L’histoire du type de « Quand tu m’aimes trop » est quand même risible : un bonhomme qui revient complètement saoul de la brasserie et qui reproche à sa blonde de ne pas lui accorder assez d’importance, c’est digne des pièces d’été de Gilles Latulippe!

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4. Faire un album de reprises : personnellement, je n’ai rien contre les reprises lorsque c’est original et bien foutu. Prenez le groupe punk rock Me First & The Gimme Gimmes qui, depuis des années, injecte un nouveau sens à plusieurs tubes pop en les reprenant de façon irrévérencieuse). Bien que la tendance au Québec soit de reprendre les pièces en y apportant un strict minimum de créativité (bref, endisquer du karaoké), peut-être qu’Hugo pourrait endisquer un CD de reprises qui sort de l’ordinaire? Ça pourrait s’appeler « Paranoïaque queue de cheval : Hugo Lapointe reprend Radiohead en frança’ »

5. Faire un bon disque!

Plus sérieusement, j’applaudis surtout votre dénonciation musclée de la place de la chanson francophone québécoise dans le paysage radiophonique actuel.

Alors que l’émergence et « l’autre » flirtent dangereusement avec l’institutionnalisation, ce n’est pas normal que les CISM, Bande À Part et compagnie aient toujours la main mise sur les nouveautés-locales-qui-n’ont-pas-été-produites-par-le-chum-de-Marie-Mai. Un travail d’éducation s’impose afin d’exposer de la nouvelle musique aux masses et de, justement, faire en sorte que les galas du genre soient moins « copiés-collés ».

Faites le test!

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En surfant rapidement sur la bande FM du grand Montréal, tout ce que vous entendrez ces jours-ci, c’est des rires d’humoristes, des bouts épars de la putain de toune de LMFAO… et du Hugo Lapointe.

(Crédit-photo : Myspace d’Hugo Lapointe)