.jpg)
L’été c’est fait pour jouer
Odeur de BBQ en provenance de la ruelle, voisin qui gosse avec un pic dans le béton de son balcon, enfants faisant des allers-retours en bécycle sur le trottoir en beuglant Let it go, let it gooooo. C’est bien ça: l’été est arrivé.
Il y a deux semaines, j’avais un emploi. Depuis la semaine dernière, je n’en ai plus. Heureusement, ce n’est pas une triste histoire de mise à pied, mais bien une ordinaire routine de pigiste-étudiante. Profitant donc de ma nouvelle liberté, j’ai passé une semaine mémorable à tourner en rond, aller faire des épiceries inutiles, ajuster la longueur de mon toupette, sortir sur le balcon regarder les chars se parker… Pour finalement me rendre à l’évidence: J’AVAIS TROP DE TEMPS POUR MOI. Ce qui m’a rappelé une période de ma vie où j’avais exactement le problème contraire.
Lorsque j’ai eu mon premier emploi à temps plein, la partie la plus difficile de mon adaptation a été de me faire à l’idée que je n’aurais pas d’été. Les visites au parc Laurier à 2 heures de l’après-midi, livre en main et chapeau sur le coco? Finito. Trève d’images de blogueuse mode: tout ce que je veux dire, c’est que j’aurais tout donné pour pouvoir profiter du soleil. J’implorais mes amis de venir me porter de la slush, je gossais mes collègues pour qu’on aille diner dehors avec une petite Bud Light du dépanneur, je visitais compulsivement le site de Météo Média… Bref, dans mon bureau climatisé, je pleurais constamment la mort de l’été. La mort de mon été à moi, rêve utopique qui n’avait jamais vu le premier rayon de soleil de la saison. Drame. Pleurs. Tragédie.
Pour faire changement, l’an dernier, j’ai décidé de ne pas me faire avoir. J’ai demandé de faire réduire mes heures pour l’été. J’allais enfin gouter la liberté estivale (ça goûte le Dairy Queen, je vous le dis)… Or, surprise, je me suis rapidement rendue compte que trop de jours avec rien à l’horaire, ça peut vite devenir long. Après deux semaines à faire des allers-retours au marché Jean Talon, j’avais non seulement un balcon plus fourni qu’une jungle tropicale, mais j’avais aussi atteint le point d’emmerdement. Oui, ça existe. C’est un phénomène étrange qu’on pourrait sans doute aussi attribuer au fait qu’on est jamais content de ce qu’on a… Étonnamment, à n’avoir rien devant soi chaque jour (ou presque), on s’écoeure. C’est Matthew McConaughey qui l’a dit aux Oscars: les trois choses dont on a besoin tous les jours, c’est « something to look up to, something to look forward to, and someone to chase. »
Pas que je ne sois pas une fille d’action: j’ai toujours mille plans, mille projets, mille façon d’oublier que la vie dure ben longtemps. Mais, puisqu’il y a un mais, c’est Matante Marie qui vous le dit: il faut avoir des activités prévues à l’horaire pour mieux profiter de nos temps libres. Ça semble logique et ça l’est. Il faut seulement s’en rappeler. La procrastination est une bête dangereuse, dit Jojo Savard dans son horoscope de la semaine pour tous les signes du zodiac.
Donc. Cet été, si l’idée vous vient de réduire vos heures de travail en pensant accomplir de grandes choses, méfiez-vous. Bien sûr, la slush sera bonne, mais le piège de l’ennui ne sera pas bien loin. Car l’été, c’est peut-être fait pour jouer, mais c’est peut-être aussi un peu fait pour travailler.