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Les voitures volantes, est-ce que ça s’en vient ?
Il y a quelques semaines, Uber a dévoilé son plus récent prototype de voiture volante. Parce que la start-up californienne espère lancer un service de taxi aérien d’ici 2023, aka DANS CINQ ANS !
Mais avant d’imaginer vos fantasmes de ti-cul qui tripe sur Retour vers le futur se réaliser, il y a quelques trucs à préciser. Et une question fondamentale à se poser : est-ce qu’on a vraiment envie que le ciel soit rempli de chars ?
Taxi volant
D’abord, oubliez l’auto qui roule avant de sortir ses ailes et prendre son envol. « Les voitures volantes ne sont pas faites pour rouler », explique David Rancourt, professeur adjoint et spécialiste d’aéronautique à l’Université de Sherbrooke. Il faut plutôt imaginer un hélicoptère amélioré, qui décolle à la verticale grâce à ses rotors (des hélices horizontales) et qui sera équipé, à terme, d’un moteur électrique et d’un pilote-ordinateur (oui, oui, de l’intelligence artificielle).
Et ces véhicules volants existent déjà, assure David Rancourt. Mais les modèles actuels en sont encore au stade expérimental. Et avant qu’ils fassent leur apparition sur le marché, ils doivent obtenir un paquet de certifications et d’infrastructures nécessaires.
C’est simple : « les véhicules volants devront démarrer d’un aéroport », explique David Rancourt. Heureusement, ça ne veut pas dire qu’il faudra aller jusqu’à Dorval pour monter à bord. « Ce sera des petits aéroports sur les toits des édifices, comme les hélipads », dit-il. Uber, toujours d’avance, a déjà des esquisses de bâtiments futuristes qui serviront de piste de décollage pour ses appareils, en plus d’un plan complet pour le lancement de sa filiale aérienne (qui verra d’abord le jour à Los Angeles et à Dallas).
Chaque aéronef coûtera au départ plus d’un million de dollars.
Et si Uber se montre si intéressée, c’est parce que la voiture volante de l’avenir risque d’être un taxi. David Rancourt estime que chaque aéronef coûtera au départ plus d’un million de dollars. « Ils vont devoir voler en continu pour être rentables. » L’automatisation, qui mettra les pilotes à la retraite, et l’électrification permettront de réduire considérablement les coûts, mais probablement pas assez pour que monsieur et madame Tout-le-monde puissent avoir la sienne.
Tant mieux : conduire dans les airs, ce n’est pas facile. Pour piloter les véhicules volants de l’avenir, il faudra probablement obtenir un permis de pilote. Parce dans le ciel, il faut manœuvrer dans plusieurs dimensions, gérer les courants d’air et les conditions météorologiques. Sans oublier les collisions, les problèmes techniques ou les gens qui ne font pas leur stop. Manquer de gaz, c’est déjà pas le fun sur la route, ça devient un peu plus stressant à 200 mètres dans les airs.
Éviter le trafic de banlieue
Quand même, « il sera possible d’aller de St-Hubert à Laval en quelques minutes », affirme David Rancourt. Le coût ? Entre 50 $ et 100 $, estime-t-il. Entre ça et quelques heures dans le trafic, ça va être tentant.
On peut sérieusement se demander si c’est souhaitable de transposer nos bouchons de circulation dans le ciel.
Par contre, difficile de mettre une date d’arrivée sur ce genre de service par chez nous. « On risque de suivre les règlements que les États-Unis vont mettre en place », note le professeur adjoint. Parce que même si la technologie est presque là, il reste encore un mur de réglementations à franchir.
Sans compter l’acceptabilité sociale : « La tech y est, le blocage sera plutôt au plan social », estime David Rancourt. Entre ceux qui ont déjà peur de prendre l’avion et ceux qui n’aiment pas l’idée des véhicules autonomes, il y a beaucoup de travail à faire. Sans compter qu’on peut sérieusement se demander si c’est souhaitable de transposer nos bouchons de circulation dans le ciel. Le professeur adjoint s’enthousiasme quand même de voir que beaucoup de compagnies québécoises sont entrées dans la course à la conception. C’est vrai qu’une DeLorean made in Québec, ça serait le fun.